NATIONAL

Pablo Correa : « Se réinventer en permanence »

vendredi 10 janvier 2025 - 07:42 - REDACTION
Pablo Correa entraîneur de Nancy

L'AS Nancy Lorraine attaque l'année 2025 à la première place du National, a égalité avec Boulogne. Avant un déplacement à Nîmes pour la reprise (J16), vendredi, Pablo Correa, l'entraîneur, revient sur le début de saison réussi de son équipe et ne cache pas ses ambitions.

Entre Montevideo et Nancy, plus de onze mille kilomètres, un océan et un homme : Carlos Curbelo. Éxilé en Lorraine, en 1972, deux fois international tricolore (1976), il joue huit ans à l'ASNL. Rentré au pays en 1988, c’est lui qui repère Pablo Correa, en 1995. L’ex-attaquant du Nacional et de Penarol passe cinq saisons à Nancy (138 matches, 32 buts) et y termine sa carrière en décembre 2000.
Nommé entraîneur à l’automne 2002, à seulement 35 ans, il obtient rapidement des résultats remarquables : titre de champion de D2 (2005) et victoire en Coupe de la Ligue (2006). Correa amène Nancy à la quatrième place de la Ligue 1 (2008), égalant la meilleure performance établié en 1977 avec les Platini, Rouyer et... Curbelo. À titre individuel, il est nommé meilleur entraîneur français de l’année par France Football, en 2006 et 2007.

Son premier départ de l'ASNL, en juin 2011, ne sera pas bien long. En octobre 2013, il la retrouve en L2 et la replace en L1 en trois ans (2016). La relégation la saison suivante lui coûte pourtant sa place, fin août 2017. Après deux expériences à Auxerre et au Royal Excelsior Virton (Belgique), Pablo Correa signe son retour en novembre 2023, alors que Nancy évolue en National et a complètement manqué son début de saison. Sous sa direction, l'équipe se redresse et finit sixième. Dans la foulée, l’objectif de la remontée en L2 est clairement affirmé par les dirigeants pour cette saison... 

La 16e journée de National à suivre vendredi (19h30) sur FFFtv et le Scores en Direct

Avec 27 points en treize matches (plus un à rejouer contre Aubagne le 14 janvier), les temps de passage de l’ASNL sont compatibles avec une éventuelle accession en Ligue 2, en mai, objectif annoncé du club. Entre août et décembre, les Lorrains ont été souverains à l’extérieur (4 victoires et 3 nuls, aucune défaite), moins à domicile, où ils ont déjà perdu six points (défaites contre Dijon et Paris 13 Atlético). Leur élimination précoce en Coupe de France, face à Bastia (L2) lors du 8e tour, les focalise encore plus sur leur ambition de montée, encore affirmée par la signature de l'attaquant marocain Zakaria Fdaouch (28 ans), le 1er janvier dernier.


Pablo Correa et sa nouvelle recrue, Zakaria Fdaouch, à l'entraînement début janvier (photo ASNL).

 UNE TROISIÈME FOIS À NANCY 
« J’ai de la reconnaissance pour ce club »

« Ce qui m’a poussé à revenir fin 2023, c’est la proximité avec les gens qui me l’ont demandé, déjà. J’ai un attachement pour ce club-là, qui m’a permis de m’exprimer comme joueur et comme entraîneur. Nancy avait besoin de résultats et j’ai de la reconnaissance pour ce club. Je ne me suis pas posé dix mille questions, sans penser à ma situation individuelle ». 

 LA PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 
« Domicile ou extérieur, on joue pareil »

« Nous avons un style de jeu, et on joue pareil partout, à domicile comme à l’extérieur. Un soir ça passe, un soir ça ne passe pas. Même dans les équipes de très haut niveau, cela arrive aussi de perdre à domicile. Moi, je ne compte pas si c’est à l’extérieur ou à la maison. Si on veut monter, et j’ai de l’expérience dans ce domaine en tant que joueur et entraîneur, il faut gagner des matches. On a perdu deux fois, avec deux scénarios différents. C’est le football, dans ce championnat il faut s’adapter.
J’avais eu une discussion avec mes joueurs, en leur disant que la Coupe de France, au départ, on allait la jouer à fond. Mais au bout d’un moment, elle est difficilement compatible avec un championnat comme le National. Pour aller loin en Coupe, il faut des moyens conséquents. A Bastia (défaite 2-0 le 29 novembre au 8e tour), le match a tourné au bout de trois minutes avec un pénalty et une expulsion, ça devenait beaucoup plus difficile, même si on est allé là-bas pour se qualifier ».

582
Le nombre de matches de l’ASNL dirigés par Pablo Correa depuis novembre 2002. C’est plus qu’Antoine Redin (390) et Laszlo Bölöni (256).
59 %
Le pourcentage de victoires obtenues en National avec Nancy depuis novembre 2023.
2
Avec Pablo Correa, Nancy est monté deux fois de L2 en L1, en 2005 et 2016.

 

 UN EFFECTIF RENFORCÉ 
« Fdaouch a un profil de dribbleur »

« Nous avons un effectif conçu pour des moments comme ceux-là dans la saison. On va faire des rotations avec les trois matches dans la même semaine qui viennent (à Nîmes le 10 janvier, à Aubagne le 14 et contre Valenciennes le 17) puisqu’une rencontre à rejouer est venue s’intercaler. Mais on a l’effectif pour garder l’intensité nécessaire dans ce championnat et essayer de s’imposer. J’avais dit en décembre qu’on n’avait pas de besoins spécifiques, sauf si une opportunité d’améliorer le groupe se présentait. Je savais qu’on était déjà en discussion avec Zakaria Fdaouch*. Le club l’a voulu et a saisi l’occasion de prendre un joueur de valeur pour ce championnat-là. C’est un complément offensif dans le groupe, avec un profil de dribbleur, très fort dans le un contre un, un des meilleurs passeurs, aussi. Ce n’est pas négligeable ».

* Formé aux Girondins de Bordeaux, passé par Saint-Malo (N2, 2021-2022, 11 buts, 4 passes décisives), Martigues (National, 2022-2023, 6 buts, 9 passes),  Dijon (National, 2023-2024, 10 buts et 8 passes) et le KMSK Deinze (D2 belge).   


Pablo Correa a déjà entraîné deux fois Nancy entre 2002 et 2011 et entre 2013 et 2017 (photo Philippe LE BRECH / FFF / APL).

 LE NATIONAL 
« Des joueurs qui  peuvent aller plus haut »

« J’ai dû apprendre à connaître le National. À la différence de pas mal d’entraîneurs, je suis arrivé de la partie haute, pas de la partie basse. Ça veut dire qu’il faut de l’humilité, de l’adaptation. C’est un championnat difficile, imprévisible. Mais j’ai remarqué quelque chose : toutes les équipes ont deux ou trois joueurs qui peuvent évoluer plus haut. Je n’avais pas conscience de ça avant d’entraîner en National. Il y a des joueurs qui vont devenir de bons éléments de Ligue 2 ou de Ligue 1. Le marché veut ça. Le football français se fait prendre des joueurs par des clubs étrangers, et même le National. J’ai vu des joueurs qui auraient pu jouer dans une de mes équipes en Ligue 1, sans problème. »

8 575
L’affluence moyenne au stade Marcel-Picot cette saison, la deuxième après Sochaux. La meilleure affluence est de 9 644 spectateurs contre Orléans, en décembre.
2
Nancy évolue pour la deuxième saison seulement en National. Le club lorrain a joué trente ans en Ligue 1 et vingt-cinq ans en Ligue 2.
3
Le nombre de titres obtenus par Pablo Correa avec l'ASNL : champion de France de L2 en 2005 et 2016, et Coupe de la Ligue 2006. Le club compte aussi une Coupe de France (1978) et trois autres titres en L2.


En conférence de presse après la victoire à Châteauroux (2-0) lors de la 13e journée (photo Sulyvan MANFROI / APL / FFF).

 L’AVENIR 
« Il faut un peu d’ambition »

« L’histoire de l'ASNL est finalement courte, c’est un club fondé en 1967, il n’est pas centenaire. Mais dans sa petite histoire, Nancy est une équipe qui a toujours évolué dans le bas de tableau de la Ligue 1 et dans le haut de tableau de la Ligue 2. Avec deux bonnes périodes et deux bonnes générations, celle des années 1970 avec Platini, et celle du début des années 2000, avec deux participations à une Coupe d’Europe et un titre (Coupe de la Ligue en 2006). Le but est de revenir en Ligue 2 parce que le modèle économique n’est pas viable en National.
Mais je me dis qu’après ça, il faut un peu d’ambition. Il faut revenir dans le circuit professionnel, mais si c’est pour seulement se maintenir en Ligue 2, ça risque d’aller plus vers le bas que vers le haut. À l’époque, quand Monsieur Rousselot (président de l'ASNL de 1994 à 2020) me disait « on va faire de Nancy une grande place du football », je lui disais que les grands clubs sont dans les grandes métropoles. Et encore plus aujourd’hui, avec le virage pris par le football moderne. Alors il faut exister d’une autre manière. Il faut de l’ambition, mais pas des objectifs inatteignables. Il faut se réinventer en permanence. On est focalisé sur le fait de retrouver la Ligue 2 et on concentre notre énergie là-dessus ». 

La 16e journée en bref

Après quatre semaines de trêve, le National revient pour sa 16e journée. L’affiche du jour opposera Sochaux (4e, 22 points) à Boulogne (2e, 27 pts). Autant dire que ça devrait bouger dans le haut du tableau, d’autant qu’Orléans (3e, 25 pts) reçoit Aubagne (8e, 18 pts), et que Concarneau (6e, 22 pts) est exempt. Le leader nancéen (27 pts) se déplace à Nîmes (13e, 15 pts), qui n’a plus gagné depuis quatre matches. Quant à Dijon (5e, 22 pts), à égalité avec Sochaux et Concarneau, il aura une belle carte à jouer en recevant la lanterne rouge, Châteauroux.
Dans la seconde partie de tableau, Valenciennes (12e, 17 pts) et son nouvel entraîneur Vincent Hognon vont tenter de mettre un terme à la série de trois défaites d’affilée en accueillant Paris 13 Atletico (15e, 14 pts), qui n’a que trois points de retard. Villefranche (16e, 13 pts) reçoit Bourg-en-Bresse (7e, 20 pts), et Versailles (14e, 15 pts) accueille QRM (11e, 18 pts) : ces deux clubs n’ont plus de temps à perdre, alors que Rouen (9e, 18 pts) et Le Mans (10e, 18 pts), au coude à coude, vont tenter d'améliorer leur situation.

 

 

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