Jordan Gonzalez : « Versailles est un club atypique »
Découvrir le National en prenant un poste en cours de saison et à seulement 34 ans, c’est le défi compliqué qu’a relevé Jordan Gonzalez au FC Versailles, invaincu depuis cinq matches avant la 25e journée ce soir (19h30).
C’est le deuxième plus jeune entraîneur de National (après Laurent Combarel, au FC Villefranche). À 34 ans, Jordan Gonzalez a signé en novembre dernier au FC Versailles, qui venait de se séparer de Jean-Luc Vasseur, alors que Jérémy Clément assurait l’intérim. Après Lyon La Duchère (National 2), il a pris en charge Bourg-en Bresse pendant cinq mois en 2023-2024, puis est parti à Lyon s’occuper des jeunes du centre de formation (et des U17 puis des U19). Ses débuts dans les Yvelines ont été compliqués, puisque Versailles n’a pris qu’un point en six matches jusqu’à fin janvier (un nul, cinq défaites). Mais un recrutement conséquent et un temps d’adaptation nécessaire ont renversé la tendance : depuis début février, le FCV 78 a enchaîné trois victoires consécutives et deux nuls, en battant notamment Orléans et Nîmes, après avoir été mené au score. À neuf matches de la fin, il manque encore huit points, selon Jordan Gonzalez, pour assurer le maintien.
La 25e journée de National est à suivre vendredi (19h30) sur FFFtv et Scores en Direct
Jordan Gonzalez avec le directeur sportif Salomon Kashala (photo Hugo PFEIFFER / ICON SPORT).
SON PARCOURS
« Je ne m’y attendais pas »
« En tant qu’entraîneur, je ne m’attendais pas à être à ce niveau-là aussi jeune, et même plus tard. Au départ, c’était plus par passion et pour donner un coup de main à des clubs. Puis je me suis professionnalisé, j’ai pris du plaisir et j’ai eu des sollicitations et des opportunités qui font que maintenant je peux en vivre et en faire mon métier.
J’avais quitté Bourg début 2024 pour m’engager à l’Olympique lyonnais, au centre de formation, ça m’apportait de la stabilité et la sécurité de l’emploi. J’y prenais beaucoup de plaisir, mais c’était un plaisir différent de ce que j’ai pu connaître les saisons précédentes avec les seniors, ça me manquait un peu. Avec Versailles, j’ai eu l’opportunité de retrouver ce monde et celui du National, un niveau que je n’avais connu que comme second adjoint en charge de la vidéo à Lyon Duchère. Je trouvais que c’était une belle opportunité d’un point de vue sportif, et retrouver ce monde qui me manquait et pour lequel je suis plus à même d’être performant ».
VERSAILLES
« Ne pas faire comme tout le monde »
« Ça a été un choix assez simple à faire. Après, ce qui m’a plu à Versailles, c’est de ne pas faire comme tout le monde : je suis jeune, je n’ai pas eu de carrière de joueur. C’est atypique, mais le club est atypique aussi, de par son histoire, ses dirigeants. Travailler avec des gens qui ont la même perception de la vie, avec un œil nouveau sur la pratique du foot, c’était intéressant pour moi.
L’aspect humain est important pour moi, d’avoir en face des personnes droites, avec un projet cohérent, sur du moyen et long termes, pour avoir une vision stable. Il faut aussi que les valeurs du club et de la direction correspondent aux miennes : être honnête, juste, avoir la passion, la discipline et la rigueur dans le travail ».
SES INFLUENCES
« Avec Pierre Sage, j’ai beaucoup appris »
« Pierre (Sage) c’est un peu mon mentor ! J’ai appris beaucoup à Lyon avec lui, sur la méthodologie, la structuration de ses idées, sur les différentes méthodes d’entraînement. Avec Hervé (Della Maggiore), c’était beaucoup d’échanges sur l’aspect tactique quand il était manager et moi entraîneur à Bourg-en-Bresse, dans le management, sur l’aspect humain. J’ai une top relation avec lui, c’est quelqu’un de vraiment bien. Chacun m’a apporté, et aujourd’hui je me suis construit grâce à leur expérience ».
Jordan Gonzalez et son capitaine Samy Baghdadi dans le couloir du stade du Hainaut à Valenciennes (photo Thomas JOBARD).
DEUX MOIS DIFFICILES
« Il fallait faire les efforts ensemble »
« Il a fallu deux mois de travail ensemble avec les joueurs pour que chacun s’adapte à l’autre, avec mes méthodes et ma philosophie. Il fallait se découvrir, réapprendre à s’entraîner en tant qu’équipe, puis avec l’arrivée de certains joueurs sur le mercato qui ont apporté de la fraîcheur et du dynamisme, et qui répondent à un besoin que j’avais ciblé dans le jeu. Collectivement, les joueurs ont pris conscience de la situation quand on s’est retrouvé relégable. Pour s’en sortir, il fallait faire les efforts ensemble. Les victoires ont appelé les victoires, et le groupe est déterminé à retrouver une autre place dans ce championnat. On veut chercher rapidement le maintien et remonter au classement pour finir dans la première partie ».
LA DYNAMIQUE
« L’apport des recrues a été plus rapide que prévu »
« Aujourd’hui, l’équipe a pris conscience de sa force. Avant que nos résultats positifs arrivent, on a eu deux rencontres où on menait 3-0 (contre Paris 13 Atletico, score final 3-3) et 2-0 (à Nancy, score final 2-3), et après on prend trois buts, avec un joueur en moins… On sentait que mentalement on était fébrile et que la période difficile de fin 2024 était encore présente. On a beaucoup travaillé sur l’aspect mental pour redonner de la confiance aux joueurs, et ça été payant. Et la première victoire (contre Aubagne, 2-0) a été un déclic. Et parmi les recrues de janvier, Anis El Hriti a apporté son expérience, son caractère, ça a dynamisé le groupe et aujourd’hui, on sait qu’on est capable de renverser des situations quand on est mené. L’apport des recrues a été plus rapide que prévu, les cinq nouveaux se sont vite intégrés à l’équipe, dans le jeu et dans la cohésion, on n’a pas l’impression qu’ils viennent d’arriver. Ils ont été très performants sur le terrain, on s’est pas trompé sur les hommes et les joueurs, et eux sont investis pour réussir ici ».
Le mois de février a vu un net redressement du club avec trois victoires consécutives (photo Thomas JOBARD).
SA JEUNESSE
« Le respect n’a pas d’âge »
« Le fait d’avoir des joueurs plus âgés que moi (Sébastien Rénot, Anis El Hriti et Jonathan Kodjia ont 35 ans), certains peuvent le voir comme du négatif ou de difficile à gérer. Je le vois plutôt comme une opportunité. J’ai le même âge qu’eux, mais le respect n’a pas d’âge, on doit se respecter. Mes objectifs avec les joueurs, c’est d’être juste avec eux, de répondre à leurs besoins, dans l’entraînement, dans le jeu. Après je suis transparent avec eux, cash, pour qu’on ait une bonne relation. Je respecte l’homme, et je travaille avec le joueur de foot. La proximité d’âge permet aussi une proximité dans la relation, c’est important pour moi, et donc c’est simple à gérer ».
LE MAINTIEN
« Il nous reste huit points à prendre »
« La saison dernière, il y avait six descentes, le maintien était très compliqué. Cette année, il n’y en a que deux, mais c’est tout aussi difficile. Le National, c’est un championnat compliqué, pour la montée et pour le maintien. On a ciblé le maintien à 35 points, l’objectif c’est de l’atteindre le plus rapidement possible. Il nous en reste huit à prendre. Dans nos confrontations directes, on va jouer Châteauroux (le 21 mars), Villefranche (le 28 mars) et Concarneau ce vendredi. Trois équipes qui sont dans la même situation que nous. Et les deux équipes relégables aujourd’hui (Nîmes et Châteauroux), de par ce qu’elles produisent, ne le seront peut-être plus en fin de saison. Aujourd’hui, il faut attraper le bon wagon pour s’éloigner de la zone de relégation qui se resserre de week-end en week-end ».
Le sprint pour le maintien est engagé, mais l'objectif est de finir dans la première partie du tableau (photo Thomas JOBARD).
La 25e journée en bref
Pour illustrer la densité du National cette saison, un constat : le FC Rouen (30 pts), placé au milieu du tableau (9e sur 17) et qui accueille Villefranche, est à huit points de la place de barragiste pour l’accession en L2, mais à sept de la lanterne rouge, Châteauroux (23 pts), qui se déplace au Mans. Et comme Paris 13 Atletico, 15e (24pts), est exempt, la Berrichonne et Nîmes (23 pts), qui accueille Dijon, peuvent tenter de s’extraire de la zone de relégation…
Nancy (1er, 42 pts), qui a perdu trois de ses cinq derniers matches, va tenter de se remettre à l’endroit en recevant QRM, pendant que Boulogne (2e, 40 pts), à l’affût à seulement deux points (et un match en moins) aura fort à faire à Orléans (4e, 36 pts). Valenciennes (5e, 34 pts), invaincu en 2025, devra faire attention à des Sochaliens (10e, 27 pts) blessés, qui n’ont plus gagné depuis fin novembre. Aubagne (8e) et Bourg-en-Bresse (7e), au coude-à-coude (31 pts), se livreront un duel de promus avec pour objectifs d’engranger les quelques points qui leur manquent pour assurer le maintien. Ce n’est pas fait pour Concarneau (14e, 26 pts), qui reçoit Versailles (11e, 27 pts), les deux équipes ayant des trajectoires inverses : les Thoniers n’ont gagné aucun de leurs cinq derniers matches, les Versaillais n’en n’ont pas perdu.