Pierre-Étienne Demillier, Doubs rêveur

Premier sélectionneur de l'histoire de l'Équipe de France Féminine Futsal, le Doubiste (47 ans), piqué dès le plus jeune âge au football, fait l'unanimité par sa simplicité et son côté fédérateur.

Sa voix, claire et posée, résonne dans le gymnase de Clairefontaine. Elle hypnotise, presque, des joueuses déjà changées, prêtes à mettre en pratique le cours théorique d’un sélectionneur le temps d’un instant professeur. Pédagogue, Pierre-Étienne Demillier (47 ans) aurait pu l’être, sans doute, mais lui ne rêve, depuis toujours, que de football. « C’est un passionné, et le mot est peut-être un peu faible, souffle Maurice Jacquot (61 ans), qui l’a côtoyé à Baume-les-Dames, petite commune de sa Franche-Comté natale. Il a toujours vécu pour le foot et tout ce qu’il fait, c’est avec le cœur. »

« Partir d’une page blanche, c’est quelque chose de passionnant »
Le petit gars de la campagne en mettait déjà pas mal, môme, lorsqu’il jouait au ballon dans le jardin familial. Au milieu de son théâtre des rêves, le Doubiste était pourtant loin d’imaginer sa destinée, celle d’être à tout jamais le premier sélectionneur de l’Équipe de France Féminine Futsal, officiellement née le 24 août 2023. Un défi un peu fou mais taillé sur mesure pour Pierre-Étienne Demillier. « Partir d’une page blanche, c’est quelque chose de passionnant, s’enthousiasme celui qui est aussi conseiller technique régional de la Ligue Bourgogne Franche-Comté. Le livre est vierge et il faut écrire, et surtout bien écrire au début. La mission, c’est de faire naître comme il faut cette équipe, avec des fondations solides. C’est comme quand tu construis une maison : il faut éviter que ça parte dans tous les sens. »

« P.E. », pour les intimes, connaît la recette. Bâtisseur dans l’âme, il a très vite mis de côté son honorable carrière de footballeur amateur régional à 25 ans pour transmettre sa passion. D’abord au foot à 11 avec, déjà, une appétence pour ce qui n’existait pas. « J’aime bien lancer des choses, être à l’initiative. Avant d’intégrer les différents staffs des Équipes de France Futsal en 2011, je m’occupais des garçons (à 11, NDLR) mais j’ai créé, dans trois clubs par lesquels je suis passé, des équipes féminines. Modestement, cela me correspond pas mal de bâtir et développer », dit-il avec humilité.

Tout le monde loue le côté fédérateur de Pierre-Étienne Demillier, ici accroupi entouré de son staff et ses joueuses (photo Charles LÉGER / FFF).

Dans sa région qu’il affectionne tant, l'AS Baume-les-Dames (2002-2004), le CA Pontarlier (2004-2007) et l’Entente Roche Novillars (2007-2009) ont profité de sa passion dévorante. Mickaël Paget, qui a notamment succédé à Pierre-Étienne Demillier sur le banc de l’ERN, n’est pas surpris de la trajectoire de « son vieux pote. Il a structuré son chemin et construit son parcours avec intelligence, sans brûler les étapes. Il vit foot et fédère autour de lui. »

Tactiquement, Pierre-Étienne est un bon entraîneur mais il y a, en plus, ce côté très humain

Mickaël Paget, entraîneur à  Roche Novillars

Prolixe, il n’est pas rare que le sélectionneur tricolore s’attable durant des heures pour parler de foot, souvent, de sport, toujours, mais aussi de ses trois filles en bas âge (2, 7 et 10 ans), son moteur. Installé avec sa compagne du côté de Besançon, ville hôte (19-22 mars) du tour qualificatif à la première Coupe du monde Féminine Futsal, le quadragénaire a su rester simple. « Ma vie à la campagne m’apporte pas mal de sérénité, lâche le coach. J’aime partager des moments conviviaux et en sélection, c’est la même chose. Je le fais très régulièrement avec mon staff. Il y a un point sur lequel je ne transige pas, c’est l’ambiance au sein du groupe. C’est essentiel pour bien travailler. » « En Franche-Comté, c’est très important d’être un bon vivant, sourit Mickaël Paget. Tactiquement, Pierre-Étienne est un bon entraîneur mais il y a, en plus, ce côté très humain. Ce qui m’a vraiment frappé chez lui, c’est sa fidélité. »

Il l’est depuis bientôt quinze ans au Futsal, une discipline parmi d’autres pour lui au départ. Touche-à-tout, du Beach Soccer au foot en marchant, et ouvert d’esprit, le Franc-Comtois a vite accepté la proposition de Patrick Pion, Directeur technique national adjoint, en 2011. « Le Futsal est très spectaculaire. Quand tu cherches des émotions, c’est l’idéal », appuie le sélectionneur. Ce qui est sûr, c’est que Pierre-Étienne Demillier a fini par trouver celles après lesquelles il courait dans le jardin de ses parents.