RSO

SF Besançon, les pionnières du Futsal

samedi 8 mars 2025 - 09:55 - Richard LOYANT
Plateau U8 féminines futsal SF Besançon Pierre-Étienne Demillier

Le club du Sporting Futsal Besançon a créé la première école féminine de Futsal en France, offrant à une vingtaine de jeunes filles accès au sport, pratique régulière et apprentissage social.

Pour permettre aux jeunes filles du quartier Planoise de pratiquer une activité sportive, le Sporting Futsal Besançon (SFB) a créé la première école de Futsal 100 % féminine de France. Initiée il y a trois saisons, elle accueille aujourd’hui trois fois par semaine une trentaine de joueuses de tous les niveaux, des U6 aux U15 (photo principale, lors du premier plateau U8 en présence de Pierre-Étienne Demillier, sélectionneur de l'Équipe de France féminine futsal). Cette initiative répond à plusieurs objectifs : permettre l’accès au Futsal aux jeunes filles d’un quartier prioritaire qui, pour leur majorité, ne s'adonne à aucun sport, couplé aux apprentissages des compétences nécessaires à la pratique, à la cohésion d’équipe et aux codes favorisant leur insertion sociale.
Derrière cette réalisation couronnée par les Trophées Philippe-Séguin 2024 du Fondaction du Football, dans la catégorie « mixité et diversité », se trouve la « multicartes » Marie Falquerho. Responsable de cette école, elle est aussi à 28 ans joueuse et membre du Comité directeur du club, licenciée en foot à onze au Racing Besançon, éducatrice socio-sportive de la Police nationale dans le civil et, depuis fin 2024, élue au Conseil d’administration de la Ligue Bourgogne Franche-Comté.

 LA CRÉATION 
« Très peu de jeunes filles pratiquaient du sport »

Fondé en mai 2013 par quatre amis issus du foot à onze pour participer au nouveau championnat Futsal lancé par la Ligue Bourgogne Franche-Comté, le SF Besançon a d’abord été exclusivement composé de seniors garçons avant de s’ouvrir progressivement aux catégories de jeunes. Il compte aujourd’hui trois-cents licenciés, dont deux-tiers de jeunes issus à 90 % de Planoise, quartier prioritaire de la politique de la ville du sud-ouest de Besançon, mais aussi une quarantaine de féminines réparties entre une équipe senior d’une douzaine de joueuses et les U6 à U15 de l’école féminine de Futsal. 

Marie Falquerho résume le processus de création de la structure : « Un diagnostic établi sur le club et le quartier a montré que très peu de jeunes filles de Planoise s’adonnaient au sport en général, et que neuf sur dix n’en pratiquaient pas en club. De ce constat est partie l’idée de développer une offre spécifique pour ce public. On avait déjà un pied en intervenant au niveau de la section Futsal du collège Diderot quand l’association Bouge +, créée à peu près au même moment sur le quartier*, nous a sollicités pour proposer un temps de Futsal le soir après l’école. On a volontiers accepté mais en demandant qu’il soit réservé aux jeunes filles. Cela a tout de suite fonctionné, on s’est rapidement retrouvé avec vingt petites de 8 à 10 ans sur ces créneaux en soirée. À partir de ce succès, on s’est dit : pourquoi ne créerait-on pas une école de Futsal féminine ? ». 

Mi-novembre 2022, le SFB annonce sur son réseau social la tenue de deux séances portes ouvertes d'ici à la fin de l'année, en prélude à l’ouverture de cette structure pour le début 2023. « On a commencé avec cinq à six joueuses pour terminer avec une vingtaine de jeunes filles cinq mois plus tard, se souvient l’éducatrice. On savait qu'on allait en perdre pour la saison suivante car à ces âges-là, on essaie puis on arrête pour tenter d’autres sports. Mais on a gardé les plus motivées et de nouvelles se sont ajoutées ». Pour atteindre aujourd’hui la trentaine de jeunes joueuses.

* Créée en juin 2021 par une quinzaine d’enseignants volontaires du quartier, l’association Bouge + œuvre au développement d'activités physiques, sportives et socio-culturelles pour les élèves des écoles en réseau d'éducation prioritaire + (REP+) de Planoise.

Lors d’une opposition entre jeunes futsaleuses (photo SF Besançon).

 LE QUARTIER 
« Une éducation des joueuses mais aussi des familles »

Trois créneaux leur sont réservés, comme l’explique Marie Falquerho. « On a souhaité plusieurs séances dans la semaine pour que les familles puissent venir au moins à une. La première a lieu le mardi soir à 18h00 au gymnase Châteaufarine, très pratique car il permet à beaucoup de jeunes filles de s’y rendre seules et à leurs parents d’être rassurés par cette proximité. On a ensuite le mercredi matin pour les plus petites à notre Play Arena, un complexe de football à cinq où le club a son siège. On propose enfin le samedi matin au gymnase, dont on profite aussi pour organiser des petits matches ou des oppositions contre des équipes extérieures, pour celles qui souhaitent découvrir le futsal ». 

Une souplesse essentielle pour parvenir à mobiliser un public difficile à capter. « Il y avait au départ certaines réticences des parents, a constaté l’éducatrice. Pour beaucoup de familles, le sport en général et le foot en particulier sont considérés davantage pour les garçons et pas pour les filles, qui restent à la maison en ayant des responsabilités familiales. Il a donc d’abord fallu créer du lien avec ces jeunes filles. Exercer dans ce quartier a été une grande force puisque les familles me connaissaient et avaient confiance. J’ai réussi à en convaincre grâce à cela mais aussi en montrant qu’elles pouvaient pratiquer du foot entre filles, sans se mélanger aux garçons, ce qui a aussi rassuré les parents ». 

En parallèle, Marie Falquerho « travaille au quotidien l’apprentissage des codes sociaux et comment s’insérer dans la société. C’est une éducation de ces jeunes filles mais aussi de familles qui ont souvent un système de fonctionnement très particulier. Certaines viennent d’arriver en France depuis des pays où des pratiques telles que prévenir lorsqu'on est absent, envoyer ou répondre à des messages, ou être ponctuel ne sont pas toujours habituelles. Ce sont ces codes sociaux qu’il faut énormément répéter au début et qui, finalement, portent leurs fruits, les jeunes filles les transmettant même par la suite à leurs parents ».

Un atelier lors d’une séance d’entraînement (photo SF Besançon).

 L’ÉVOLUTION 
« Certains stéréotypes ont été cassés »

Marie Falquerho a également constaté que cette pratique hebdomadaire a permis « une énorme évolution, notamment pour des jeunes filles qui étaient très réservées et celles aux sorties limitées. Venir à cette école leur a appris à vivre dans un collectif, à communiquer entre elles et avec les éducateurs… Elles ont pris de l’assurance. Des petites qui parlaient très peu, voire pas du tout, ont aussi commencé à s’ouvrir, à discuter avec beaucoup plus de monde et ont désormais envie de venir pratiquer alors qu’elles n’étaient pas forcément sportives de base. Elles sont beaucoup plus volontaires qu’avant ». 

Les changements ont également été palpables pour les autres composantes du club, notamment masculines. « Certaines familles dont les garçons étaient déjà au club ont proposé à la petite sœur de venir pratiquer le futsal, quelques-unes sont entrées par cette porte, se réjouit l’éducatrice. Cette création a été globalement très bien perçue, on sent vraiment une ferveur et aussi des seniors garçons s’ouvrir à cette idée que les filles aussi puissent pratiquer, dans un quartier où il reste quand même pas mal de stéréotypes par rapport au foot et aux femmes en général. Cela permet d’en casser certains. Plusieurs éducateurs et bénévoles venus m’aider sur les jeunes ont aussi été très agréablement surpris par la motivation de ce groupe de filles. L’ensemble bénéficie à tout un club axé comme les autres sur la performance, bien sûr, mais tout autant sur les aspects socio-éducatifs ».  

Les joueuses, éducatrices et éducateurs de l’école féminine de Futsal du club (photo SF Besançon).

 L’AVENIR 
« Gagner encore en visibilité »  

Trois saisons après les débuts de cette initiative, quelques enseignements peuvent être transmis à ceux qui souhaiteraient la transposer. « D’abord, établir un état des lieux de ce qui se passe localement au niveau des clubs. La grosse difficulté qui peut se présenter, c’est que trop soient réticents face à cette pratique. C’est pour cela que l’on a encore besoin de doubles licences pour pouvoir pratiquer un maximum car si d’autres clubs ne jouent pas le jeu, on ne peut pas monter de championnat. Pour nos jeunes filles, on s’est efforcé de nouer des liens avec d’autres clubs afin de proposer des matches amicaux et promouvoir la pratique. Cela demande beaucoup de patience, il ne faut pas se fixer d’objectif trop élevé en termes d’effectif au départ. On a eu la chance que cela a bien pris dans l’ensemble mais il faut y aller doucement. Il ne faut pas non plus fermer la porte à la mixité pour les jeunes filles et leurs familles qui le souhaitent ». 

Lancée sur de bons rails, l’école du SFB ne demande désormais qu’à croître dans un environnement pourtant très concurrentiel. « On a gagné en visibilité, ce qui était aussi notre objectif car nos équipes seniors ne sont qu’en Régional dans une ville habituée au très haut niveau en handball (ES Besançon en D1 féminine, Grand Besançon DH en D2 masculine) et basket-ball (Besançon AC en N1 masculine). La mairie travaille beaucoup sur Planoise et les différents autres quartiers prioritaires de la ville pour développer un maximum d’actions pour les jeunes et les familles mais on a une très grosse problématique sur les gymnases, avec peu de créneaux disponibles que la municipalité doit répartir entre plusieurs sports. On a quand même senti un changement cette saison grâce à notre trophée Philippe-Séguin, qui a montré toute l’utilité de notre action. Doucement mais sûrement, on a gagné en crédibilité même si cela reste fragile car le Futsal n’est tout simplement pas encore assez connu et donc développé, d’autant plus pour les filles ».


Clément Verdy, responsable du pôle féminin et sportif du SFB, et Marie Falquerho, avec le président de la FFF Philippe Diallo à la remise des Trophées 2024 (photo Bruno BADE / Fondaction du Football).

 LE SF BESANÇON EN VIDÉO 

 

Les bonnes pratiques du football amateur

Avec cette série des « Belles réussites du football amateur », la FFF met à l’honneur les initiatives et actions engagées par ses clubs partout en France. De quartier ou ruraux, avec plus ou moins de licenciés et licenciées mais toujours la même passion des pratiquants et pratiquantes, éducateurs et éducatrices, dirigeants et dirigeantes, de tous âges et toutes générations.

fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Uber Eats logo Volkswagen logo