ÉQUIPE DE FRANCE FÉMININE 

Griedge Mbock : « Je me sens plus forte »

lundi 25 septembre 2023 - 16:33 - Claire GAILLARD
Griedge Mbock après France-Portugal septembre 2023

La défenseure centrale, qui a rejoué avec les Bleues vendredi dernier contre le Portugal pour la première fois depuis septembre 2022, savoure son retour sur les terrains et revient sur l’année écoulée. 

Opérée en septembre 2022 d’une luxation du genou droit avec ligament croisé touché qui l’a éloignée des terrains durant un an et privée de Coupe du monde, Griedge Mbock Bathy Nka a fait son grand retour. La défenseure centrale (28 ans, 72 sélections, 8 buts), qui avait renoué avec la compétition avec l’Olympique Lyonnais lors du Trophée des championnes puis en D1 Arkema, a reporté le maillot bleu vendredi 22 septembre face au Portugal en Ligue des nations (2-0). Quelques minutes qui lui ont permis de cocher une étape supplémentaire et de laisser derrière elle sa blessure. Pour FFF.FR, la championne du monde U17 2012 raconte sa convalescence, évoque la douleur mais aussi les bénéfices car elle ne peut s’empêcher de tirer du positif de cette épreuve.

« Vous savez ce qu’on dit ‘‘Tout ce qui ne tue pas rend plus fort’’, vous sentez-vous très forte après les épreuves traversées ?
Je me sens bien, plus forte, plus mature aujourd’hui. Je ressors de tout ça grandi. Sur l’aspect mental, j’ai dû faire face à deux grosses blessures et ça m’a aidée au niveau de la patience, à apprendre à attendre, à développer certaines qualités. Ça m’a aussi permis de travailler différemment, notamment des choses que je n’avais pas l’habitude ou la possibilité de travailler en pleine saison afin de diversifier mon organisation, mon jeu, mes qualités. Cela me rend plus forte.

À quels niveaux ? 
Certaines parties de mon corps étaient un peu plus faibles, j’ai pu travailler dessus puisqu’il fallait tout remuscler après l’opération. J’ai eu davantage de temps pour le faire avec la convalescence et pu l’approfondir. Quand tu n’es pas blessée, tu suis un programme match après match, on n’a pas forcément le temps avec la récupération qui entre en jeu. C’est parfois compliqué. Là, j’avais des plages beaucoup plus importantes, plus longues, j’ai pu plus facilement trouver du temps pour travailler ce genre de choses.

Vous voilà de retour en Équipe de France féminine, que ressentez-vous ? 
Beaucoup de plaisir, de fierté, de joie. Cela a été une longue absence, j’essaie de ne prendre que le positif et je continue de travailler pour combler les petits manques que j’aie encore. Je ne me prends pas la tête : je suis sélectionnée, fière de représenter mon pays et d’être avec le staff, l’équipe, retrouver mes coéquipières.


90ème minute : elle s'apprête à entrer en jeu, vendredi face au Portugal (photo Tim GUIGON / FFF). 

Avez-vous un œil neuf ? 
Oui, forcément ! Je redécouvre la manière de fonctionner, avec un nouveau staff, Clairefontaine aussi car cela faisait un moment que je n’étais pas venue. Je suis agréablement surprise parce que ça se passe super bien. J’ai été très bien accueillie par le staff et les filles. Je ressens beaucoup d’ondes positives, de la bienveillance, ça fait plaisir.

Qu’avez-vous découvert dans le fonctionnement, la vie de groupe depuis le début du rassemblement il y a une semaine ? 
Depuis sa prise de poste, j’étais régulièrement en contact avec Hervé Renard. Il prenait souvent de mes nouvelles pour savoir comment j’allais et comment la blessure évoluait. Je me suis sentie soutenue, ça fait du bien et on se dit qu’on n’est pas oubliée. C’est une marque de confiance, ça aide pour revenir et se fixer des objectifs.

« PSG-Lyon dimanche ? Ca arrive vite. On les a jouées lors du Trophée des championnes et on les retrouve déjà. (…) C’est le genre de rencontres qu’on a envie de jouer. On l’attend avec impatience »


Le premier objectif était de revenir avec Lyon pour retrouver les Bleues. Pouvez-vous nous raconter cette reprise ? 
Mon premier match, c’était contre l’Ajax Amsterdam, en amical, j’ai joué mes 15-20 premières minutes. Forcément, quand on entre, on se dit que c’est derrière nous et qu’il faut profiter de l’instant présent. On se dit que c’est le bout du tunnel. Ensuite, j’ai enchaîné contre Dijon en amical en jouant 45 minutes. J’avais eu de bonnes sensations et ça m’a permis de prendre encore plus confiance pour retrouver la compétition contre le PSG lors du Trophée des championnes (2-0 pour l’OL, le 10 septembre). Pouvoir entrer et participer à la victoire de l’équipe, émotionnellement, c’est fort. On se dit que le premier objectif est atteint. Ça y est, c’est lancé. Puis j’ai renoué avec la D1 Arkema, au Havre (4-0, le 15 septembre). Tout cela est intervenu après une longue phase de préparation, deux mois quasiment, sachant que j’ai repris individuellement une semaine avant le groupe. Ça m’a permis de prendre le temps de pouvoir bien revenir et de travailler. Ça a été beaucoup de satisfaction de pouvoir jouer face au HAC, de l’emporter et de bien débuter le Championnat.


Avec la médaille du dernier trophée des Championnes autour du cou remise par Jean-Michel Aulas, membre du Comex de la FFF et ancien président de l'OL (photo Anthony DIBON / ICON SPORT). 

Et déjà un PSG-Lyon qui se profile ? 
Ça arrive vite. On les a jouées lors du Trophée des championnes et on les retrouve déjà. Je pense que c’est lié à l’instauration d’une nouvelle formule avec les play-offs en fin de saison. Ça va être un match très disputé, le genre de rencontres qu’on a envie de jouer. On l’attend avec impatience.

Où en êtes-vous physiquement ? 
Pour l’instant, on continue de gérer mon temps de jeu, on y va progressivement pour éviter des rechutes musculaires. Je continue de beaucoup travailler en dehors, notamment sur la partie renforcement. L’objectif, c’est de revenir petit à petit et retrouver le rythme, c’est la prudence qui est de mise. Une titularisation n’a pas encore été fixée, on prend chaque étape l’une après l’autre. Le staff de l’Olympique Lyonnais est très attentif, s’il y a la moindre alerte c’est à moi aussi de leur remonter l’info. Je voudrais d’ailleurs les remercier. L’année a été longue, ils ont été d’un grand soutien sur le plan mental ou physique. J’ai pu avoir tout ce qui était possible pour pouvoir revenir au top, j’ai pu partir au Qatar, j’ai été au Medical stadium à Bordeaux, en centre de rééducation à Hauteville, j’ai été entourée de personnes compétentes et bienveillantes qui m’ont aidée à aborder cette rééducation de la meilleure manière.

« Je n’ai pas trop d’appréhension, j’essaie de mettre mon cerveau en mode off pour ne pas trop réfléchir (…) et se concentrer uniquement sur le terrain. »


Avec le recul, qu’est-ce qui a été le plus difficile à surmonter ?
La douleur car le reste j’arrivais plutôt à le gérer même s’il y a eu des moments un peu plus compliqués notamment au début. J’ai fait pratiquement 1 mois et demi d’hôpital après l’opération. Je souffrais. Dès le début, je m’étais dit que ça allait être beaucoup plus long que d’autres blessures comme une rupture des ligaments croisés par exemple et aujourd’hui, la patience a payé. Je remercie toutes les personnes qui m’ont accompagnée durant cette année pour que je revienne.


Face au PSG d'Ana Vitoria pour son retour à la compétition le 10 septembre (photo Anthony DIBON / ICON SPORT).

Avez-vous une appréhension avant de fouler une pelouse ? 
On travaille dessus. Je n’ai pas trop d’appréhension, j’essaie de mettre mon cerveau en mode off pour ne pas trop réfléchir. Par moment, j’y pense un tout petit peu mais l’important c’est d’arriver à switcher pour se concentrer uniquement sur le terrain.

La blessure fait partie du métier de sportive : quels conseils donneriez-vous à une homologue dans la même situation ?
Faire preuve de patience même si ce n’est pas facile, ce sont de longs processus. On a tendance à parfois tout remettre en question, il faut le faire mais se dire aussi que cela fait partie du sport de haut niveau. Le corps est notre outil de travail, il faut en prendre soin et même en le faisant, ce sont des choses qui arrivent. Il faut essayer de positiver : évidemment quand ça arrive, c’est un coup dur, on broie du noir mais cela peut aussi être bénéfique car ça va nous permettre de grandir, mûrir et mieux se connaître.

« La Coupe du monde 2023 ? J’ai regardé tous leurs matches et j’ai vibré avec elles. (…) J’ai vu qu’elles ont tenté, qu’elles ont osé, qu’elles étaient libérées. Ce n’était peut-être pas le résultat espéré mais c’est de bon augure pour la suite. »


Avez-vous suivi la Coupe du monde 2023 et qu’avez-vous pensé de l'Équipe de France ? 
J’ai regardé tous leurs matches et j’ai vibré avec elles. Un staff est arrivé depuis peu, il n’a pas pu tout mettre en place avant la Coupe du monde faute de temps mais malgré cela, c’était plaisant de les voir, de constater l’atmosphère positive autour d’elles et, surtout, que cela trouve un prolongement sur le terrain. J’ai vu qu’elles ont tenté, qu’elles ont osé, qu’elles étaient libérées. Ce n’était peut-être pas le résultat espéré mais c’est de bon augure pour la suite.

Vous avez connu une séance de tirs au but décisive en finale du Mondial U17 en 2012 : on sait que cela peut être aussi joyeux que cruel… 
L’équipe qui gagne vit un scénario idéal, des émotions indescriptibles. Pour celle qui perd, c’est difficile mais il faut analyser et regarder ce qui n’a pas été au niveau du jeu et se remettre en question. On grandit de ce type de rencontres, il faut s’en servir pour revenir plus fortes, se bâtir pour les prochaines compétitions.


Lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016 (photo photoshot / ICON SPORT). 

La prochaine, ce sont les Jeux Olympiques de Paris 2024. Est-ce un objectif ? 
C’est une compétition qui fait rêver. J’ai eu la chance de les disputer en 2016 (au Brésil, quarts de finale). Une Coupe du monde, c’est grand mais les Jeux regroupent tous les sports. Ils ont lieu en France, cela donne encore plus envie. C’est un objectif même s’il y a encore pas mal d’étapes à valider avant à commencer par la Ligue des nations, qui doit nous aider à préparer ces JO en donnant plus d’enjeux aux matches internationaux.

Vous comptez déjà quasiment une décennie avec les Bleues, quelle est votre plus belle émotion ? 
Ça fait déjà dix ans, c’est vrai, ça passe vite ! Je dirais ma première sélection face à la Bulgarie en novembre 2013 (10-0). Entrer en jeu (à la place de Sabrina Delanoy à la 79ème minute), c’était magique. Je m’en souviens encore aujourd’hui. On avait gagné largement, j’étais entrée en fin de match, j’avais 18 ans, un an après le titre de championne du monde 2017, c’était rempli d’émotions. »  

L'Équipe de France féminine sur FFF.FR


fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo