Damien Ott : « Je suis loin d'être un sorcier »

Arrivé en octobre sur le banc de l'AS Cannes, Damien Ott a su redonner confiance à son groupe. Le bilan ? Une place de leader en National 2 et un quart de finale en Coupe de France, ce mardi.

« Il est petit mais grand par le talent, c'est Maxime Blanc ! » Vendredi soir, les vestiaires du stade Joly à Saint-Priest ont résonné du cri de la victoire des joueurs de l'AS Cannes (2-1), avec ce message tout particulier pour leur coéquipier.

𝑰𝒍 𝒆𝒔𝒕 𝒈𝒓𝒂𝒏𝒅 𝒑𝒂𝒓 𝒔𝒐𝒏 𝒕𝒂𝒍𝒆𝒏𝒕 𝒄’𝒆𝒔𝒕 𝑴𝒂𝒙𝒊𝒎𝒆 𝑩𝒍𝒂𝒏𝒄 🗯️🔊 pic.twitter.com/2YPPnLH4DN

— AS Cannes (@ASCannes1902) February 21, 2025

Blanc, en échec depuis le début de saison, auteur d'un but splendide - une frappe de 20 mètres en pleine lucarne - à la dernière seconde du match, est le symbole d'une équipe en pleine confiance, transformée depuis l'arrivée sur le banc de Damien Ott (59 ans), le 14 octobre dernier. Et qui ne laisse que des miettes à ses adversaires, tant en en championnat de N2 (groupe A) qu'en Coupe de France, où elle affrontera, comme en 2014 au même stade de la compétition, l'En Avant de Guingamp (5e de Ligue 2) ce mardi, à 21h00, à La Bocca. 

« Le sac à dos était lourd à porter »
Pourtant, l'effet du "sorcier", comme l'appellent certains supporters cannois, ne s'est pas immédiatement fait ressentir. Son premier match ? Une défaite au stade Pierre-de-Coubertin contre Hyères. Puis il y a eu cette qualification pour le 7e tour de la Coupe de France sur le terrain de Six-Fours Le Brusc (Régional 1), sa première victoire officielle à la tête des Dragons (3-1).

Damien Ott donne les consignes à ses joueurs lors du match contre le FC Lorient (2-0), lors des 16es de finale de la Coupe de France (Pascal DELLA ZUANA / ICON SPORT).

« À mon arrivée, il a fallu ôter tout le sac à dos qui était trop lourd à porter sur les épaules, raconte l'ex-coach d'Avranches, Bourg-en-Bresse et Colmar en National, passé aussi sur le banc de Troyes en Ligue 1 dans le rôle d'adjoint aux côtés de Laurent Batlles. Ce poids était lié aux déceptions et à la pression. Donc il y a eu l'aspect mental à gérer avant l'aspect tactique et ça ne pouvait pas se faire en un coup de baguette magique. Il fallait un peu de temps pour se laver les têtes. »

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Depuis ce revers face aux Hyérois, les joueurs de La Croisette restent sur dix-huit matches sans défaite, coupe et championnat confondus. Un parcours qui a propulsé l'équipe du milliardaire américain Dan Friedkin, déjà propriétaire de l'AS Rome et d’Everton, de l'avant-dernière à la première place de son groupe de National 2.

Alors, magicien, sorcier, Damien Ott ? « Je n'aime pas trop qu'on m'appelle comme ça, parce qu'en football, ça va très vite, poursuit le natif de Bâle (Suisse). Il y a des périodes favorables et d'autres moins. Je fonctionne juste avec mes convictions et ma conception du football, qui correspondent à ce que le public attend et ce que les joueurs veulent. L'alchimie s'est faite. Mais je suis loin d'être un sorcier. Tout reste fragile. Si j'ai un secret (rire) ? Alors je vais garder pour moi ! Plus sérieusement, c'est une histoire d'atmosphère liée au travail. J'ai amené du sourire un peu partout. »

« J'adore ma relation avec les supporters »
Du sourire, du partage -  « J'adore ma relation avec les supporters » - et aussi quelques changements tactiques. Comme le repositionnement de quelques joueurs : « Je le répète souvent, le football est un jeu d'échecs. Si tu mets un cavalier ou une tour sur des cases qui ne leur correspondent pas, on ne peut pas avancer. Il faut mettre les pièces, c'est-à-dire les joueurs, sur les bonnes cases, afin qu'ils s'expriment le plus favorablement possible. »

Arrivé sur le banc de l'AS Cannes en octobre, Damien Ott a su apporter un nouveau souffle à une équipe en difficulté (photo Pascal DELLA ZUANA / ICON SPORT).

Richard, qui tient la page Facebook "Cannes football forever", a lui aussi noté le changement : « Damien Ott amène de la "grinta", ça se voit de la première à la dernière minute. Les supporters se sont repris à rêver. On espère que la série va durer ! Il a repositionné Houssen Abderrahmane en défenseur central et Cheikh N'Doye en numéro 6, il fallait y penser, et permis l'éclosion de Julien Domingues (21 buts cette saison) et de joueurs comme Chafik Abbas, qui sont transformés. »

Très proche des supporters, au point qu'il n'est pas rare de le voir partager une bière – avec modération – en leur compagnie derrière la tribune du stade Coubertin après les matches, Damien Ott, qui se considère comme un coach « identitaire, singulier et authentique », emploie souvent les mots « transmission » et « énergie ». Désormais, il espère « partager des émotions et vivre une belle ambiance » contre Guingamp : « C'est l'essentiel. Sincèrement, je ne cherche pas à être considéré, j'ai passé l'âge pour ça. Je cherche le plaisir. Je prends du plaisir à coacher mon équipe et je veux prendre du plaisir à la voir pratiquer le football que je souhaite. C'est une adéquation entre ma générosité et ce qu'elle produit. Et avec les supporters, c'est pareil. »