Bogaert, la vie en bleu
La Nordiste a intégré l’Équipe de France féminine cette saison à force de prestations convaincantes avec le Paris FC, qu’elle avait rejoint à l’été 2022.
À quoi, à qui a bien pu penser Lou Bogaert, ce lundi 21 octobre, quand la berline Volkswagen l’a déposée au pied de la résidence Équipe de France et qu’elle a été invitée pour la première fois à monter les marches du château ? À tout le chemin qu’elle avait dû parcourir, aux siens aussi. « J’avais quasiment les larmes aux yeux. En montant les marches, j’avais la sensation de vivre le rêve que je nourrissais depuis toute petite. Papa m'a appelée et il m’a dit : ''Regarde, ça y est ! Tu y es alors que quand tu étais toute petite je te disais que c'était encore loin''. Il avait les larmes aux yeux maman aussi. » Retour sur une ascension, étape par étape.
La fiche de Lou Bogaert
2010-2013 : les débuts à Lesquin
« Petite, je n’étais pas trop poupées, plutôt petites voitures à cause de mon frère, qui a trois ans de plus que moi. Je suis allée voir mon frère à un tournoi en salle et j’ai eu le déclic. Je me suis dit que je voulais faire du foot. Son coach, c’était une fille. Quand elle m’a vue, elle m’a dit qu’elle allait me mettre avec des plus grands car j’étais assez dure dans les contacts. Je jouais avec les garçons de 2003. »
2013-2017 : Wasquehal, le temps des convictions
« C’est quand je suis allé à Wasquehal, en élite, que j’ai dit à mon père : ''Papa, je veux percer dans le foot, je veux jouer en équipe de France.'' Il m’a répondu : ''Ma fille, garde les pieds sur terre. Tu es encore jeune. Tu as beaucoup de choses à apprendre.'' Papa était gardien dans un petit club. Et pas du genre à dire que j’étais la plus forte, la meilleure. Ça m’a poussée à travailler, à m’accrocher. »
2017-2022 : Lille, la confirmation
« Quand j’arrive au LOSC, je suis très contente. Le LOSC, c’est quand même quelque chose dans notre région. J’ai fait les U19, j’ai débuté en D2 à 16-17 ans. J’étais titulaire. Ma coach, Rachel Saïdi, une ancienne joueuse, m’a beaucoup aidée. Le fait de jouer en D2 m’a permis de grandir rapidement. C’est un championnat très dur. Tu as besoin d’être gainée, musclée. Ça m’a ouvert les yeux, moi qui étais plutôt très frêle. C’est un tremplin qui m’a permis de rejoindre le Paris FC. »
2019 : Liévin, l’opportunité
En juin 2019, Lou Bogaert est admise au Pôle Espoirs féminin de Liévin, comme notamment Airine Fontaine, Jade Rastocle ou Inès Marques. « Au pôle Espoirs de Liévin, il y avait notamment Nathalie Jarosz (alors entraîneure adjointe de l’équipe de France U16) ça m’a ouvert des portes. » Lou Bogaert sera appelée en équipe de France en U17 ou U18 mais elle ne participe qu’à des oppositions face à l’INF ou des équipes de club. Des blessures l’empêchent de disputer les rencontres internationales. « Forcément, j’étais déçue. J’avais forcé sur des blessures existantes en espérant que ça irait mieux mais ça ne m’aidait pas. »
2022 : Paris FC, le grand saut
« Le Paris FC m’offre l’opportunité de signer mon premier contrat professionnel de trois ans… Je sais que la concurrence va être forte, qu’il sera difficile de faire ma place. C’est vrai qu’au bout d’une première année un peu compliquée, j’étais un peu triste. Mais je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas que je lâche. J’ai bien fait. Je suis très heureuse d’être au Paris FC. J’ai prolongé de deux saisons, jusqu’en 2027, au mois de février. C’est la meilleure décision que je pouvais prendre. Le Paris FC est une grande étape dans ma carrière. Le Paris FC m’a permis de découvrir la Ligue des champions, de jouer contre des grands clubs, de voir si j’avais le niveau. La coach me fait confiance. Je me dis que j’ai peut-être le niveau mais que j’ai surtout beaucoup de choses à travailler pour m’améliorer. »
✒ 𝙇𝙤𝙪 𝘽𝙤𝙜𝙖𝙚𝙧𝙩 rejoint le Paris FC 👊 !
— Paris FC Féminines (@PFC_feminines) July 1, 2022
En provenance du @LOSC_Feminines, la jeune défenseure a signé un contrat de 3 saisons.
Bienvenue Lou 👋💙 pic.twitter.com/LVicGE8nLw
2022 : la Coupe du monde U20, un apprentissage accéléré
« Avant de faire l’Euro U19 en 2023, j'ai été retenue pour la Coupe du monde au Costa Rica avec les U20. Nous sommes éliminées en quart de finale par le Japon aux tirs au but (3-3, 3-5). Dans l’équipe, il y avait plusieurs joueuses qui sont devenues internationales A (comme Marie-Morgane Sieber, Jade Le Guilly, Thiniba Samoura, Alice Sombath ou Vicki Becho). Je n'avais joué que quelques minutes contre le Canada (3-1) mais cette expérience m’a beaucoup apporté. J'étais U18, la plus jeune du groupe. J'avais le sentiment qu’on comptait sur moi. Être sur le banc m’a permis de me rendre compte qu’il fallait s’accrocher pour faire sa place. L’Équipe de France, c’est une fierté. Je me souviens de mon premier paquetage. J’étais dans ma chambre dans la Résidence Sélections. J’avais fait une visio avec mes parents. Ils étaient très, très contents. Mais papa ne pouvait pas s'empêcher de me dire que ce n'était que le début, qu'il fallait que je donne le meilleur de moi-même si je voulais aller encore plus haut. »
2023 : l’Euro U19, l’immense frustration
Après un parcours prometteur, l’Équipe de France U19 échoue en demi-finale face à l’Allemagne, lors de la prolongation (2-3). « J’avais fait presque tous les stages et j’ai enchainé sur l’Euro. Avec Sandrine Ringler comme coach. Cette aventure est un superbe souvenir. Le plus marquant, c’est la victoire lors du Tour Elite contre le Portugal (2-1), qui nous qualifie pour la phase finale. C’était impressionnant, il y avait du monde. Un nul et nous étions éliminées. C’est un super souvenir. À l’Euro, je fais une erreur contre l'Allemagne en demi-finale qui entraîne leur troisième but. Je n'étais plus forcément lucide à ce moment du match (115e) mais je m'en suis voulu énormément. Cette erreur avait gâché tout mon stage. Mon père m'a consolée en me prenant dans ses bras. Ce match-là, on aura dû le gagner. Pendant une semaine, j'en ai pleuré, j'étais très mal. »
Lou Bogaert, à son arrivée à Clairefontaine le 21 octobre (photo Zoé JEULIN / FFF).
17 octobre 2024 : l’émotion de la première convocation en A
« Je n'ai pas appris ma première convocation en direct. En fait, quand elle a été dévoilée, je partais à l'entraînement. Mon père n'arrêtait pas de m'appeler. Mais quand je suis au volant, je ne décroche jamais. Ensuite, Kessya Bussy m’a appelée. Je me suis dit que j’avais fait une connerie, que j’étais en retard à l’entraînement. J’ai décroché. Direct, elle m’a félicitée. Tu es en Équipe de France. Dès que je suis arrivée, elle m’a sauté dessus. Je comprenais mieux pourquoi papa m’avait harcelée d’appels. »