Des Bleus valeureux mais en argent

Au terme d'un match fou où elle aura tout donné, l'Équipe de France Olympique masculine s'est inclinée en finale des Jeux de Paris face à l'Espagne (5-3 a.p.). Elle décroche la médaille d'argent, la première médaille du football français depuis 40 ans.

Le football peut être magique, parfois cruel, et dans certains cas les deux en même temps. La finale des Jeux de Paris 2024 entre l'Équipe de France et l'Espagne, ce vendredi 9 août, fera certainement partie de ces rencontres qui laissent une empreinte indélébile dans la mémoire des amateurs de ballon rond, tant le scénario aura été haletant. 

Alors qu'ils avaient ouvert la marque assez tôt dans la partie, les Bleus ont ensuite sombré face au talent et au réalisme espagnol, avant d'arracher les prolongations grâce à une énergie débordante et une envie inébranlable.

Cela n'aura malheureusement pas suffi pour ramener l'or, mais Thierry Henry et ses hommes décrochent la première médaille du football français depuis 40 ans et le titre olympique de l'été 1984 - la deuxième médaille d'argent après celle glanée en 1900. Le Maroc, large vainqueur hier (6-0) de l'Égypte, complète le podium. 

 LE MATCH 

Avec les retours de suspension de Manu Koné et Enzo Millot, Thierry Henry aligne son onze type au coup d’envoi de cette finale. Dans un Parc des Princes rempli et acquis à sa cause, l’Équipe de France a le contrôle du cuir en début de partie et presse haut son adversaire à la perte du ballon, l'empêchant de déployer son jeu. Acculée, l'Espagne craque sur la première frappe cadrée tricolore, œuvre d'Enzo Millot - bien aidé par le gardien Arnau Tenas (11e) qui commet une faute de main rappelant celle d'un autre portier espagnol, Luis Arconada face à Michel Platini en finale de l'Euro 1984.

Dix minutes en enfer
Pas le temps de savourer néanmoins pour la sélection olympique qui concède l'égalisation dans la foulée lorsque Fermin Lopez, oublié dans la surface, inscrit son cinquième but du tournoi (18e). Dès lors, la machine s'enraye. Malgré une belle tête de Jean-Philippe Mateta sur un corner de Michael Olise (22e), ce sont les Espagnols qui prennent les devants quand Lopez - en opportuniste - signe le doublé (25e) et devient le deuxième meilleur buteur du tournoi (6 réalisations). Quelques minutes plus tard, un coup franc imparable d'Alex Baena (28e) offre deux buts d'avance à une Roja ultra réaliste (3 buts en 4 frappes). Si Guillaume Restes remporte ensuite un duel capital face à Juan Miranda (41e), la fin de premier acte est néanmoins à l'avantage des Français qui poussent pour revenir mais Mateta bute sur Tenas (45+1e) tandis que Michael Olise voit sa frappe du gauche frôler le cadre (45+4e). 

Jean-Philippe Mateta taclé par Eric Garcia (Philippe LECOEUR / FEP / ICON SPORT)

Quelques minutes après le début de la seconde période, Thierry Henry lance Maghnes Akliouche et Arnaud Kalimuendo en lieu et place de Joris Chotard et Alexandre Lacazette. À nouveau, les Tricolores pressent haut leurs adversaires et se montrent dangereux. Manu Koné, magnifiquement trouvé par Adrien Truffert, voit cependant sa tête repoussée par la barre transversale (57e) tandis que les frappes d'Olise (61e) et Mateta (67e) sont trop écrasées pour inquiéter Tenas. 

Un retour sur le fil !
Dans l’obligation de revenir au score, les Français font le siège de la défense espagnole quitte à s’exposer aux contres. Tenas s’interpose d’abord devant Koné (76e) qui avait magnifiquement combiné avec Kalimuendo mais doit céder devant Akliouche qui dévie un coup franc de Michael Olise (79e). Les vagues bleues se succèdent et les Espagnols multiplient les fautes pour casser le jeu. Ils finissent par le payer, concédant un penalty dans le temps additionnel que Jean-Philippe Mateta transforme pour remettre l'Équipe de France Olympique à hauteur. Malgré un dernier frisson dans les derniers instants - Benat Turrientes trouvant la barre de Restes (97e) - la France arrache les prolongations. 

La joie de Mateta et du public après l'égalisation (Sandra RUHAUT / ICON SPORT)

Mais après un deuxième acte où elle a subi la loi des Tricolores, l'Espagne rappelle à tout le monde pourquoi elle est si régulièrement en finale des grandes compétitions internationales. Redoutables d'efficacité, les Espagnols exploitent à merveille les quelques espaces laissés par les Français et Sergio Camello - entré dans les dernières minutes du temps réglementaire - remporte son duel face à Restes (100e). Les Bleus répondent par l'intermédiaire de Désiré Doué mais ses deux frappes puissantes (94e et 105e) sont repoussées, tout comme la tentative lointaine de Soungoutou Magassa (118e). Dans les derniers instants, alors que les protégés de Thierry Henry sont à bout de force, Camello profite d'un contre pour mettre un terme au suspense (120+1e). 

 LES BUTS 

- 1-0, Enzo Millot (11e). À la suite d’une touche française, Michael Olise tente un centre repoussé par la défense espagnole. Le ballon revient vers Enzo Millot, excentré, qui tente une reprise du pied gauche. Mal positionné, Arnau Tenas ne peut que dévier le cuir dans ses propres filets.

L'ouverture du score d'Enzo Millot (Philippe LECOEUR / FEP / ICON SPORT)

- 1-1, Fermin Lopez (18e). Après une longue phase de possession, Alex Baena trouve parfaitement Fermin Lopez esseulé dans la surface qui bat Guillaume Restes d’une frappe croisée du pied droit. 

- 1-2, Fermin Lopez (25e). Trouvé sur l’aile gauche, Juan Miranda centre fort vers son capitaine Abel Ruiz. Guillaume Restes est à la parade mais Fermin Lopez suit bien l’action et pousse le cuir au fond des filets.

- 1-3, Alex Baena (28e). L’Espagne obtient un coup franc dangereux aux vingt mètres après une faute de Loïc Badé sur Miranda. Alex Baena s’en charge, enroule bien son ballon et laisse Guillaume Restes impuissant. 

- 2-3, Maghnes Akliouche (79e). Michael Olise obtient un coup franc à l’angle droit de la surface. Sa tentative du gauche est légèrement déviée par Maghnes Akliouche et trompe Arnau Tenas.

Le but de Maghnes Akliouche (Sandra RUHAUT / ICON SPORT)

- 3-3, Jean-Philippe Mateta (90+3e s.p.). Avec l’aide de la vidéo, Ramon Abati accorde un penalty à l’Équipe de France pour une faute de Miranda sur Kalimuendo. Jean-Philippe Mateta ne tremble pas et croise sa frappe pour tromper Tenas.

- 3-4, Sergio Camello (100e). Pressé par deux Français, Sergio Gomez parvient tout de même à trouver Sergio Camello dans la surface qui pique son ballon pour prendre à défaut Guillaume Restes. 

- 3-5, Sergio Camello (120+1e). Arnau Tenas récupère le ballon et lance au loin Sergio Camello. Malgré le retour de Castello Lukeba, l'Espagnol bat Guillaume Restes. 

 LES RÉACTIONS 
Thierry Henry : « Une finale de fous ! » 

Thierry Henry (sélectionneur, au micro de France 2) : « Cette équipe, comme toujours, s’est battue jusqu’à la fin. On a eu des moments de flottement pendant 20 minutes qui nous coûtent très chers. Le quatrième but est aussi dû à une erreur d’inattention, le cinquième est plus compréhensible… Mais honnêtement, c’était une finale de fous ! À l’arrivée, nous sommes médaillés, pas champions olympiques certes, mais je pense qu’on ne peut rien reprocher à cette équipe. Nous ramenons une médaille à la France qui attendait ça depuis 40 ans, pour le moment j’ai du mal à réaliser car le match vient de s’achever mais cela restera une belle histoire. »  

Désiré Doué (au micro de France 2) : « C’est dur mais c’est le football. On a beaucoup donné pendant toute la compétition, on l’a à nouveau fait ce soir. On a réussi à revenir, on a vraiment fait le maximum et malheureusement ça ne suffit pas, on a peut-être trop raté d’occasions. Il y a forcément beaucoup de déception même si on ramène quand même une médaille olympique, c’est quelque chose d’historique que la France attendait depuis longtemps. On peut être fier de notre parcours, même si c’est difficile là tout de suite. » 

Thierry Henry (Philippe LECOEUR / FEP / ICON SPORT)