Abdessamad Mohammed : « En Géorgie en mission »

Les Bleus jouent mercredi soir en Géorgie (17h00, FFFtv) leur qualification pour l'Euro Futsal 2026. Un objectif que le meilleur buteur tricolore a coché sur son calendrier et celui de son équipe.

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« Vous allez disputer le sixième et dernier match de la campagne de qualification à l’Euro. La France est première, invaincue, avec trois points d’avance sur la Géorgie. Cette confrontation à Tbilissi a un réel parfum de finale ?
Oui, bien sûr. Sixième match déjà, j'ai envie de dire tellement cette campagne de qualification est passée vite. On sort à peine de la Coupe du monde et là on est déjà en train de préparer notre dernier match de qualif'. Ce match, qui plus est face à la Géorgie, aura forcément un parfum particulier. Oui, c'est la finale du groupe et on se doit de s'imposer, pour déjà s'envoyer un message à soi-même et se dire qu'on a fait un sans faute, et puis aussi pour commencer à préparer la suite.

Avec le résultat du match aller et trois points d’avance au classement, considérez-vous être dans une position confortable avant de défier les Géorgiens chez eux ?
Moi, je préfère être dans notre position que dans celle des Géorgiens, c'est une évidence. Maintenant, une position confortable, je ne suis pas sûr. On sait que quand on est dans la position de l'équipe qui n'a rien à perdre, qui doit aller chercher un résultat, la motivation est toute trouvée. Maintenant, on est un groupe quand même différent, et atypique, je pense. On arrive à trouver des leviers de motivation à chaque match, parce qu'on est un groupe jeune, on a encore envie de monter en puissance. C'est un match motivant à jouer pour rester premiers. J'ai envie qu'on finisse le travail vraiment de la meilleure des manières.

Abdessamad Mohammed lors du match aller contre les Géorgiens le 17 décembre dernier à Orléans (photo Daniel DERAJINSKI / ICON SPORT). 

Vous n’avez laissé que des miettes à vos adversaires depuis le début des qualifications…
Oui mais le match aller m'a quand même un peu frustré. On prend deux buts en toute fin de match alors qu’on mène 5-0. On n'a rien laissé, on a quand même survolé la rencontre, et sur des actions un peu anodines, sur rien du tout, ils ont marqué deux buts. Personnellement, cela reste quand même une petite alerte pour le match de ce soir, mais globalement on est très satisfaits de notre parcours de qualif'. Le match de ce soir va justement nous permettre d'acter cette montée en puissance de l'équipe.

Sur un match de Futsal tout peut aller très vite mais vous avez un petit matelas et cela fait longtemps que l’on n'a pas vu l'Équipe de France faillir..
Au Futsal, c'est très, très souvent la meilleure équipe qui gagne. Si on met les mêmes ingrédients que depuis le début des qualifs, et je ne vois pas pourquoi ça serait pas le cas, on met le maximum de chances de notre côté de gagner le match. C'est ce qu'on va faire, et puis voilà. L'équipe est concentrée. Je m'attends à un match très chaud, très tendu. Je suis venu plusieurs fois ici, une fois avec les U21, en 2010, une fois avec l'Équipe de France, en 2021. On a appris et j'ai beaucoup appris de ces matches-là. L'équipe peut utiliser des leviers qui ne sont pas forcément sportifs, pour pouvoir mettre le doute chez l'adversaire, et quand on parle d'expérience, c'est typiquement là que ça va nous aider. Oui je m'attends à un match très disputé, face à un adversaire qui va essayer d'embrouiller le match, mais on a quand même une équipe insouciante, et on en a vu d'autres. Cela va peut-être nous perturber par moments, mais je pense qu'on a une ligne directrice claire, et même si on s'en détourne un petit peu, on sait où on veut aller.

Vous avez marqué 38 buts lors de cette campagne, aucune autre équipe n'a fait mieux…
D'autres équipes aussi sont en pleine forme pendant ces qualifs, sept équipes sont sur un sans-faute pour l’instant (Ukraine, Slovénie, Pologne, Croatie, Espagne, Portugal et France), donc on n'est pas les seuls, mais on y est et ça, c'est une évolution notable. Maintenant, très sincèrement, j'ai envie qu'on finisse les qualifs sans prendre de but, parce qu'à la base on a construit notre évolution et notre route sur une grosse défense. On a déjà encaissé six buts, ce n’est pas énorme, on est dans la moyenne basse, mais si on peut rester à ce total et marquer un nombre de buts encore plus important, on ne s’en privera pas. Mais il ne faut pas non plus faire trop attention à ces statistiques. Jeudi matin, elles seront toutes effacées.

On n'a pas de limites, on est sur un sprint constant. On ne sait pas jusqu'où on va aller, mais en tout cas, on avance très vite.

 

Ce qui ne s'efface pas, c'est la dynamique depuis la Coupe du monde. Vous n'êtes pas encore rassasiés ?
L'épopée a été formidable sportivement à la Coupe du monde, on a passé des très bons moments. Cela a été plus le début de quelque chose que la fin d'un cycle. Ça nous a ouvert encore plus l'appétit, ça nous a fait croire en nous encore plus. C'était déjà le cas, mais ce résultat nous a permis de tout de suite switcher sur un truc différent avec ces qualifs de l’Euro. On ne savait pas qu'on pouvait aller en Coupe du monde, on ne savait pas qu'on pouvait aller en demi-finale, et là maintenant, on n'a pas de limites, on est sur un sprint constant. On ne sait pas jusqu'où on va aller, mais en tout cas, on avance très vite.

Abdessamad Mohammed (au centre), concentré vers l'objectif des Bleus, l'Euro 2026 (photo Charles LÉGER / FFF).

Il y a quatre ans, l'Équipe de France était venue ici, elle s'était inclinée 3 à 2. De l’eau a coulé sous les ponts...
Oui, pour les deux équipes, j'ai envie de dire. C'est un petit point d'étape important. Très sincèrement, je ne suis pas dans un esprit de revanche plus que ça. J'ai envie de dire qu'il y a quatre ans, on était sur un pied d'égalité, alors que tout n'était pas très correct de leur part en alignant des joueurs brésiliens, mais je n'ai pas envie de trouver ça comme excuse. Ce match, on l'a perdu, alors qu'on devait le gagner, et aujourd'hui, n'importe quels joueurs, n'importe quelle équipe, on a envie de les battre. On est la France et on veut battre tout le monde. On mesure notre progression. On a "fermé pas mal de dossiers"avec l'Équipe de France, que ce soit contre la Serbie, la Slovénie, le Brésil, toutes ces équipes avec lesquelles on avait un passé pas très glorieux. Ce soir, c'est l’occasion de "fermer un nouveau dossier". J'ai envie de me qualifier, sans passer par les barrages. C’est notre objectif. Je ne vois pas pourquoi on changerait le cap alors que c'est le match le plus important. Depuis la Coupe du monde, l'équipe continue de travailler, ses matches le prouvent.

Sur quoi continue-t-elle de s'améliorer ?
Sur plusieurs aspects. Quand on a le ballon, je trouve que les équipes sont plus respectueuses, nous laissent plus le temps de jouer. Avant, on était mis sous pression plus rapidement et on n'avait pas le temps de réfléchir pour l'utilisation du ballon. Donc, on a gagné le respect de l'adversaire, il ne peut pas sortir n'importe comment, nous presser comme si on n'avait pas de qualités. Sur un dribble, ils peuvent se retrouver en difficulté. Après, l'aspect offensif, 38 buts marqués : on a toujours été une équipe qui aimait attaquer, mais comme je l'ai dit, on était surtout une grosse défense. Là sur l'aspect offensif, il y a un vrai pas en avant. Ensuite, au niveau de la mentalité, les jeunes qui rentrent dans le groupe se mettent au parfum, donc on arrive à intégrer plus de joueurs. On va dire que le train avance, les gens qui montent dedans sont tout de suite dans le rythme. C'est vraiment important qu'il n'y ait pas d'écart entre ceux qui arrivent et ceux qui sont là depuis un moment.

Tbilissi est une sacrée étape sur notre chemin vers la Lituanie et la Lettonie. On espère qu’on sortira avec un sacré butin.

 

À titre personnel, on vous sent accompli.
Oui, je me sens très bien, physiquement et même dans ma tête. J'ai une petite frustration quand même parce que j'aurais aimé aider un peu plus l'équipe au niveau statistiques. Après, je ne suis pas quelqu'un qui fait l'analyse de mes matches à travers les statistiques. Je suis très content de ce que je produis avec l'équipe. Même si je ne marque pas, je suis décisif en faisant des passes. Et si je ne fais pas de passe décisive, j'essaie de communiquer autour de moi une énergie positive et conquérante en mettant une grosse intensité, en usant l'adversaire. Je sens que j'emmène quand même les gens avec moi. Je suis accompli, je me sens bien. L'âge n'est pas ou plus un problème. Il y a quelques années, j'avais vraiment une appréhension par rapport à ça. Mais je m'entraîne dur, je m'entraîne bien, je me sens en pleine forme. L'âge n'est pour moi qu'un chiffre aujourd'hui.

Vous venez de parler d’esprit conquérant, c’est l’esprit qui anime l’équipe ?
Oui, on est venu en Géorgie en mission, donc, on est un peu dans le même champ lexical. Oui, on est une équipe conquérante, une équipe avec des valeurs très fortes. On se bat beaucoup les uns pour les autres, il y a vraiment cette unité. S’il faut retenir un mot : on est conquérant et on n'est pas rassasié. Tbilissi est une sacrée étape sur notre chemin vers la Lituanie et la Lettonie. On espère qu’on sortira avec un sacré butin. Ce n’est pas pas moi qui vais banaliser l’enjeu d’une qualification à l’Euro. J'ai eu la chance de jouer l'Euro, en 2018 et je pense qu'on aurait mérité plus. Mais cela reste le seul Euro. Il faut vraiment faire le maximum pour se qualifier ».