La qualif' vue par Diomède

Après la qualification des U20 tricolores pour les quarts de finale du Mondial chilien (1-0 face au Japon dans la nuit de mercredi à jeudi), le sélectionneur Bernard Diomède revient avec satisfaction sur la rencontre.

« Avant de parler de football et du collectif, que vous inspire cette belle qualification, pour vos joueurs, pour le staff ?
Elle est très belle et surtout importante pour les joueurs car elle récompense tous les efforts accomplis depuis notre arrivée au Chili. Ils ont à cœur de montrer que dans cet effectif, il y a de la qualité, des ressources et de la personnalité. Je suis fier d’eux. Pour mon staff, c’est également beaucoup de fierté, cela fait dix ans que l’on travaille ensemble pour certains et vivre un premier quart de finale de Coupe du monde avec eux, quel bonheur ! On savoure cette qualification, acquise dans la difficulté mais comme on dit souvent, cela renforce les liens, qui étaient déjà très forts.

Le Japon faisait figure de favori, on a vu sa déception au coup de sifflet final. Vous avez la sensation d’avoir frappé un grand coup ? 
C’était une équipe vraiment forte et ils auraient tout autant mérité de passer. Trois victoires nettes en poule, des certitudes dans le jeu, ils étaient taillés pour aller au bout. Les joueurs, le staff, tous se sont effondrés. Pour avoir rapidement discuté avec eux, leur objectif n’était pas seulement de remporter ce 8e de finale, ils avaient la finale en ligne de mire. Ils travaillent depuis des années, dans chaque catégorie, pour ce genre de matches. Avec les différentes sélections de jeunes, quand tu affrontes le Japon ce n’est jamais une partie de plaisir et on l’a encore vu hier. Ils sont disciplinés, bien organisés, très compliqués à bouger. Notre succès a beaucoup de valeur car ces Japonais nous ont posé de sacrés problèmes. À la fin du match, j’ai demandé à mes joueurs d’aller les réconforter car même en étant heureux, on se doit de comprendre leur tristesse.

That last-minute win feeling. 💪🇫🇷#U20WC pic.twitter.com/nA9HO0MqPd

— FIFA World Cup (@FIFAWorldCup) October 9, 2025

Vous qui attendiez de la rigueur et de la discipline de la part de vos joueurs, vous avez été plus que servi ? 
Effectivement, je suis satisfait des attitudes montrées sur le terrain. Vous savez, le joueur français est vu comme un joueur technique, talentueux, mais on en oublie l’aspect mental. Je tiens à rappeler que le joueur français est complet et sur ce 8e de finale, mes joueurs ont mis en avant des qualités autres que l’habileté balle au pied. Ils ont montré des valeurs de courage, d’abnégation et de solidarité, en plus d'être rigoureux et disciplinés. Quand tu n’es pas capable de gagner en jouant bien, il faut aussi savoir accepter que l’adversaire soit plus fort et que la victoire peut aller se chercher au mental. Cette qualification, obtenue difficilement, va leur servir plus tard en Espoirs ou en A car ils développent une culture de la gagne dans des rencontres internationales.

Avez-vous été agréablement surpris par la capacité de vos joueurs à plier sans rompre face à la pression exercée par les Japonais, dans un match qui a pu ressembler à celui contre les États-Unis au 1er tour ?
Pas forcément surpris, en revanche j’ai tenu à les féliciter d’avoir été capables de corriger les erreurs que nous avions relevées sur la fin de match face aux États-Unis, où nous concédons trois buts en huit minutes. Ils ont pris une belle revanche sur cette défaite, cela montre leur facilité à vite effectuer des ajustements. C’est une grande qualité, notamment sur une compétition internationale avec des matches très rapprochés.

Travail d'équipe, bonheur collectif (photo Buda MENDES - FIFA/FIFA via Getty Images).

Concrètement, qu'avez-vous mis en place tactiquement pour gêner la sélection japonaise ? 
On a mis beaucoup de choses en place et à vrai dire, le Japon nous a posé plus de problèmes que prévu. Il pouvait nous mettre en danger sur n’importe quelles situations et dans toutes les zones du terrain. Au milieu, ils possèdent des joueurs qui ont une certaine aisance pour aller chercher les ailiers, aidés par des latéraux très offensifs. Ils mettent de la présence dans la surface mais il faut aussi surveiller l’extérieur de la surface car ils frappent également de loin… Jouer à cinq derrière, en plus de notre ligne de quatre milieux très resserrée, nous a permis d’amener de la densité et donc de freiner leur progression. On pouvait également sortir sur les temps de passe sans créer de grands espaces. Nos sorties de balle a été le secteur où ils nous ont le plus mis en difficulté, on ne pouvait pas relancer proprement. C’est l’un de mes principes forts mais là, c’était impossible. J’ai même été obligé de demander à Lisandru (Olmeta) d’allonger, ce qui m’arrive rarement.

Cap sur la Norvège maintenant, qui s’est également qualifiée en prolongation. Ce match arrive vite (dimanche soir), dans une nouvelle ville (Valparaiso) : comment vont s’organiser les prochains jours ? 
En lendemain de match, on laisse les joueurs déconnecter et on favorise la récupération avec les bains froids, les massages - on a la chance d’avoir trois kinés ce qui nous permet de passer en revue tous les joueurs qui ont joué - et on va se balader tous ensemble. On essaye au maximum de les laisser tranquille avec le football. La gestion des états de santé, de forme, constitue le gros du travail entre les matches. Il y a des compensations à faire entre les joueurs qui ont joué, ceux un peu moins voire pas du tout car tous doivent être prêts si rotation il y a. Et après, dès vendredi, on va rentrer tout doucement dans notre quart de finale, on sera à J+2 mais aussi à J-2. C’est à ce moment que notre homme de l’ombre, Laurent Cadu (l’observateur de tous les adversaires des Bleuets) va entrer en action afin de nous présenter la Norvège.

Que pouvez-vous déjà nous dire sur la Norvège ? 
C’est une équipe qui "pose le bus", très difficile à manœuvrer. Ils ont beaucoup de joueurs de grande taille dont un défenseur central qui fait plus de deux mètres. Ils ne cherchent pas à jouer au ballon et se contentent d’attendre derrière. Mais dès que l’occasion se présente, ils lancent une offensive en s’appuyant sur deux attaquants qui vont très vite et si tu as le malheur de les laisser marquer en premier, tu ne reviens pas. »

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