Baptiste Ridira : « La ligne, c’est de construire »
Arrivé au Dijon FCO à l’été 2024, Baptiste Ridira découvre le National fort de ses sept ans d’expérience en N2. Et l'entraîneur du club bourguignon, quatrième du championnat avant la 20e journée ce week-end, vise plus haut.
Baptiste Ridira a quitté en juin 2024 le Saint-Pryvé Saint-Hilaire FC (Loiret), club de National 2 près d’Orléans, où il a passé huit ans. Puis il a signé au Dijon FCO, un ex-pensionnaire de Ligue 1 qui aspire à retrouver, dans un premier temps, la Ligue 2 dans les trois ans. Un projet ambitieux pour un jeune entraîneur (41 ans) qui l'est tout autant, ayant à sa disposition des moyens humains et matériels hauts de gamme, avec un stade (Gaston-Gérard) de 15 000 places, un centre de formation et des équipes de jeunes brillantes. Cet ancien gardien de but (il a joué un an en réserve à l'US Orléans) n’a pas seulement fait monter son club en N2 dès la première saison : il l’a maintenu sept fois et s’est offert quelques coups d’éclat en Coupe de France, en éliminant notamment Toulouse en 2020 et deux clubs de L2, Troyes, en 2018, et… Dijon, en 2022. Il a passé la saison dernière son Brevet d’entraîneur professionnel de football (BEPF) avec notamment Didier Digard (Havre AC) Fabrice Abriel (PSG féminines) ou Patrick Videira (Le Mans Fc).
La 20e journée de National est à suivre vendredi (19h30) et samedi (18h00 et 19h30)
sur FFFtv et Scores en Direct


À 41 ans, Baptiste Ridira découvre le National sur le banc du DFCO (photo Philippe LE BRECH / APL/FFF).
STABILITÉ
« Du temps pour construire une méthodologie »
« La stabilité qui existait à Saint-Pryvé Saint-Hilaire m’a permis de me construire, puisque c’était mon premier poste d’entraîneur d’une équipe première sénior. De mettre en place, dans un contexte de sérénité dans le travail, des idées que j’utilise dans mon nouveau club. De découvrir la Coupe de France, d’avoir des parcours gratifiants et de me frotter à des clubs plus huppés, comme Toulouse, Troyes, Dijon, Rennes ou Monaco. Le contact avec des clubs professionnels, les outils à disposition, tels que la vidéo ou les stats, tout ça m’a permis de construire une méthodologie et une manière de préparer les matchs qui se rapproche de celle du plus haut niveau. J’ai le bonheur, aujourd'hui, de les éprouver dans un club professionnel après avoir passé le BEFP la saison dernière. Par le passé, j’étais manager général de Saint-Pryvé Saint-Hilaire et focalisé sur la réussite de l’ensemble du club, la mise en place des éducateurs, de la politique technique et du fonctionnement de l’équipe première. Désormais, je me consacre uniquement à l’équipe première du DFCO, en National ».
UN NOUVEAU DCFO
« La volonté de s’inscrire dans un moyen terme »
« Le DFCO est en pleine reconstruction. J’ai été sollicité par le nouveau repreneur du club, Pierre-Henri Deballon, qui est arrivé avec une nouvelle vision des choses. Que ce soit avec le coach que je suis, issu d’un parcours amateur, ou avec le nouveau directeur général, Paul Fauvel, qui avait 28 ans à son arrivée, et le président 41 ans, il y a la volonté de s’inscrire dans un moyen terme, au minimum. J’espère que ce sera du long terme, mais évidemment ce sera questionné par les résultats, on est dans un milieu qui ne peut pas se permettre d’attendre. Malgré tout, la ligne directrice est de construire, même si on a des bases très saines, avec pour objectif de retrouver la Ligue 2 dans les trois prochaines saisons. Les infrastructures que je découvre depuis juillet, un staff pro avec plus de gens à temps plein et à disposition pour parfaire la préparation et la gestion de l’effectif, tout ça me permet de me concentrer sur mon métier d’entraîneur ».

Le record d'affluence au stade Gaston-Gérard cette saison est de 6 859 spectateurs, contre Sochaux (photo Maxime FOURNIER / FFF).
LE PUBLIC
« Attirer encore plus de monde au stade »
« En plus du soutien des supporters dijonnais, qui nous suivent depuis le début de saison et sont remarquables, on espère attirer un plus large public, ça fait partie des objectifs de la nouvelle direction. Que venir au stade soit une vraie expérience pour les spectateurs et les supporters. On s’inscrit dans cette démarche avec notre projet de jeu : avoir un jeu tourné vers l’avant, avoir la possession, c’est ce qu’attendent les gens qui s’intéressent d’un peu plus loin au football. Depuis le début de saison, on a montré des valeurs d’abnégation, de solidarité, d’humilité, et on veut enclencher sur cette dynamique pour faire venir encore plus de monde au stade, évidemment ».
LES FÉMININES
« On échange entre les staffs »
« Les bons résultats de l’équipe féminine (4e en Arkema Première Ligue), je n’y suis pas pour grand chose, on va être clair ! Il y a un staff qui a fait un gros travail. La prise en compte du football féminin au FDCO est entière. Des gens sont pleinement dédiés à ça et font un très bon travail. On le voit aussi depuis deux saisons avec les U19 Féminines qui ont accédé à la poule Élite. Cette sensibilité que j’ai eu en temps que conseiller technique au District du Loiret, me permet d’avoir une vision globale d’un club et de faire en sorte que tout le monde puisse cohabiter au mieux. Avec le staff de l’équipe féminine et le coach Sébastien Joseph, on est amenés à échanger, à travailler sur l’aspect technique et tactique, sur la gestion des joueuses et des joueurs. On a eu aussi l’occasion de mutualiser la présence des joueurs et des joueuses sur des événements des partenaires, ça fait partie de l’énergie positive et collective d’un club ».
LES JEUNES
« Faire émerger des talents issus du territoire »
« Aujourd’hui, avec les U17 qui ont de bons résultats, les U19 et la N3, l’objectif est de construire un parcours du joueur au sein du club, pour amener à terme un maximum de joueurs issus de la formation dans l’équipe première. On veut aussi faire émerger de jeunes talents issus du centre de formation, mais encore plus, issus du territoire. On le fait avec le jeune Mathéo Moussa, titularisé à plusieurs reprises en Coupe de France ou en National. C’est une grande fierté pour le club, qui s’est positionné sur la conservation de l’agrément pour le centre de formation pour la saison prochaine, malgré les difficultés financières ».

Paul Delecroix a signé cinq clean-sheets en douze matches en National, cette saison (photo Maxime FOURNIER / FFF).
LA DÉFENSE
« On s’est peut-être déséquilibrés »
« Des entraîneurs vous diront que leur priorité est d’établir une assise défensive. Je pense que c’est un tout, défendre est un état d’esprit, c’est le message qu’on a fait passer à l’équipe. On n’a pas dit « il faut absolument ne pas prendre de but », on était parti plutôt sur un jeu de possession, de jeu vers l’avant, mais on a réussi quand même à traverser la première partie de saison avec la meilleure défense du championnat (seulement huit buts encaissés lors des seize premières journées). Ce n’est plus le cas depuis deux matches, avec cinq buts encaissés (2-2 à Boulogne et 3-3 contre QRM). On espère retrouver cette stabilité défensive, et continuer à avoir de l’efficacité offensive. On s’est peut-être déséquilibrés défensivement, et il va falloir rétablir la balance.
Dans la première partie de saison, à chaque fois qu’on était menés, on a systématiquement perdu les matches (4 fois, contre Bourg, QRM, Valenciennes et Villefranche). À l’aller, contre QRM on est menés 1-0, on égalise et on perd sur le fil 2-1. Au retour, on est menés 2-0, on égalise juste avant la mi-temps, on est à nouveau menés et on trouve les ressources pour revenir à la 89e (3-3, le 24 janvier). À Boulogne aussi, on a été mené deux fois au score avant d’égaliser. Notre équipe progresse, les garçons font preuve de caractère et d’abnégation ».

Baptiste Ridira et l'entraîneur des gardiens Magno Macedo Novaes (photo Vincent POYER / DFCO).
LA MONTÉE
« Tout est permis »
« Le niveau du National est conforme à celui que j’avais observé lors des saisons précédentes puisque pour moi, c’était une étape évidente après mon passage à Saint-Pryvé Saint-Hilaire pendant sept ans en N2. Il y a un niveau très homogène avec des équipes qui peuvent battre tout le monde et des clubs qui bataillent fort pour exister à ce niveau. Le projet de Ligue 3 professionnelle qui arrive devrait donner un relief différent à ce championnat d’ici 2026. Au club, on ne se fixe pas de limite temporelle pour revenir en Ligue 2. L’objectif des trois ans, c’est une deadline. Aujourd’hui, on avance sans pression, mais on est au contact avec le haut du classement (Dijon est 4e à six points de Boulogne, avec un match en moins). Tout est permis pour nous et on a des motifs d’espoir avec des jeunes qui sont en apprentissage. On ne se gênera pas si on peut récupérer une des trois premières places ».
La 20e journée en bref
Six matches sont programmés vendredi à 19h30, et deux se joueront samedi : Dijon-Le Mans à 18h00 et Versailles-Aubagne à 19h30. Boulogne (33 pts) est exempt mais sa deuxième place n’est pas menacée, et encore moins celle du leader Nancy (36 pts), qui se déplace à Villefranche. Orléans (3e, 29 pts) compte en effet quatre points de moins que les Boulonnais mais pourrait se rapprocher s’il prend des points à Concarneau. Le club loirétain reste à portée de Dijon (4e, 27 pts), qui reçoit Le Mans (6e, 26 pts), et d’Aubagne (5e, 27 pts), qui se déplace à Versailles.
Avec seulement trois points d’écart entre le quatrième (Dijon, 27) et le dixième (Bourg-en-Bresse, 24), tout peut aller très vite dans le milieu de tableau, que vont chercher à intégrer Rouen (qui reçoit Nîmes), son rival local QRM (qui joue à Bourg) et l’étonnant Paris 13 Atletico (en déplacement à Sochaux). Châteauroux, qui n’est plus qu’à trois points du maintien, accueille un Valenciennes (8e) en pleine ascension.
