Gaël Clichy : « Conscient de repartir à zéro »
Avec beaucoup d'humilité, d'énergie et de détermination, Gaël Clichy (39 ans) a entamé en août 2023 sa carrière d'entraîneur comme adjoint des Bleuets.
Après vingt ans de carrière au plus haut niveau, trois Premier League remportées (2004, 2012, 2014) et vingt sélections chez les Bleus, Gaël Clichy a dit stop, au crépuscule de la saison 2022-2023. Avec la même passion et beaucoup d'humilité, l’ancien défenseur, qui fêtera ses 40 ans le 26 juillet prochain, est passé de l’autre côté de la barrière. Adjoint de l’Équipe de France Espoirs depuis l’été 2023, il a croqué dans l’aventure des Jeux Olympiques de Paris 2024 (médaille d'argent) et vit pleinement l’Euro U21 2025 en Slovaquie, où la France affrontera le Danemark, dimanche 22 juin (18h00, sur W9 et BeIN SPORTS 1) en quarts de finale. Aux côtés de Thierry Henry puis de Gérald Baticle, l’énergique Gaël Clichy a trouvé sa place.
Gérald Baticle, le sélectionneur des Espoirs, dit que vous êtes « l’énergie » du groupe. Cela vous caractérise bien ?
« J’étais déjà comme ça en tant que joueur. Dans la vie, on a besoin d’être compétent, sérieux, mais sans énergie, c’est compliqué d’aller chercher les choses. Je m’en rends un peu plus compte depuis que je suis entraîneur. On ne peut pas demander aux joueurs d’avoir de l’énergie et, nous, le staff, d’être à plat. Ça fait partie de moi. J’essaye aussi d’être un père énergique avec mes enfants, peut-être que ma femme dira autre chose sur ça (sourire).
L’Équipe de France a toujours voulu dire beaucoup pour moi.Gaël Clichy
Pourquoi avez-vous accepté ce rôle d’adjoint des Espoirs, en août 2023 ?
Dans le football, la nature décide pour nous à un moment donné, en raison de l’âge. À la fin de la saison 2022-2023, mon idée était de continuer à jouer encore un an. Je devais signer dans un club de Ligue 2 et j’avais en tête de faire partie des trois joueurs de plus de 23 ans pour participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024. À quelques jours de parapher mon contrat, Thierry (Henry) m’a appelé pour me dire qu’il voulait que je le rejoigne pour l’assister en Équipe de France Espoirs. Cela faisait déjà quelques années que je passais mes diplômes d’entraîneur et je sentais que cela me stimulait. Et puis l’Équipe de France a toujours voulu dire beaucoup pour moi. L’intégrer avec Thierry (Henry) et Gérald (Baticle), dans l’optique d’une compétition en France dix mois plus tard (les JO), a été une chance.
Gaël Clichy a vécu l'aventure des JO de Paris 2024 avec Thierry Henry et Gérald Baticle (photo ICON SPORT).
Qu’est-ce qui vous plaît dans le rôle d'entraîneur ?
Les "anciens" me disaient que le "kif" ultime après avoir été joueur, c’était de devenir coach. Je ne sais toujours pas si je serai un bon entraîneur mais j’ai toujours senti que ce rapport avec un groupe me plairait. J’aime aider les gens, les rendre meilleurs et avoir un impact sur leur vie. C’est aussi une opportunité de prolonger ma passion. On est un nombre de personnes très réduit à avoir la chance d’en vivre, comme joueur ou entraîneur. Et encore plus en sélection. Je me rappelle une phrase que Didier Deschamps a prononcée quand je jouais encore : "Peu importe le club où tu évolues, le nombre de spectateurs qu’il y a dans le stade, le nombre de trophées que tu peux gagner, l’Équipe de France sera toujours au-dessus de tout." À l’époque, cela m’avait interpellé. Aujourd’hui, quand je regarde dans le rétroviseur les moments forts de ma carrière, ils sont souvent liés à la sélection, même s’il y a eu des passages compliqués. Commencer ma nouvelle vie par l’Équipe de France Espoirs est un rêve.
L'ancien latéral gauche, ici sous le regard de Guy Stéphan, compte vingt sélections avec les Bleus (photo Guillaume BIGOT / FFF).
Ce rôle d’adjoint est aussi un bon moyen pour lancer votre nouvelle carrière.
Je suis conscient de repartir à zéro. Il faut être humble et apprendre afin de progresser. J’ai énormément appris avec Thierry (Henry) car sur l’aspect tactique, je suis très lié à lui. Comme moi, il a connu Arsène Wenger et Pep Guardiola. Là, je viens de passer 45 minutes à discuter avec Gérald (Baticle) et je me rends compte que les personnes plus expérimentées ont toujours quelque chose à apporter. Je me force à être une éponge pour apprendre de tout le monde.
Est-ce difficile de repartir à zéro quand on a connu le très haut niveau comme joueur pendant vingt ans ?
C’est difficile quand on a un ego qui va au-delà de ce qu’il doit être. À Arsenal et à Manchester City, je jouais tous les trois jours devant 80 000 personnes. Mais ces gens-là ne venaient pas voir jouer Gaël Clichy, hormis ma mère, mon père, ma femme et mes enfants (sourire). Ils étaient là pour Thierry Henry, Sergio Agüero… Quand on a conscience de cela, c’est plus facile d’accepter de devoir commencer en bas. Je ne me suis jamais vu comme quelqu’un de talentueux. J’ai toujours pensé que je devais travailler, mettre beaucoup d’énergie pour arriver à quelque chose. Finalement, j’ai réussi à réaliser une très belle carrière avec ces ingrédients. Cela doit me servir de socle pour devenir un bon coach.
J’ai envie d’être le plus performant possible comme entraîneur et aujourd’hui, mon rôle est d’être le meilleur assistant pour Gérald (Baticle)Gaël Clichy
Entraîner a-t-il toujours été un objectif ou cela est-il venu durant votre carrière ?
J’ai évolué plus de vingt ans au très haut niveau, avec des coaches comme Didier Deschamps, Laurent Blanc, Arsène Wenger, Roberto Mancini… Mais j’étais pleinement investi dans mon job et je n’ai pas eu trop le temps de réfléchir à autre chose. C’est seulement ma dernière saison à Manchester City, la première de Pep Guardiola, qui m’a fait basculer dans une autre façon de penser. J’arrivais à un certain âge (32 ans) et voir travailler Guardiola était juste fou. La relation qu’il avait avec le groupe, son staff… Je me suis dit : "Si c’est ça être entraîneur, j’ai envie d’essayer.".
Gaël Clichy en compagnie de Gérald Baticle, le sélectionneur des Espoirs, et Alan Berrou, le préparateur physique (photo Germain REZÉ / FFF).
Quel coach avez-vous envie d’être ?
J’aimerais pouvoir être celui autoritaire quand il faudra l’être, mettre la main autour de l’épaule d’un joueur quand cela serait nécessaire, être tactiquement à la pointe… Ça, c’est le costume du coach idéal. Après, selon le club où tu te trouves, les attentes et les objectifs ne seront pas les mêmes. Ma carrière se dessinera au fil des années. J’ai envie d’être le plus performant possible et aujourd’hui, mon rôle est d’être le meilleur assistant pour Gérald (Baticle) et relais entre le groupe et le staff.
Quel regard portez-vous sur la formation française ?
Le vivier est énorme. Avec les Espoirs, quand un joueur n'est pas disponible, on fait appel à un autre quasiment aussi talentueux. Et quand le deuxième ne peut pas venir, on a un troisième choix qui, pour beaucoup d’autres nations, aurait été le premier. On a en charge un groupe jeune, que l’on doit améliorer mais tous les éléments évoluent dans de grands clubs. Je me rends compte qu’ils sont capables d’exécuter sur le terrain le message qu’on leur transmet. C’est un réel plaisir. Je n’aurais pas pu rêver mieux comme premier job. »
Gaël Clichy n'hésite pas à faire travailler individuellement les joueurs, comme ici Thierno Barry, lors de la fin d'une séance à Zilina (photo Daniel DERAJINSKI / ICON SPORT).
Calendrier et résultats
Groupe C
- Mercredi 11 juin 2025 :
- Portugal - France 0-0
- Pologne - Géorgie 1-2
- Samedi 14 juin 2025 :
- France - Géorgie 3-2
- Portugal - Pologne 5-0
- Mardi 17 juin 2025 :
- France - Pologne 4-1
- Géorgie - Portugal 0-4
Classement : 1. Portugal, 7 pts (+ 9) ; 2. France, 7 pts (+ 4) ; 3. Géorgie, 3 pts (- 4) ; 4. Pologne, 0 pt (- 9).
- Quarts de finale :
- Portugal - Pays-Bas, samedi 21 juin (18h00), à Zilina
- Espagne - Angleterre, samedi 21 juin (21h00), à Trnava
- Danemark - France, dimanche 22 juin (18h00, sur W9 et BeIN Sports 1), à Presov
- Allemagne - Italie, dimanche 22 juin (21h00), à Dunajska Streda
- Demi-finales :
- Angleterre - Pays-Bas, mercredi 25 juin (18h00 ou 21h00), à Bratislava
- Allemagne ou Italie - Danemark ou France, mercredi 25 juin (18h00 ou 21h00), à Kosice
- Finale
- Samedi 28 juin 2025 (21h00), au National Football Stadium de Bratislava