Léa Le Garrec : « Un moment qu’on attend ça »

La capitaine du FC Fleury 91, troisième et qui accueille Montpellier samedi (13h30, Canal+ Foot) lors de la 20e journée, évoque le sprint de fin de saison avec l’objectif de rester sur le podium, synonyme de qualification pour la Ligue des champions.

« À trois journées du terme du championnat, le sprint final est lancé. Comment voyez-vous cette fin de saison ? 
Elle sera intense et déterminante. Cela fait un moment qu’on attend ça. Tout va se jouer sur les dernières journées, cela laisse un peu de suspense ! L’année dernière, on avait des points de retard sur le Paris FC et là, à la différence de buts particulière, on est devant parce qu’on a fait match nul à l’aller (1-1, le 16 septembre) et qu’on les a battues au match retour (2-0, le 15 janvier), ce qui nous permet d’avoir un peu d’avance. Il nous reste trois gros matches : on va commencer par la réception de Montpellier, qui joue aussi une place sur le podium, puis on va se déplacer à Bordeaux et on va recevoir Guingamp, auteur de bons résultats sur cette seconde partie de saison. On va prendre ces rencontres avec beaucoup de sérieux et essayer de continuer sur notre lancée pour concrétiser. Contre le MHSC, on a l’avantage de jouer chez nous. Au match aller, on a fait nul (1-1, le 2 décembre) mais on aurait dû gagner. On s'est procuré des occasions mais on n’a pas su être efficaces donc, là, il va falloir l’être et montrer que l’on mérite de rester à cette troisième place.

La fiche de Léa Le Garrec

Qu’est-ce qui a changé cette année à Fleury ? 
C’est l’expérience acquise. La saison passée, on avait fait des erreurs sur pas mal de choses. On n’avait pas réussi, par exemple, à prendre des points face à des équipes qui jouaient le maintien. Cette année, on a essayé de ne pas reproduire les mêmes erreurs. On a travaillé sur nos points faibles. Il y a également eu un recrutement intelligent. On a toujours cette force collective qui nous permet d’y croire, d’être là et de mettre le club en bonne position pour, peut-être, battre un record et se qualifier pour les barrages de la Ligue des champions. Ce serait historique.

« Faire la fête chez nous lors de la dernière journée de championnat avec nos supporters, ce serait extraordinaire pour le club. D’autant plus que les garçons sont premiers de N2 et peuvent espérer monter en National »

 

Cela doit constituer une motivation énorme… 
Oui, même si je suis quelqu’un qui ne s’enflamme pas trop. Je me dis toujours que c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens. On verra lors de la dernière journée où on se classe mais si on fait un résultat contre Montpellier puis que l’on prend avec sérieux cette équipe de Bordeaux, sachant que chez elles ce n’est jamais évident, on serait en bonne posture. Faire la fête chez nous lors de la dernière journée de championnat avec nos supporters, ce serait extraordinaire pour le club. D’autant plus que les garçons sont premiers de N2 (dans le groupe B, ils possèdent deux points d'avance sur Bobigny à quatre journées de la fin) et peuvent espérer monter en National. Le club prend de l’ampleur. Depuis mon arrivée en 2020, il a énormément évolué, on a un président (Pascal Bovis) qui s’investit, met les moyens et s'entoure bien.

Léa Le Garrec au duel avec l'attaquante du Paris FC Clara Mateo (photo Anthony DIBON / ICON SPORT). 

Quelles sont les forces de Fleury ? 
On ne lâche rien, on l’a vu face au PSG en janvier. On est menées 3-2 puis 4-2 et on revient à 4-4 à la fin. Là, on a vu notre force mentale. On a beaucoup travaillé là-dessus notamment aux entraînements en se mettant dans la peau d’une équipe déjà menée 0-2 pour apprendre à garder son calme et gérer ses émotions afin d’égaliser. Les filles ont aussi pris conscience que l’on est des footballeuses professionnelles. Le président met les moyens pour nous mettre dans les meilleures conditions et c’est notre travail. Il y a un temps pour tout : pour s’amuser et pour faire des résultats. Se qualifier pour la Ligue des champions, c’était un objectif fixé à court terme sous deux à trois ans mais si on peut l’atteindre dès cette année, ce serait exceptionnel. Cette saison, le seul point noir, c’est en octobre avec la défaite à Rodez (1-2) précédée du nul contre Soyaux (1-1). Sinon, on n’a pas perdu entre le 30 octobre 2022 contre Lyon (0-1) et le 10 mars 2023 face à… Lyon (1-2) ! Cette série démontre que l’on mérite notre place aujourd'hui.

Avec le Paris FC, vos dynamiques sont inversées. Vous êtes sur une série positive de deux victoires et un nul alors que vos voisines n’ont plus gagné depuis trois matches (deux nuls, une défaite)…
Elles devaient jouer Lyon et le Paris Saint-Germain lors des quatre dernières journées, il leur reste le PSG dimanche. C’est aussi difficile de garder une dynamique lorsqu’il y a une coupure dans le championnat. On a eu deux week-ends sans match, on dispute la 20e journée puis c’est la finale de la Coupe de France féminine (Lyon-PSG, le samedi 13 mai à Orléans) avant de terminer la saison. Ce sont les aléas du calendrier mais il faut rester concentrées et ne pas penser aux vacances. On profite de ces moments pour se reposer et récupérer car la saison a été intense. Depuis la reprise en janvier, il y a eu un bel enchaînement, certaines joueuses ont également été appelées en sélection, les organismes étaient forcément fatigués. Pour rester mobilisées, on a travaillé dur à l’entraînement avec une opposition par semaine, parfois contre des garçons, pour garder le rythme et l’intensité.

La joie des joueuses du FC Fleury 91 qui ont accroché le PSG (4-4) au terme d'un match fou le 20 janvier (photo Franco ARLAND / ICON SPORT).

Pour vous, il faudra patienter deux semaines de plus afin de retrouver les terrains puisque vous êtes suspendue contre Montpellier… 
Je suis déçue de rater ce match ! J’espère que les filles vont faire le travail. J’essaie de leur dire de continuer à bosser, je suis quelqu’un de très exigeant. Je sais que si on se donne beaucoup à l’entraînement, en match ce sera plus facile. Je serai présente au stade pour les soutenir, je vais être à fond derrière elles. Je ne suis pas superstitieuse mais le problème, c’est que j’ai eu une mauvaise expérience. J'avais manqué les deux matches d’octobre dont on a parlé, contre Soyaux puis à Rodez, et je me suis sentie responsable. J’espère que la chance va tourner !

« Beaucoup de gens pensent que j’évolue comme n°10 mais non (elle rit) ! Je porte ce numéro sur mon maillot mais je joue milieu défensive (…) Je suis hyper contente de mes statistiques et je m’éclate à ce poste ! »

 

En Équipe de France, ça a été le cas puisque vous avez été rappelée en avril par le nouveau sélectionneur Hervé Renard. Qu’avez-vous ressenti et qu’est-ce que cela peut vous apporter ? 
Beaucoup de force. Mentalement, cela m’a libérée d’un poids que j’avais depuis plusieurs années en me demandant pourquoi je n’y étais pas. J’ai beaucoup travaillé et j’ai toujours cru que ça allait de nouveau arriver. Je trouve que le timing était plutôt bon. Cela a été un gros soulagement et me donne beaucoup de détermination pour la suite. Je vis avec des objectifs. Me dire que je peux aider mon équipe à se qualifier pour les barrages de la Ligue des champions puis, ensuite, que je pourrais peut-être figurer dans la liste pour disputer une Coupe du monde me motive à continuer à bosser afin de me tenir prête. Je n’ai pas joué pendant un mois mais j’ai travaillé pour rester compétitive. Tout est encore possible. 

Cinq ans et demi après sa dernière sélection, la milieu a honoré sa cinquième cape face au Canada (2-1, le 11 avril) et signé son premier but en Bleue (photo Anthony BIBARD / FEP / ICON SPORT). 

À titre individuel, vous avez marqué cinq buts et délivré six passes décisives en D1 Arkema, assurant déjà votre saison la plus prolifique. Quel regard portez-vous sur votre rendement ?
Je le juge très bon car beaucoup de gens pensent que j’évolue comme n°10 mais non (elle rit) ! Je porte ce numéro sur mon maillot mais je joue milieu défensive et une milieu qui est capable de marquer cinq buts et délivrer six passes, c’est qu’elle a forcément beaucoup d’activité sur le terrain, est capable de se projeter et d’être lucide alors qu’elle défend, attaque et tire les coups de pied arrêtés. Quand je regarde le classement des meilleures passeuses, ce sont des joueuses qui évoluent beaucoup plus haut sur le terrain, attaquantes ou milieux excentrées. Je suis hyper contente de ces stats et je m’éclate à ce poste car cela me permet de toucher beaucoup de ballons et de les distribuer. J’aime être face au jeu, créer, bien alimenter mes coéquipières pour qu’elles puissent se projeter rapidement vers l’avant et les mettre dans les meilleures dispositions pour marquer. Mon objectif, c’est de les faire marquer ou de marquer, jouer vers l’arrière n’est pas mon objectif premier ! »