ES Molsheim Ernolsheim, un rêve à Clairefontaine
Les joueuses du club alsacien, lauréat du prix Sensationnelles Intermarché en juin, ont effectué un stage d’une semaine au CNF marqué par une journée inoubliable lundi 28 octobre avec des invités prestigieux. Récit.
L’Entente Sportive Molsheim Ernolsheim attendait ce moment avec impatience. Quatre mois après avoir remporté la 3ème édition du prix Sensationnelles Intermarché, soutenu par la FFF, pour son action « Révèle-toi », consacrée à l’accueil de jeunes filles porteuses de handicap, le club du district d’Alsace avait rendez-vous, mercredi 23 octobre, au CNF Clairefontaine pour vivre le stage remporté dans le cadre de l’opération. Au programme, une semaine dans le temple du football des Équipes de France.
« C’est une chance unique de venir à Clairefontaine, tout le monde n’a pas ce privilège donc les filles en profitent au maximum. Elles sont impressionnées par les installations, par les moyens mis à disposition et par l’accompagnement qu’elles peuvent avoir ici, se réjouit leur entraîneure Manon Lourenco. Nous avons la chance de nous entraîner tous les jours avec des séances variées et spécifiques (par poste et par axe d’amélioration). Dans le même temps, les joueuses peuvent prendre conscience des efforts et des sacrifices qu’il faut mettre en place pour parvenir à évoluer au plus haut niveau. »
Lundi 28 octobre était une journée spéciale. Les lauréates ont eu le privilège de recevoir la visite de trois personnalités : Yvan Wouandji, médaillé d’or en cécifoot aux Jeux Paralympiques de Paris 2024, Laure Boulleau, marraine du prix depuis sa création et ancienne internationale française, et Madeleine Malonga, championne olympique par équipe en judo lors des Jeux de Paris.
Yvan Wouandji fut le premier à monter les marches du château. L’international français est l’un des pionniers de sa discipline. Après une présentation de son parcours où il a notamment expliqué avoir perdu la vue à l’âge de neuf ans, il a sensibilisé les joueuses de l’ES Molsheim Ernolsheim sur le handicap visuel qui, dans la vie ou dans le sport, « n’est pas une fin en soi. Garçons comme filles, valides et invalides, nous sommes tous des sportifs. Le sport, c’est l’équité en toutes circonstances. » Wouandji leur a également fait découvrir le braille, alphabet universel des non-voyants et malvoyants.
Après la théorie, la pratique ! Direction le terrain synthétique couvert pour une initiation. Les ballons sonores sortis et les masques occultants enfilés, la session a commencé. Très réceptives, les joueuses ont pris énormément de plaisir, de quoi ravir Yvan Wouandji : « Notre discipline a connu une belle exposition lors des Paralympiques mais nous devons continuer de sensibiliser les Français pour que le cécifoot entre dans les mœurs. »
Yvan Wouandji a enfilé le costume de coach lors de l'initiation au cécifoot (photo Alexandre DEBBACHE / KICKOFF PROD)
Dans le même temps, Laure Boulleau a retrouvé un terrain familier, elle qui a évolué au CNFE Clairefontaine puis en Équipe de France. Marraine pour la troisième année d’affilée de l’opération, c’est la première fois qu’elle va à la rencontre des lauréates pour leur plus grand bonheur ! L’ex-joueuse du Paris-SG et des Bleues (65 sélections) a partagé son expérience du FC Riomois à l’Équipe de France, évoquant les obstacles qu’elle a pu connaître, notamment lorsque le football féminin n’était ni populaire ni professionnel dans l’Hexagone. Elle a aussi pris le temps d’échanger sur les potentielles difficultés rencontrées par les jeunes Alsaciennes.
Après cela, tout le monde a chaussé les crampons pour une partie de tennis-ballon. Malgré une intensité folle et des matches serrés, les jeunes joueuses n’ont pas réussi à s’imposer face à leur marraine qui a tout donné ! Une telle dépense d’énergie valait bien un déjeuner convivial au château, dernière occasion d’immortaliser la rencontre d’une photo sur les mythiques marches de Montjoye.
Un tennis-ballon mémorable face à Laure Boulleau (photo Alexandre DEBBACHE / KICKOFF PROD)
Madeleine Malonga a pris la relève de Laure Boulleau. La judokate a retracé sa carrière en racontant ses débuts dans la discipline grâce à une amie malgré la peur qu’elle ressentait en entendant le bruit des chutes sur le tatami, son entrée à l’INSEP à 16 ans puis ses premières grandes victoires, notamment lors des Championnats d’Europe 2018 où elle est sacrée face à une autre française, Audrey Tcheuméo.
Durant son intervention, la Val d’Oisienne a insisté sur les difficultés du sport individuel, notamment sur le plan mental. Parfois, les efforts réalisés lors des séances d’entraînement peuvent ne pas se concrétiser en compétition, alors il faut être capable de se relever et repartir de l’avant. Madeleine Malonga a pu illustrer son propos avec sa récente désillusion en individuel, lors des Jeux de Paris : elle visait l’or, après avoir glané l’argent à Tokyo en 2021 mais elle a été battue dès son entrée en lice, à la surprise générale. Le sport de haut niveau est semé d’embûches et il faut être prêt à surmonter ce genre d’épreuves.
Sur ces sages conseils, les jeunes pousses se sont dirigées vers le terrain Michel-Hidalgo pour effectuer leur séance du jour, clôturant ainsi une journée riche en émotions, qu’elles ne sont pas près d’oublier.
Laure Boulleau : « Ce prix peut éveiller des vocations »
Marraine du Prix Sensationnelles pour la troisième saison d’affilée, Laure Boulleau est venue à la rencontre des lauréates au CNF Clairefontaine, un lieu symbolique au regard de sa carrière. « Je ressens une grande satisfaction de pouvoir être au contact des filles, d’échanger avec elles. Je vois beaucoup de joie dans leurs yeux, cela me touche et j’ai envie de continuer à m’investir, a déclaré l’ancienne internationale française qui souligne la force de ce programme. Il concerne toutes les Françaises car Intermarché, le partenaire, est implanté sur l’ensemble du territoire. Tous les clubs peuvent participer et monter un projet. Cela crée une certaine émulation, un engagement fort, qui permet au football féminin de se développer grâce à ses pratiquantes, c’est beau. Le prix Sensationnelles est une grande réussite, il peut éveiller des rêves, des vocations, notamment en venant ici à Clairefontaine. »
Quel message a-t-elle relayé aux jeunes générations ? « J’essaie de leur faire comprendre que même si tout n’est pas parfait, elles ont de la chance car à mon époque il n’y avait pas de moyens et aucune considération vis-à-vis de la pratique, répond Laure Boulleau. Aujourd’hui, les sections féminines se multiplient, tout se démocratise, la progression est nette ! »
Laure Boulleau à l'écoute des joueuses de l'ES Molsheim Ernolsheim (photo Alexandre DEBBACHE / KICKOFF PROD).