La parole aux gardiennes
Constance Picaud, Pauline Peyraud-Magnin et Solène Durand, le trio de gardiennes des Bleues, étaient en conférence de presse mercredi à Sydney.
Le fonctionnement du trio
Pauline Peyraud-Magnin : « C’est un tout, on est là pour performer, à trois ou même à quatre en pensant à Mylène (Chavas) qui était avec nous pendant la préparation. J’observe beaucoup mes coéquipières autour de moi, avec des qualités autres que les miennes et j’apprends aussi de ces personnes. C’est important de toujours vouloir apprendre des gens autour de soi. »
La fiche de Pauline Peyraud-Magnin
Constance Picaud : « On est de trois générations différentes, on a trois profils différents et c’est en cela que c’est intéressant. Pour ma part, l’objectif est de pouvoir se pousser mutuellement les unes et les autres vers le haut. On pense forcément à soi, à notre personne et à notre progression mais cela passe aussi par l’observation des autres. »
Solène Durand : « On a toutes une façon d’évoluer différente. Par exemple, Constance maîtrise certains gestes que nous ne maîtrisons pas et inversement. On s’entraide, on essaye de voir les spécificités de chacune. Je ne dis pas que l’on va essayer d’imiter l’autre mais plutôt de prendre un petit peu de chacune pour avoir un bagage encore plus important et pourvoir répondre sur le terrain suivant les situations. »
La relation avec Gilles Fouache, leur entraîneur
Pauline Peyraud-Magin : « On est un groupe soudé, qui vit bien, un groupe dans le groupe effectivement, mais qui est aussi amené à être dans le groupe d’ensemble. On a un grand lien avec Gilles, il regarde beaucoup nos matches, en Équipe de France bien évidemment mais aussi en club pour avoir un suivi. Je l’ai très régulièrement au téléphone pour ce suivi mais aussi pour parler de la vie. On n’est pas uniquement là pour le foot. »
Constance Picaud : « C’est déjà important de bien vivre à trois, on peut donc bien vivre à vingt-trois aussi. Gilles est une personne très compétente, c’est pour cela qu’il est là encore aujourd’hui. Sa qualité première est la bienveillance. Tous les mois on s’appelle pour le suivi mais aussi pour savoir comment on va, comment on se sent dans nos têtes, en dehors du terrain, nos choix de carrière éventuellement. Il fait cela avec tout le pool des gardiennes, pas seulement nous trois. »
Solène Durand : « Gilles est un peu notre tonton qui va nous protéger devant les autres mais aussi nous dire nos vérités en face. Il est là sur le terrain mais aussi en dehors. Il apporte beaucoup humainement. Lorsque tu arrives en Équipe de France, tu as déjà les qualités pour répondre présent. Sur le terrain ensuite, c’est plutôt du peaufinage qu’autre chose mais il nous apporte beaucoup en dehors. C’est cela qui fait notre force. Si l’on est aussi soudées, c’est aussi grâce à lui. Même pendant ma blessure la saison dernière, il m’appelait. Il prend soin de nous et il nous raconte un petit peu sa vie de temps en temps aussi. On a lien particulier avec lui, même en dehors de la sélection. »
(Photo Simon MORCEL / FFF)
Leur regard sur Pauline Peyraud-Magnin, numéro un
Solène Durand : « Je connais Pauline depuis longtemps. En club ou en sélection, une rivalité s’installe souvent, parfois bonne ou mauvaise. Avec Pauline, cette rivalité a toujours été bonne et on partage une même mentalité à ce niveau-là. C’est un plaisir de travailler avec elle. Je ne dis pas ça parce qu’elle est à côté de moi. C’est devenu plus qu’une coéquipière de football, on s’envoie plein de messages en dehors, on s’appelle plein de fois. C’est vraiment devenu une personne sur laquelle je peux compter dans ma vie. On s’est soutenues dans les moments difficiles l’une et l’autre. La saison dernière a été compliquée pour moi, elle a toujours été là et je la remercie. C’est une joueuse au caractère bien particulier, on va dire la vérité elle est un petit peu dans son monde ! J’ai su la cerner rapidement et j’apprécie énormément de travailler avec elle. Elle a toutes les qualités pour être la numéro un en Équipe de France et en club et elle le démontre à chaque match. »
Constance Picaud : « Je la connais depuis moins longtemps et j’ai moins d’expérience à ses côtés mais je rejoins Solène sur tout ce qu’elle a dit. Je prends énormément de plaisir à travailler à ses côtés et avec Solène aussi. Sa carrière n’a pas forcément été facile, elle est arrivée un peu sur le tard et a su faire ses preuves. Grâce à elle, j’apprends. C’est un plaisir au quotidien et c’est la première fois que je vis une concurrence aussi saine dans un tel groupe. Cette compétition est magnifique grâce à Pauline et Solène. »
Le rôle de troisième gardienne
Solène Durand (numéro 3 dans la hiérarchie) : « Je ne sais pas ce que j’apporte en plus à l’équipe. Mon caractère est comme ça, je fais tout pour l’équipe, jusqu’à m’oublier parfois un petit peu, ce que j’essaye de rectifier. Pour moi, si le collectif est fort, individuellement je le serai. Voilà, j’essaye d’apporter ce petit plus, j’ai plus d’expérience que Constance, j’encadre un peu plus les petites jeunes. »
Pauline Peyraud-Magnin : « Solène est quelqu’un qui est toujours de bonne humeur, avec qui tu peux toujours parler et discuter. Sur ou en dehors du terrain, c’est quelqu’un de confiance. »
Photo Simon MORCEL / FFF
La Jamaïque, premier adversaire, dimanche
Pauline Peyraud-Magnin : « C’est une équipe athlétique sur les côtés avec une très grande attaquante que l’on connaît, que l’on a vu évoluer, qui a fait une très grande saison avec Manchester City (Khadija Shaw). On a étudié ça ce matin et on va continuer jusqu’au match, avec beaucoup de vidéo. Pour les attaquantes, savoir comment elles viennent, comment elles attaquent, comment les contrer. »
Solène Durand : « Il reste encore quelques jours. On va procéder étape par étape, se mettre en condition déjà, se focaliser sur nous, se concentrer tranquillement. Commencer par une victoire est toujours mieux. Cela sera l’objectif. On va tout faire pour répondre présente ce jour-là et si on arrive à produire notre jeu ensemble, on devrait y parvenir. On va tout faire pour ça. »
L'évolution du poste de gardienne de but
Constance Picaud : « La mentalité des joueuses qui deviennent gardiennes par la suite évolue, alors qu'auparavant le stéréotype de la gardienne était celle qui ne courait pas et qui ne savait pas jouer au pied. Pour moi, ça c'est fini. Je ne dirais que nous sommes aujour'hui des marathoniennes mais on rechigne pas à courir, on a une capacité athlétique bien plus développée. Le poste a évolué dans plein de domaines, le jeu aérien, le jeu au pied. La gardienne n'est plus le point faible d'une équipe. »
Solène Durand : « Il y a dix ans, il n'y avait pas forcément d'entraîneur spécifique pour les gardiennes de but. On est plus encadrées et forcément quand on ne fait que des entraînements spécifiques, on s'améliore, même pour les plus jeunes. Avant, seules les seniors en avaient, maintenant on n'en voient dans toutes les équipes. Cela fait la différence. Forcément le niveau s'améliore. »
Constance Picaud, première !
Avec cette Coupe du monde 2023, Constance Picaud s'apprête à vivre sa première grande compétition internationale. Une perspective que la gardienne du Paris-SG vit avec envie et sérénité : « Forcément, j’ai plein d’étoiles dans les yeux. C’est ma première grande compétition. C’est un peu un rêve d’enfant. Mais en même temps, j’ai les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Je sais ce que cela représente. Je ne suis pas là pour le prestige ou quoi que ce soit. Je suis consciente de nos objectifs. C’est un travail au quotidien. J’en prends plein les yeux tous les jours. Je pars du principe que si l’on ne prend pas de plaisir, il faut arrêter. Donc je vais sur le terrain, je prends énormément de plaisir, avec mes coéquipières et le staff. Et ,en même temps, j’essaye d’être la plus performante possible pour atteindre nos objectifs collectifs. Il y a une quelques grosses chutes dans ma carrière mais l’objectif est de se relever, en étant plus forte qu’avant. Je suis bien accompagnée, dans ma vie privée et professionnelle. Et aujourd’hui le coach me donne presque raison puisque je suis là. Ce n’est que le début d’une longue histoire, j’espère. Le coach a annoncé ouvertement un objectif de demi-finale comme strict minimum. C'est aussi le nôtre. Après en tant que joueuses, dans notre préparation on regarde match après match pour aller au bout et décrocher le titre. »