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Hervé Renard : « On va les attendre, elles le savent »

lundi 3 avril 2023 - 22:00 - Claire GAILLARD
Hervé Renard premier entraînement

Le nouveau sélectionneur des Bleues raconte le début de son premier rassemblement à Clairefontaine et sa rencontre avec des joueuses sous les projecteurs à trois mois et demi de la Coupe du monde (20 juillet-20 août).

« Quelles sont vos sensations après cette première journée à la tête des Bleues que vous avez rencontrées ce matin à Clairefontaine ? 
Je ressens une sensation de plaisir. C’est une belle journée qui a commencé avec une réunion de début de stage avant le repas de 13 heures où on a défini les orientations, le cadre et les règles de vie, tout ce qui concerne la vie d’un collectif. Le premier entraînement a été précédé d’une courte séance vidéo pour mettre quelques petites actions offensives en place. Une journée parfaite avec le soleil dans des installations magnifiques, que rêver de mieux !

Diaporama photos : Premiers pas des Bleues à Clairefontaine

Comment avez-vous trouvé le château ?  
C’est la première fois que je mettais les pieds au château. Je suis venu passer mes diplômes d’entraîneur à Clairefontaine, j’ai été en sélection nationale mais c'était il y a très longtemps vu mon âge avancé donc je n’ai pas eu la chance quand j'étais international jeune de connaître Clairefontaine. C’est un outil de travail exceptionnel. On a la chance d’être dans le château avec tout ce que ça représente. Vous le savez mieux que moi, sur chaque porte de chambre sont marqués les noms de ceux qui y étaient ou sont encore là. Comme j’ai toujours une bonne étoile, j’ai atterri dans celle de Didier Deschamps. C’est quelque chose d’important, on éprouve du respect pour la maison tricolore. Il y a aussi des installations pour la prévention et le médical qui sont de très haut niveau. Hier et aujourd’hui ont été des journées de découverte pour moi. J’ai l’impression d’être un enfant qui rêve encore. Ça fait partie de la vie, je n’ai pas envie de m’enlever ce côté-là qu’on pourrait qualifier d’un peu naïf car je mesure la chance que j’ai d’être ici.

« À l’unanimité a été désignée capitaine Wendie Renard avec deux vices-capitaines : Grace Geyoro et Eugénie Le Sommer (…) Il est important d’avoir une hiérarchie, qu’elles fassent le relais »

 

Pouvez-vous préciser ce cadre de vie posé ? 
Ce ne sont pas des règles spéciales, j’ai pour habitude de les mettre en place. La première, c’est lorsqu’on entre dans la salle de réunion ou qu’on en sort pour aller au repas, on met son téléphone sur une table. Chaque coach fonctionne comme il l'entend. Vous le savez, même vous lors de vos réunions respectives, parfois, quand on reçoit un message, on textote entre les jambes, sous la table. C’est mieux de se parler, c‘est une période importante pour la cohésion et l'esprit de groupe. On fait abstraction de son téléphone pendant un certain temps. Cela permet de partager beaucoup de choses, d'échanger. Après, il s’agit aussi de respecter les horaires et la vie d’un groupe, rien de très révolutionnaire !  


L'arrivée d'Eugénie Le Sommer, Amel Majri et Wendie Renard au château (photo Tim GUIGON / FFF).

Avez-vous tranché la question du capitanat ?  
J'ai convoqué trois joueuses. Après concertation avec le staff technique et à l’unanimité a été désignée capitaine Wendie Renard avec deux vices-capitaines : Grace Geyoro et Eugénie Le Sommer. Avant de vous l’annoncer, je leur ai évidemment demandé si elles étaient d’accord. Je préfère toujours en parler aux joueuses avant et avoir leur adhésion totale. Je suis ravi qu’elles aient accepté. Chacune doit tenir son rôle sur et en dehors du terrain. La vie de groupe est importante pour conduire à un succès sur la marche de belles performances. Je suis satisfait de cette réunion qui s'est très bien passé. On n'a plus qu'à aller de l'avant. Ce choix est valable tout le temps. Pour moi, il est important d’avoir une hiérarchie, qu’elles fassent le relais auprès du groupe avec un conseil des sages qui sera mis en place favorisant un échange constant. C’est essentiel d’échanger, de partager pour améliorer et avoir un retour du travail effectué. Même si le staff et moi décidons en dernier, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas écouter.

Quel sera le rôle de chacun des membres de votre staff ?  
Je serai accompagné de trois adjoints terrain : Éric Blahic et Laurent Bonadéi qui construisent les séances suivant ce qu’on veut mettre en place. On discute de tout mais ce sont les principaux adjoints. Gilles Fouache reste en charge des gardiennes de but. David Ducci, lui, s’occupe des datas et peut aussi intervenir sur certains ateliers sur le terrain. Il sera entre nous, staff technique, et la préparation ahtlétique avec à sa tête Thomas Pavillon qui sera assisté de Sabrina Viguier. C'est bien qu'elle nous rejoigne, elle a une grande expérience au niveau international avec 93 sélections, elle a un regard sur les différentes sélections de jeunes (elle est responsable des sélections féminines au sein de la FFF) et a été une joueuse de haut niveau. Le reste du staff est médical : le docteur l’a renouvelé dans son intégralité avec une diététicienne et trois kinésithérapeutes dont une est aussi ostéopathe. Clément Ybert reste à l’analyse vidéo. Si on a besoin de quelqu’un pour l’épauler pour une grande compétition comme la Coupe du monde, on le prendra. On a un staff bien fourni, avec de la qualité et des compétences, à nous de transmettre le meilleur message possible pour toutes ces joueuses. 


L'ancienne internationale Sabrina Viguier, responsables des sélections nationales féminines, intègre le staff (photo Guillaume BIGOT/ FFF).

Comment comptez-vous apprivoiser ce groupe ? 
C’est une partie où je suis toujours assez à l’aise : j’aime beaucoup échanger avec les joueuses, je l’ai déjà fait, j’ai commencé avec les trois dont je vous ai parlé. Il y aura ensuite des entretiens individuels où je ferai part de mes sentiments et ressentiments avec parfois de petits supports vidéos pour montrer des choses à corriger dans l’attitude, dans la performance pour que chacun puisse se sentir bien, à l'aise et avec un souci de progression collective. C'est un travail que j'adore. J’aime beaucoup partager et transmettre ce que je ressens. Parfois on ne dit pas toujours des choses agréables mais avec la forme, ça passe toujours assez bien. Ce sera important que tout le monde se sente en parfait harmonie dans ce groupe.

« J’ai un rôle très facile : j’arrive, je tire le rideau, j’entre dans la pièce, comme si rien ne s’était passé ! »

 

Votre première séance d’entraînement a été conduite par vos adjoints. Est-ce exceptionnel ou habituel ?  
C’est habituel pour moi, dans les débuts de semaine, les staffs s’occupent de la reprise et moi je suis capable de regarder deux ateliers. Quand vous êtes plongé dans un atelier, vous êtes focus dessus et ne pouvez pas suivre. C’est important de voir les petites erreurs, les déplacements, les attitudes avec ou sans ballon, on s’aperçoit de plus de choses lorsqu’on est dans une posture d’observateur. Il y a plein de choses à voir ! Quand la semaine va avancer, on va passer sur l’approche tactique et je prendrai davantage les choses en mains. Il me semble important de collaborer avec les membres de son staff et leur laisser de l’espace.


Hervé Renard avec deux de ses adjoints Éric Blahic et Laurent Bonadéi (photo Guillaume BIGOT / FFF).

Avez-vous envie d’aller vite et bien car vous êtes pris par le temps à trois mois et demi de la Coupe du monde (du 20 juillet au 20 août en Australie et Nouvelle-Zélande) ?  
Comme je leur ai dit en introduction : on n’est pas là pour venir disputer deux matches amicaux en sélection avant les quatre derniers en championnat puis de partir en vacances. Il y aura des vacances mais on a un objectif qu’elles connaissent et elles sont là pour ça. Aujourd’hui, j’ai 26 joueuses et seulement 23 pourront partir à la Coupe du monde. Si on considère que certaines ne font pas partie de ce stage mais sont susceptibles de pouvoir intégrer cette Equipe de France, cela constitue une concurrence assez prononcée et l'émulation fait partie de la compétition. Il faut qu’elles montrent durant ce stage le meilleur visage d’elles-mêmes. Nous allons continuer d'observer leurs performances en club pour constituer un groupe élargi pour préparer cette Coupe du monde. Nous allons entamer un travail de progression où on doit penser à chaque détail. Aujourd’hui, elles font partie des meilleures équipes mondiales mais pour aller chercher quelque chose de grand, il y a encore une marge importante à franchir. On ne peut pas la franchir sans une cohésion totale ni un état d’esprit irréprochable. Je leur ai dit qu'elles étaient des joueuses de très grande qualité, qu'elles l'avaient prouvé en gagnant des trophées avec leurs clubs respectifs mais qu'il leur manquait quelque chose au niveau international. Pour aller le chercher, il faut beaucoup d’exigence avec soi-même et de la part du staff envers ses joueuses. 

« C’est indispensable de donner une structure aux joueuses qui ont des enfants en bas âge. Amel (Majri) a une petite fille de 9 mois, c’est difficile de laisser son enfant aussi jeune à la maison... »

 

Quel regard portez-vous sur l’attitude des joueuses qui sont à l’origine du départ de Corinne Diacre ? Et percevez-vous davantage de pression chez elles ? 
J’ai un rôle très facile : j’arrive, je tire le rideau, j’entre dans la pièce, comme si rien ne s’était passé ! Mon but, c’est d’emmener cette équipe sur de bons rails, qu’elle vive bien ensemble, c’est important et qu’on puisse obtenir les meilleurs résultats possibles. Les joueuses ont revendiqué des choses. En quelque sorte, elles les ont obtenues. Maintenant, elles ont des devoirs et savent que les responsabilités sont décuplées. Je pense qu’elles ont fait ça en leur âme et conscience. Juger, je vous l’ai dit, je ne le ferai pas. J’ai mon idée car je suis un coach mais je la garde pour moi. J’ai rendu hommage à Corinne Diacre pour les résultats très positifs qu'elle a obtenus et je me concentre sur ma tâche avec des joueuses qui ont revendiqué un changement. Elle l'ont eu, on avance mais on va les attendre au tournant, elles le savent mais je suis persuadé qu’elles sont prêtes.


Premier entraînement avec les Bleues pour Amel Majri depuis sa blessure et sa maternité (photo Guillaume BIGOT / FFF). 

Amel Majri fait son retour accompagnée de sa petite fille. Comment cela va-t-il s’organiser au sein du groupe ? 
C'est indispensable de donner une structure aux joueuses qui ont des enfants en bas âge. Elle a une petite fille de 9 mois, il est difficile pour une maman de laisser son enfant aussi jeune à la maison et de participer à un stage international même si c’est son métier. Aujourd’hui, dans les plus grandes sélections mondiales, il y a une organisation. La France est un peu en retard et il faut franchir ce pas. On doit l’organiser avec une nounou, des espaces pour que les enfants puissent jouer ensemble. Je ne pense pas que cela puisse nuire au fonctionnement groupe et psychologiquement, cela a une importance capitale. Je me mets à la place d’Amel car j’ai quatre enfants. Pour être bien dans sa tête et performante, c’est important d’associer les deux avec des règles à respecter, dans un cadre de vie défini. La porte vient d’être ouverte grâce à la FFF, il y a des progrès à faire au niveau de cette assistance, de cette organisation pour arriver à ce que font les États-Unis par exemple. Qui sait, un jour on sera peut-être avec quatre ou cinq bambins parmi nous ! Si c'est bien organisé, cela ne pose pas de problème. »

L'Équipe de France Féminine sur FFF.FR

 Le replay de la conférence de presse : 

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