Le Sommer, première !
En engrangeant une 199e sélection face à l'Islande, Eugénie Le Sommer a battu le record de Sandrine Soubeyrand, internationale entre 1997 et 2013. L'occasion d'ouvrir la boîte aux souvenirs avec celle qui est également la meilleure buteuse de l'histoire des Bleues.
Eugénie Le Sommer inscrit un peu plus son nom dans la légende du football français. Déjà meilleure buteuse (94 réalisations) de l’histoire des Bleues, l’attaquante a battu ce mardi soir face à l’Islande, en Ligue des Nations, le record de sélections détenu par Sandrine Soubeyrand (198). Avec 199 matches sous le maillot tricolore, la native de Grasse (Alpes-Maritimes) devient la joueuse la plus capées en Équipe de France. L’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro.
Première convocation
Eugénie Le Sommer n'a que 19 ans lorsque Bruno Bini, alors sélectionneur des Bleues, décide de l'appeler en Équipe de France A.
« C'était en février 2009 pour un match contre l’Irlande. Je l’avais su avant que la liste ne soit officialisée. Le sélectionneur (Bruno Bini) l’avait confié à ma coach de Saint-Brieuc. C’est une très belle surprise à laquelle je ne m’attendais pas. J’avais participé à la Coupe du monde U20 deux mois plus tôt. Je pensais que je devais encore travailler, progresser pour rejoindre l’Équipe de France. C’est arrivé plus tôt que prévu. J’étais super contente. »
Eugénie Le Sommer a été appelée pour la première fois avec les Bleues en février 2009. Elle n'avait que 19 ans (photo archives FFF).
La fiche d'Eugénie Le Sommer
Premier entraînement
Eugénie Le Sommer participe à son premier rassemblement le 9 février 2009 à Clairefontaine. Non sans une certaine appréhension...
« Mon premier entraînement, je m’en souviens très bien. C’était sur le terrain synthétique couvert de Clairefontaine. Je me retrouve au milieu de grandes joueuses, je suis un peu impressionnée car j’arrive d’un petit club, Saint-Brieuc. Aujourd’hui, les filles se connaissent beaucoup mieux. Je ne connaissais pas les autres joueuses, j’étais impressionnée et un peu timide. »
C'est sous le terrain synthétique couvert de Clairefontaine, en février 2009, que Le Sommer a fait ses premiers pas avec les Tricolores (photo archives FFF).
Premier match
Le 12 février 2009, à Blois, elle fête sa première sélection en entrant en jeu face à l'Irlande à la 75e minute à la place d'Élodie Thomis.
« Je me souviens du stade de Blois. Être sur la feuille de match, c’était déjà énorme. Mais entrer en jeu… Je ne m’y attendais pas forcément non plus. Je n’ai pas effectué une entrée incroyable (sourire). Mon premier ballon, je m’en souviens très bien. Il passe sous mon pied et file en touche (rire). Ça reste un beau souvenir. J’ai bien entendu conserver ce premier maillot. »
Premier but
À l'Ammochostos Stadion de Larnaca, à Chypre, les Bleues débutent idéalement leur tournoi amical en battant l'Écosse 2-0. Entrée en jeu à la pause, Eugénie Le Sommer en profite pour inscrire son premier but en sélection.
« Nous effectuons un tournoi à Chypre. Ce premier but arrive tôt dans mon parcous international, dès la deuxième sélection. Une frappe croisée à l’entrée de la surface. Ce n’est pas le plus beau but de ma carrière mais c’est un but qui compte, forcément. À la mi-temps, j’avais remplacé Sandrine Soubeyrand. C’est un symbole. »
Première grande compétition
L'Euro 2009, terminé par une défaite lors des quarts de finale face aux Pays-Bas, aux tirs au but (0-0, 4 tab à 5).
« Je suis dans la sélection de février et l’Euro, l’été qui suit, est devenu logiquement un objectif. Cet Euro, c’est un mélange de joie et de frustration. J’étais contente de disputer cette compétition mais se faire sortir lors des quarts de finale aux tirs au but est toujours difficile. J’aurais aimé apporter un petit peu plus. J’étais frustrée car on avait l’équipe pour aller plus loin. J’ai pris de l’expérience et ça m’a donné encore plus envie de travailler. D’ailleurs, je n’ai pas pris de vacances derrière. J’ai enchaîné avec mon club. J’avais besoin de ça. »
L'attaquante, ici face à l'Allemagne le 27 août 2009, a participé à l'Euro 2009, sa première grande compétition (photo archives FFF).
Première Coupe du monde
Eugénie Le Sommer est retenue pour la Coupe du monde 2011 en Allemagne. Les Bleues atteindront les demi-finales face aux USA (1-3) après un succès en quart contre l'Angleterre (1-1, 4 tab à 3).
« Je suis encore parmi les plus jeunes mais je joue tous les matchs, titulaire ou en entrant en jeu. Je ne me sens pas installée mais je suis là et j’ai une marge de progression. En parallèle, avec mon club, je suis performante et on gagne la Ligue des Champions. Je garde un souvenir incroyable d’avoir vu mon nom sur la liste des joueuses retenues. Disputer une Coupe du monde, c’était un rêve pour moi. Et on nous annonce qu’en Allemagne, les stades seront grands et pleins. C’est une des premières organisations au top pour le foot féminin, beaucoup de billets vendus avant la compétition. Cette épreuve marque un peu un point de départ pour le foot féminin en France. Nous sortons un peu de l’anonymat grâce à notre parcours. En quart de finale, je marque mon tir au but face à l’Angleterre. C’est une de mes plus grandes émotions avec l’Équipe de France. Nous passons le cap des quarts de finale face à une très grosse équipe. Je nous revoie courir vers notre gardienne. »
Eugénie Le Sommer face à la défense du Nigéria (1-0), le 26 juin 2011 lors du premier match de groupes de la Coupe du monde (photo archives ICON SPORT)
Premier JO : 2012
Les Bleues sont qualifiées pour la première fois de leur histoire pour les JO. Et Eugénie Le Sommer est de l'aventure à Londres.
« Je n’avais jamais rêvé ou pensé faire les JO car je n’avais tout simplement jamais vu l’Equipe de France féminine y participer. D’ailleurs, elle n’y avait jamais participé. Pour se qualifier, il fallait faire un très bon parcours en Coupe du Monde, un an plus tôt, et figurer parmi les trois meilleures équipes européennes. La demi-finale de 2011 nous qualifie donc pour les JO. A Londres, nous surfons sur la vague née un an plus tôt en Allemagne. Ces JO, quand j’y repense, c’était fou. La dotation olympique avec les anneaux sur les équipements, c’est quelque chose, quand, comme moi, on aime le sport en général. On a pu aller au village olympique à partir des demi-finales. C’était unique. Une ville avec uniquement des athlètes. On essayait de les reconnaître. La compétition se passe bien jusqu’en demi-finale, face au Japon (1-2) où j’ai le bonheur de marquer mais malheureusement, ça n’a pas suffi. La grosse déception, c’est d’avoir perdu le match pour la troisième place (0-1 face au Canada). Il y avait une médaille à décrocher. Nous n’y sommes pas parvenus, malheureusement. »
Premier but en phase finale
Son premier but en phase finale, Eugénie Le Sommer l'a inscrit face au Japon, aux JO 2012, en demi-finale.
« J’étais entrée un peu plus tôt, mon but nous a permis de revenir à 2-1. Ça nous a remis dans le match mais malheureusement, ça n’a pas suffi. Nous avons ensuite un penalty que je provoque mais que nous ne concrétisons pas. C’est vrai que j’ai trouvé le chemin des filets dans toutes les grandes compétitions auxquelles j’ai participé, sauf aux JO de Paris, l’été dernier. Je garde un souvenir mitigé de ces Jeux olympiques en France. Mon genou allait très bien mais j'ai contracté une blessure musculaire pendant la préparation. Je ne me suis sentie à 100% que sur le dernier match mais je n’ai pas joué beaucoup et derrière, on se fait éliminer. Ma compétition ne faisait que commencer. Je n’ai pas été performante comme je le souhaitais, nous ne sommes pas allées loin. C’est frustrant. Il m’a manqué un peu de temps. »
Premiers pas au château
« Je ne m’en souviens pas. C’était avec Bruno Bini, avant 2013. Ce qui est certain, c’est que c’était incroyable de venir au château, de se sentir reconnue à sa juste valeur. À l’époque, le mythe de l’Équipe de France 1998 est très présent. Mettre les pieds dans le château, c’était exceptionnel, surtout pour moi qui étais passée par Clairefontaine (à l'INF, en 2005) et qui ne l’avais vu que de l’extérieur. »
(Photo archives FFF)
Première grosse ambiance
Le 19 juillet 2012, la France bat le Japon, champion du monde en titre, au stade Charléty (2-0). Dans un stade plein.
« En France, j’ai le souvenir du dernier match avant les JO, en 2012. Nous jouons à Charléty. Le stade est plein, on affronte le Japon et on gagne 2-0 dans ambiance magnifique. Mais nous avions pu goûter un an plus tôt à la ferveur du public lors de la Coupe du monde. Notamment face au pays hôte, l’Allemagne, à Mönchengladbach, pour notre dernier match de poule. Nous avons eu la chance de connaître la Coupe du monde 2019. C’était encore plus fort, parce que c’était chez nous. »
Premier record battu
À Skopje, le 22 septembre 2020, l'Équipe de France s'impose 7-0 face à la Macédoine. Eugénie Le Sommer signe un doublé, ses 81e et 82e buts en sélection qui lui permettent de battre le record détenu jusque-là par Marinette Pichon.
« Ça aussi, c’est fou. Quand je suis arrivée en sélection et que j’ai mis mon premier but, jamais je ne me suis dit que j’en mettrai autant. Avec les années et les buts, on m’a parlé de plus en plus du record de Marinette Pichon. Au départ, ce n’était pas un objectif. C’était inaccessible. L’objectif, c’était d’être en sélection, d’y rester, de jouer un maximum de matchs, marquer parce qu’une attaquante doit marquer. Le record est venu avec mes performances mais je n’ai toujours cherché qu’à être la plus régulière possible, la plus efficace pour l’équipe. »
(Photo Guillaume Bigot / FFF)
« Sandrine Soubeyrand ? La joueuse emblématique »
Avant d'égaler son record de sélections, ce vendredi contre la Norvège en Ligue des Nations, Eugénie Le Sommer a côtoyé Sandrine Soubeyrand chez les Bleues. « Quand je suis arrivée en sélection, se souvient-elle, c’était la capitaine, la joueuse emblématique. Une icône. Je la côtoyais le week-end quand je jouais contre elle. La retrouver en sélection, c’était quelque chose. On a joué quatre ans ensemble en Équipe de France. Même si elle était sur la fin, les qualités étaient là. Elle était assez discrète mais quand elle avait quelque chose à dire, elle le disait. Elle montrait l’exemple. »
Compter plus de sélections que l'actuelle coach du Paris FC ne la laisse évidemment pas insensible : « J’étais là quand elle a battu le record de Lilian Thuram. Ça me fait bizarre de me dire que j'ai à mon tour battu son record. La dépasser, ce n’est pas rien. Je pensais son record inaccessible. »
France - Angleterre, le 20 novembre 2012. Avec Sandrine Soubeyrand (avec le brassard) et Eugénie Le Sommer (2e en bas en partant de la gauche) (Photo Archives FFF)