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Lamballe FC, adepte de la mise au vert

mercredi 26 avril 2023 - 12:00 - Richard LOYANT
Lamballe FC RSO Fondaction

La réduction de son empreinte carbone s’est imposée au club breton, avec diverses actions entreprises dans de multiples domaines et sur plusieurs saisons pour y parvenir.

À Lamballe-Armor, commune de 17 000 habitants des Côtes-d’Armor proche de Saint-Brieuc, les préoccupations environnementales sont omniprésentes depuis de nombreuses années. Le Lamballe FC, né en juin 2010 par la fusion de deux clubs historiques de la ville, le Stade Lamballais et La Penthièvre-La Poterie Football Club, est au cœur de ces problématiques. Reflet du milieu rural dans lequel il évolue, il a lancé il y a deux ans avec ses 550 adhérents (dont 120 féminines) un plan global pour devenir acteurs des changements. Couronné par un trophée Philippe-Séguin 2022 du Fondaction du Football dans la catégorie « Santé et environnement », son projet est décrit par Simon Merdrignac, qui partage depuis 2019 la présidence du club avec Franck Ganne.

 LE TEMPS DES QUESTIONS 

Également joueur, Simon Merdrignac comme ses coéquipiers se désolent depuis plusieurs saisons : « L’été, les pelouses sont grillées, l’hiver, elles sont gorgées d’eau. On est de plus en plus embêtés en toutes saisons par de trop longues périodes où les terrains sont fermés et il est temps d’en prendre conscience ». De ce constat touchant ce qu’il appelle joliment « l’outil qui fait le footballeur, le terrain » sont sortis divers questionnements. 

« Doit-on se cantonner au simple monde du sportif ? Sommes-nous capables de diversifier nos actions ? Quels outils mettre en place et, par exemple pour les terrains, quelles surfaces utiliser ? Plus largement, est-ce que l’on peut vivre avec notre temps ? Vivre avec son temps, cela veut dire s’ouvrir à d’autres problématiques que le football, dont celle fondamentale de l’environnement. »

Simon Merdrignac et Franck Ganne, les coprésidents du Lamballe FC (photo Lamballe FC).

Simon Merdrignac donne un autre exemple concret : « On sait que l’on a un impact négatif quand on organise un tournoi ou quand on se déplace à l’extérieur. C’est paradoxal parce que ces rencontres nées du football ont un impact social positif mais il est négatif pour l’environnement. Alors, comment prendre le contrepied pour que cela devienne des outils de sensibilisation pour nos joueuses et nos joueurs ? »

 PHILOSOPHIE DU PROJET ET PREMIERS PAS 

Lesté de ces interrogations, le club costarmoricain a rapidement trouvé les réponses appropriées. « En tant que club amateur, notre but est aussi de former des citoyens et d’insister sur l’exemplarité que l’on peut avoir, justifie Simon Merdrignac. Au-delà de la pratique que l’on souhaite de qualité, on est ouverts à toutes les actions pour sensibiliser nos joueuses et nos joueurs à ce qui se passe en dehors des terrains. Il est somme toute logique de s’intéresser à ce bel enjeu sociétal qu’est l’environnement, au même titre que l’inclusion et tant d’autres sujets. »

En y ajoutant les fonctions exercées par l’autre coprésident dans l’industrie environnementale, il n’en fallait pas davantage pour affirmer une volonté de « former des écocitoyens. Cela nous a permis d’accélérer cette prise de conscience et d’accentuer l’excellent outil qu’est le Programme éducatif fédéral (PEF) de la FFF, sur lequel on se fondait jusqu’ici. » Pour l’enrichir, il a été décidé de « renouveler le projet de développement du club et de lister un plan d’actions liées à l’environnement, avec de premiers temps de formation et de sensibilisation de nos dirigeants et éducateurs ». 

Un atelier alliant football et sensibilisation des U8 au gaspillage de l'eau (photo Lamballe FC).

Une réduction de l’éclairage a été instaurée, ont été revus le ramassage et le tri des déchets, ainsi que la consommation d’eau avec le passage aux gourdes et verres recyclables et l’installation de butées sur les robinets pour limiter la pression. La Journée mondiale de l’environnement le 17 septembre dernier a été mise à profit pour approfondir ce sujet (photo ci-dessus). « L’objectif était de sensibiliser nos U8 sur la question du gaspillage de l’eau autour d’une action PEF, raconte Simon Merdrignac. Lors d’un atelier de conduite de balle, ils devaient amener leur ballon à la bonne réponse selon la question posée par l’éducateur, un moyen ludique de leur parler d’un sujet majeur. D’autres actions ont suivi, comme la fresque du climat. » 

 COMMENT GAGNER EN DÉPLACEMENT 

Au-delà de ces actions, le club a initié une analyse de l’ensemble de ses consommations et de leurs coûts afin de déterminer son empreinte carbone. Un vaste chantier toujours en cours mais indispensable pour trouver des solutions permettant de la réduire, dont des premières pour ses déplacements. « On ne peut pas se transporter en trottinettes dans notre milieu très rural, sourit Simon Merdrignac. On a déjà recours aux minibus obtenus grâce à la FFF et à nos partenaires et on pratique même du pédibus, avec des bénévoles venant chercher les enfants à la sortie des écoles dans le cadre des aides au devoir. »

Pour aller plus loin, le club a mis en place un outil de gestion interne du covoiturage avec l’aide de parents référents pour chaque catégorie d’âge. « Sur le modèle des Intranets dans les écoles, il permet d’analyser tous les déplacements et à nos éducateurs d’établir des plannings de covoiturage, explique le coprésident. On est en phase de déploiement de cet outil, on le teste auprès des joueurs qui doivent nous dire quand ils sont convoqués comment ils vont se déplacer afin de calculer l’empreinte carbone de chaque équipe. Cela permet de les sensibiliser et on peut imaginer monter un défi entre équipes pour savoir laquelle est capable d’avoir la meilleure empreinte en termes de déplacements. »

Le Lamballe FC est double lauréat des trophées Philippe-Séguin du Fondaction du Football (photo Lamballe FC).

Sans autre contrainte pour pratiquantes et pratiquants que celle de renseigner les moyens de locomotion utilisés. « Le covoiturage reste au bon vouloir de chacun, annonce Simon Merdrignac. Mais on a souhaité responsabiliser toutes les parties prenantes du club. Tout le monde joue le jeu, les référent parents nous aident bien car ils sont très réactifs. » 

 LA FIBRE TEXTILES 

Un autre poste a été scruté avec attention, là encore en partant d’un constat. « Quand on renouvelle nos équipements, on tombe parfois dans une surconsommation du textile. C’est important cet équipement, il participe au sentiment d’appartenance mais comment ne pas le surconsommer ? Comme on se veut plus écoresponsables, on a examiné la façon dont il est fabriqué, ses canaux de distribution… Et nos fournisseurs s’y mettent. »

Ces maillots, shorts et bas une fois acquis et utilisés, une autre question s’est posée. « Tous nos maillots sont lavés au club, explique Simon Merdrignac. Ils génèrent donc une empreinte au niveau de l’eau, de la lessive, etc. On a réduit les cycles de lavage, l’une de nos actions récentes instaurées aussi à la suite de l’inflation des coûts énergétiques. » Le club réfléchit maintenant à des tenues réutilisables, « en enlevant les flocages pour qu’elles puissent être données à d’autres ou reprises en interne ». Un premier don de shorts, maillots et ballons était prévu en ce mois d’avril à destination de l’Académie FC de Bangolo, créée en septembre dernier en Côte d’Ivoire et parrainée par le Lamballe FC.

Franck Ganne présente un don d’équipements du club pour la Côte d’Ivoire (photo Lamballe FC).

 L’APPORT INDISPENSABLE DES PARTENAIRES 

Pour mener à bien l’ensemble de ces initiatives, Simon Merdrignac insiste sur « la force du collectif » et les contributions essentielles de divers partenaires. « Outre les collectivités, incontournables en qualité de propriétaires des terrains du club, on a intégré le groupe de pilotage de la Fédération sur la partie environnement, qui permet de riches échanges sur la partie RSO d’un club. On a ainsi eu la chance de disposer de l’outil Green Coach et on a mesuré que pas mal de gens pouvaient nous accompagner via la FFF. Cela nous aide à ordonner ces fameuses données, qui nous rassurent et nous confortent dans nos actions. On voit bien que l’on n’est pas lunaires quand on parle environnement et éco-responsabilité, on peut ensuite plus facilement déployer toutes ces actions sur cette base. »

D’autres intervenants comme Match for Green et Football écologie France ont aussi intégré l’écosystème du club. « On sait que l’on ne peut pas tout résoudre seuls, s’entourer d’expertises est indispensable. On apporte de notre côté le regard d’un club rural, avec ses contraintes particulières, pour adapter le plan environnemental global. » Avec l’ambition de cultiver cette « fibre éco-responsable » bien au-delà de 2025, point d’étape de ce plan ambitieux appelé à perdurer. 

Les bonnes pratiques du football amateur

Avec cette série des « Belles réussites du football amateur », la FFF met à l’honneur les initiatives et actions engagées par ses clubs partout en France. De quartier ou ruraux, avec plus ou moins de licenciés et licenciées mais toujours la même passion des pratiquants et pratiquantes, éducateurs et éducatrices, dirigeants et dirigeantes, de tous âges et toutes générations.

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