Bernard Diomède : « Notre 1er tour va nous servir »

Avant de disputer son 8e de finale de la Coupe du monde U20 au Chili la nuit prochaine (1h00), le sélectionneur Bernard Diomède dresse le bilan de la première partie de la compétition, évoque son groupe et le match à venir face au Japon.

Malgré les contraintes liées à la non-libération de plusieurs joueurs sur lesquels elle comptait et un effectif réduit quantitativement, l'Équipe de France U20 est parvenue à s'extirper d'une poule aussi équilibrée que rude, où trois équipes ont fini avec six points (États-Unis, Afrique du Sud et France). Le premier objectif, qui était de passer le 1er tour du Mondial, a donc été validé.

Maintenant, c'est une autre compétition qui débute pour la bande à Bernard Diomède, à l'heure des 8es de finale : elle a rendez-vous cette nuit avec le Japon (1h00, en direct sur La Chaîne l'Équipe), qui a survolé son groupe avec trois victoires (2-0 contre l'Égypte et le Chili, 3-0 devant la Nouvelle-Zélande) sans encaisser de but. Un défi de taille pour les Bleuets, et une revanche à prendre face à la sélection japonaise qui les avait battus en mars dernier (1-3).

À quelques heures de la rencontre, le sélectionneur tricolore revient sur ce premier chapitre riche en enseignements, évoque la gestion d’un groupe diminué et peu expérimenté, salue la montée en puissance d’un collectif qui s’affirme au fil des matches et aborde le défi japonais avec exigence.

« Quel bilan sportif tirez-vous de la phase de poules ? 
Nous étions dans un groupe très relevé avec le champion (Afrique du Sud) et le vice-champion (États-Unis) de leurs confédérations respectives. Ces deux équipes sont venues avec des effectifs stables, garnis de toutes leurs armes, pendant que nous avons dû composer avec différentes contraintes à ce niveau-là. Malgré cela, nous terminons avec six points, en ayant été compétitifs sur les trois matches et nous avons même pu faire tourner l'effectif face à la Nouvelle-Calédonie. C’était loin d’être gagné donc je souhaite vraiment valoriser la performance de mes joueurs, ils peuvent être fiers d’avoir passé ce tour. Progressivement, nous sommes montés en puissance.

Comment avez-vous réussi à trouver le bon équilibre pour performer avec cet effectif réduit ? 
Avoir disputé la phase de poules avec seulement dix-neuf joueurs est un petit exploit. Le mérite revient à l’ensemble du groupe, dans lequel j’inclus bien évidemment mon staff. Nous avons tissé une relation de confiance avec les joueurs, afin de gérer au mieux les états de forme, le temps de jeu de chacun et adapter si besoin les séances, les soins ou le repos, afin d’être au top physiquement et mentalement. Le fait d’être un peu dans le dur nous a permis d’engranger beaucoup d’expérience en très peu de temps et ça va nous servir pour aborder la suite.

Chaque but est une libération pour les Bleuets (Marcelo HERNANDEZ - FIFA/FIFA via Getty Images).

Votre groupe comporte quelques joueurs qui étaient de la partie à l’Euro U19 et pour le reste, la nouveauté est de mise. Certains disputent même leur première compétition internationale. De quelle manière gère-t-on une sélection aussi hétérogène en matière de vécu ?
Encore une fois, je tiens à féliciter mes joueurs, qui ont immédiatement adhéré au message porté par le staff et moi-même. La difficulté, c’est de trouver des leaders, des joueurs référents. Les leaders de l’Euro U19 ne sont pas forcément ceux du Mondial que nous disputons. Saïmon (Bouabré), par exemple, qui vient de nous rejoindre, il était le petit jeune en 2024. Maintenant, il a un statut différent et des responsabilités à endosser. Avoir des joueurs référents, qui ont un passé avec nous, est primordial, en dehors et surtout sur le terrain car ils sont les garants de notre identité. Pour les nouveaux, leur intégration s’est très bien déroulée. Ils acceptent, avec humilité, de devoir leur présence à l’absence d’un joueur non libéré par son club et ça, c’est très facilitant. Au-delà de la différence d’expérience, c’est surtout avec d’autres nations que le fossé est grand. Chez nous, Rabby (Nzingoula) est le plus expérimenté en professionnel, avec une trentaine de matches professionnels. Dans l’équipe des États-Unis, plusieurs joueurs évoluent ou ont évolué en MLS. Le capitaine, Benjamin Cremaschi, a disputé plus de cent rencontres en pro avec l’Inter Miami, il a joué les Jeux olympiques et connu les A. Ce n’est pas le même vécu.  

Depuis la fin du 1er tour, notre mentalité est claire : on gagne, on change de ville, on perd, on rentre au pays.

 

Vos joueurs sont capables de varier les styles de jeu et d’évoluer dans différents systèmes. Face à un Japon qui aime venir presser haut et favorise les attaques rapides avec des joueurs qui se projettent vite, comment abordez-vous la rencontre ?
Mes joueurs savent faire beaucoup de choses, on a pu le voir lors de nos trois matches de poule. Nous avons énormément de facilité pour arriver aux abords de la surface adverse en quelques passes mais nous savons également faire circuler le ballon et construire nos actions sur plusieurs phases de jeu. Il faudra aborder ce match avec l’exigence d’une rencontre à élimination directe : être rigoureux, disciplinés, efficaces. Les Japonais aiment exploiter l’espace, à nous de resserrer les lignes au maximum afin de minimiser leurs chances de progresser. Même si on parle d’adaptation, nous devons conserver nos principes, à savoir aller chercher haut l’adversaire, fixer d’un côté pour renverser de l’autre, fixer aussi dans l’axe, notamment avec l’arrivée d’un joueur comme Saïmon (Bouabré) qui va nous apporter de la créativité. Il ne faut pas se limiter à une manière de jouer et amener un maximum de variété pour être le plus imprévisible possible.

Saïmon Bouabré, qui a déjà évolué à l'échelon supérieur, chez les Espoirs, vient renforcer les U20 pour la suite du tournoi (photo Germain REZÉ / FFF).

Vous les avez affrontés au printemps dernier en amical (défaite 3-1). En quoi ce match vient aider à préparer ce 8e de finale ?
Effectivement, nous les avons joués en mars et ce n’était pas une bonne prestation. Le plan de jeu mis en place n’avait pas été respecté. Nous comptions beaucoup sur nos individualités mais certaines d’entre-elles étaient en recherche de confiance. L’important sera d’avoir un bloc-équipe compact, d’être capable de construire, d’avancer ensemble pour éviter de rencontrer des difficultés à la perte de la balle et ainsi leur faciliter la tâche en transition. Aujourd’hui, nous avons un collectif que nous n’avions peut-être pas il y a quelques mois.  

Si vous veniez à passer le Japon, la suite serait plus abordable avec un potentiel quart de finale face au Paraguay ou la Norvège. Vous y pensez ?
Pour ma part, non, je n’y pense pas. Le staff non plus. Mais les joueurs, c’est plus fort qu’eux, ils ont regardé ce qui les attendait ensuite et c’est à nous de leur faire garder le cap sur le Japon. Nous nous devons de prendre les matches les uns après les autres. Depuis la fin du 1er tour, notre mentalité est claire « on gagne, on change de ville, on perd, on rentre au pays » (rires). »