ARBITRAGE

Éric Wattellier : « L’arbitre fait partie du jeu »

lundi 6 octobre 2025 - 09:37 - Ilan MERHABA
Éric Wattellier

Chirurgien-dentiste deux jours par semaine, président de district le jeudi et arbitre de Ligue 1 chaque week-end… Portrait d’Éric Wattellier qui conjugue ses trois casquettes avec une constante : le plaisir. 

Reconnu pour sa pédagogie et son sens du dialogue, Éric Wattellier est de ceux qui rappellent que l’arbitre n’est pas seulement un homme en noir mais aussi un médiateur et un passionné au service du jeu. À la tête du district des Pyrénées-Orientales depuis décembre 2020, le chirurgien-dentiste de 38 ans s’attache à pérenniser un football de proximité, accessible et structuré.

En sa qualité d’arbitre international, celui qui vit sa 8ème saison en Ligue 1 McDonald’s met l’accent sur le recrutement, l’accompagnement et la fidélisation de ses jeunes arbitres, faisant de son district un élément moteur en matière d’arbitrage. À l’occasion des Journées de l’Arbitrage, rencontre avec un passionné engagé qui ne se limite pas à ses 90 minutes hebdomadaires. 

Éric Wattellier en bref

Né le 7 septembre 1987, à Perpignan (Pyrénées-Orientales)
Profession : chirurgien-dentiste
District : Pyrénées-Orientales, président
Nombre de matchs en L1 : 126
Premier match en L1 : SM Caen - Nice (1-1), 18 août 2018

 ARRIVÉE À L’ARBITRAGE 

« J'ai commencé l'arbitrage à 16 ans. Mon entraîneur de l’époque, qui était également arbitre, m’a poussé. Il m’arrivait de le suivre sur les rencontres qu’il arbitrait le week-end. Ça m’a plu immédiatement donc il m'a dit de me lancer. On s’est alors rapproché du district pour que je participe à la formation. Son aide m’a été très bénéfique d’où l’importance d'avoir des référents arbitrage dans chaque club. S'il y a des jeunes joueurs qui veulent se lancer dans la formation, ça permet de les aiguiller, les orienter pour se lancer dans l'arbitrage. Notre pratique était moins démocratisée quand j’ai débuté, aujourd’hui c’est beaucoup plus facile de trouver un guide. »

 SON REGARD SUR LES JOURNÉES DE L'ARBITRAGE 

« Actuellement, la difficulté n’est plus de recruter, c’est de fidéliser. On a du mal à conserver nos arbitres plus de deux saisons, ce qui peut être compréhensible chez les plus jeunes car ce n’est pas évident de se retrouver seul dans le grand bain. C’est là que les Journées de l’Arbitrage nous permettent de leur témoigner de l’importance, du soutien et de véhiculer des messages positifs autour de la fonction. Grâce à cette opération qui s’étend sur tout le pays, la pratique de l’arbitrage poursuit sa démocratisation auprès du grand public et on en récolte déjà les fruits avec les nouvelles générations d’arbitres qui naissent. »

Éric Wattellier, en rouge, lors de la remise des écussons aux nouveaux arbitres de son district des Pyrénées-Orientales pour la saison 2025-2026 (photo Facebook / District des Pyrénées-Orientales).

 L’ARBITRAGE DANS LE DISTRICT 66 

« Le district des Pyrénées-Orientales est une locomotive sur la question de l’arbitrage. À l’occasion des Journées de l'arbitrage, on réalise chaque année des opérations de sensibilisation et des événements ludiques pour attirer de nouveaux profils. Mais si le district est autant en avance à ce niveau-là, c’est grâce au travail de fond réalisé toute l’année. On effectue une promotion constante de la pratique, en communiquant positivement sur tous les canaux à notre disposition, pour toucher le plus de monde possible, ce qui nous facilite la tâche en matière de recrutement. Ensuite, tout est mis en œuvre pour protéger nos jeunes, qu’ils ne subissent pas l’arbitrage et puissent vivre pleinement leur passion. On a une oreille attentive pour chaque besoin qu’ils nous remontent. C’est essentiel de les accompagner au mieux, de les décharger de tout ce qui ne concerne pas l’aspect terrain. Ce sont énormément de moyens, humains et financiers qui sont alloués à la communication et à l’encadrement. Notre département est assez petit donc c’est plus simple d’avoir un contact rapproché avec nos arbitres et nos futures recrues (rires). Ce travail conséquent paye, nous sommes l’un des districts qui a le plus recruté au cours des dernières années. »

 8ÈME SAISON DANS L’ÉLITE : OBJECTIFS ET SOUHAITS 

« Il y a toujours des objectifs, sinon on stagne et on n'évolue pas. Il est primordial de  se remettre en question après chaque match, d’aller chercher la performance et une forme de cohérence sur la durée. Et puis, évidemment, c'est ça une obligation, ne pas rater les incontournables. Il y aura toujours des situations qui peuvent être sujettes à interprétation. Mais à côté de ça, il y a des incontournables (pénaltys clairs, fautes dangereuses…) à ne pas manquer et on travaille tous les jours pour ça. 

Cette saison, prendre un maximum de plaisir, c'est ma priorité. Il y a beaucoup de pression au haut niveau, il faut réussir à s'en extirper pour rendre la pratique agréable. Après, sur mes souhaits personnels ça peut être, forcément, arbitrer de belles affiches, une finale de Coupe de France par exemple ! Ce sont des souhaits personnels qu'on se fixe mais qui ne peuvent arriver qu’en étant performants et à la recherche de l’excellence. » 

Communiquer avec le sourire, la volonté d'Éric Wattellier (photo Anthony BIBARD / FEP / ICON SPORT).

 SA VISION DU MÉTIER 

« J’aime être dans le dialogue, faire preuve de pédagogie avec les acteurs, leur expliquer mes décisions. J’ai cet ADN, c’est quelque chose d’inné et c'est inhérent à l'arbitre lui-même parce qu'on n'a pas tous les mêmes personnalités. Cette volonté d’instaurer le dialogue ne m’empêche pas d’être ferme quand la situation le demande. Mon métier de chirurgien-dentiste me permet d’avoir un pied en dehors du football, de prendre de la hauteur et d'avoir du recul par rapport au ballon et à l'arbitrage de haut niveau. L’arbitre fait partie du jeu et il faut s'adapter à la rencontre. Est-ce que les acteurs veulent jouer ? Est-ce que, finalement, ils ne sont pas dans un grand soir et il faudra siffler un petit peu plus parce qu'ils ont moins envie de jouer, ils réclament un peu plus ? Tout ça, ce sont des éléments qu'il faut analyser. L'arbitrage, c'est une permanente remise en question et une capacité d'analyse à la fois du match, des équipes, des temps forts, des temps faibles qui font qu'on va varier notre manière d’officier. C'est ça qui est passionnant. On a la chance de faire un métier où il n'y a jamais de routine. Chaque match est différent, c'est incroyable. Finalement, j’estime qu'on est tous là pour le football. Il n’y a pas deux camps qui s’opposent avec les arbitres d’un côté et les joueurs, entraîneurs, dirigeants de l’autre. »

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