Diomède : « Prêts à relever le défi »

Les U20 tricolores ont une place en finale de la Coupe du monde dans leur ligne de mire. Mais le Maroc se dresse encore sur leur route en demi-finale, mercredi soir à Valparaiso (22h00, la chaîne L'Équipe). Un adversaire que le sélectionneur désigne comme le favori de cette rencontre.

« Un mot d'abord sur votre qualification contre la Norvège (2-1) en quarts de finale. Quelle analyse faites-vous de votre match ?  
On savait que les Norvégiens, qui n’avaient concédé qu’un seul but, sur penalty, pouvaient défendre, savaient défendre, aimaient défendre, même, et qu’ils l’acceptaient. Sur la forme, l’opposition s’annonçait différente que face aux Japonais, mais sur le fond, on s’attendait au même type de match, avec un pressing sur nos sorties de balle et nos animations offensives, un bloc bas et solide. On avait bien préparé ce rendez-vous, bien conditionné les joueurs sur le fait qu’il fallait être patient, solide, avec l’objectif donné d’inscrire un but par mi-temps, ce que l’on n’avait pas réussi à faire contre le Japon. Et on a réussi à en mettre deux dès la première période, ce qui nous a permis de voir le match différemment, même si les Norvégiens nous ont mis en difficulté en seconde. 

Trouver la faille rapidement était une des clés de cette rencontre ? 
On avait travaillé pour ça, lors de notre seule séance d’entraînement entre le 8e de finale et ce quart, et à la vidéo, que nous utilisons beaucoup. On a la chance d’avoir Laurent Cadu, qui observe tous les matches, et Lucas Bitaud, notre analyste vidéo. Cela nous sert énormément dans la préparation des matches, pour présenter un plan de jeu aux joueurs et l’appliquer le jour du match. Donc, très fier de ça, d’autant que j’avais dû faire des choix par rapport à des joueurs. La veille, j’étais parti sur une composition, le matin sur une autre, en raison de petites gênes ressenties par certains. La volonté était d’avoir des garçons à 100 % mais aussi de veiller à leur santé, d’anticiper, quitte à avoir un impact sur la performance. Il y a de la satisfaction par rapport à tout ça.

La sélection nationale U20 sur FFF.FR

La joie des jeunes Tricolores après la qualification face à la Norvège (photo Hector VIVAS / FIFA/FIFA via Getty Images).

Comment est l'ambiance au sein de votre groupe depuis que cet objectif de jouer les demi-finales est acquis ? 
L’ambiance est la même qu’au début, avec beaucoup de motivation de la part des joueurs. Ils savent pourquoi ils sont là, ils savent ce qu’ils veulent faire. On avait déterminé les objectifs dès le départ : réussir le premier match (2-1 contre l'Afrique du Sud), sortir de la poule (3e place) et aller en demi-finales puis en finale. Le groupe vit très bien, l’état d’esprit est très bon, c’est essentiel dans la construction de ces étapes-là. On a perdu des individualités mais on a gagné en collectif. Il peut y avoir un peu de frustration chez certains et c’est normal, les joueurs sont des compétiteurs. Cela montre qu'ils sont concernés, impliqués, c’est bien pour l’entraîneur et le staff.

Pour votre demi-finale, vous ne pourrez pas compter sur Saïmon Bouabré, auteur des deux buts face à la Norvège, reparti dans son club. 
C’est une frustration pour le joueur, qui ne pourra pas continuer l’aventure avec nous et disputer ce beau match contre le Maroc avec ses potes, une frustration pour le staff, aussi, et pour ses coéquipiers. C’est dommage, à quelques heures près, il aurait pu repartir après la demi-finale et être rentré pour le match de dimanche avec son club (le Neom SC, Saudi Pro League). Je pensais que l’on pourrait trouver une solution. Mais bon, c’est comme ça, tout le monde s’adapte. Nous n’avons que dix-neuf joueurs, là où les autres en ont vingt et un, mais onze des quatorze membres de mon staff ont dix ans d’expérience en sélection avec moi avec différentes générations, cela équivaut bien à un vingtième joueur.

Mayssam Benama face au Maroc à l'automne 2024 (photo Philippe LE BRECH / APL / FFF).

Vous retrouvez le Maroc que vous avez battu à deux reprises (4-3 et 5-4) lors de deux matches amicaux en octobre 2024 à Clairefontaine. Deux matches très serrés.
C'était quelques mois après notre finale de l'Euro 2024 U19. Je me souviens effectivement de deux beaux matches de football, ouverts. Steve Ngoura avait marqué quatre buts sur ces deux rencontres, dont un triplé. On avait beaucoup échangé avec Mohamed Ouahbi, le coach marocain, qui est un ami. Après la demi-finale des A au Mondial 2022 au Qatar, il s’agit aujourd'hui d’une autre rencontre historique, en jeunes cette fois. Tout le monde a à cœur de jouer ce match un peu particulier.

Que pouvez-nous dire sur cette équipe du Maroc qui réalise, elle aussi, un parcours remarquable ? 
Elle a beaucoup de qualités, elle a fait fort en effet sur cette compétition, avec un groupe relevé au 1er tour face à différents profils d’adversaire (Brésil, Espagne, Mexique), dont elle sortie en tête. Ils ont encaissé quatre buts, mais trois sur penalty. Les jouer est donc très difficile. On a eu l’Afrique du Sud, le Japon, la Norvège, on connaît la difficulté d’être confronté à des équipes qui défendent bien, sont bien organisées et prennent peu de buts. On sait comment faire mais on sait combien c’est difficile. En plus, le Maroc a marqué neuf buts, avec des joueurs que l’on connaît, comme Naïm Byar (champion d’Europe U17 2022 avec la France) qui a joué le Tournoi Maurice-Revello avec nous en 2023, ou Gessime Yassine, qui était sur les deux listes à l’époque.

Le Maroc a éliminé les États-Unis (3-1), en quarts de finale, et cette même équipe américaine vous avait dominés (3-0) en phase de poules. Faut-il en tirer des conclusions ?
Les États-Unis étaient l’une des équipes les plus fortes de ce Mondial, candidate au titre. Le Maroc leur a mis trois buts, cela montre ses qualités. Les Marocains faisaient déjà partie des favoris après leurs performances en poule contre l’Espagne et le Brésil, il continuent de l’être après leur qualification contre les États-Unis. Il va falloir être présent à tous les niveaux face à une équipe déterminée. Ici, la France fait figure d’outsider pour cette demi-finale. 

Comment préparez-vous cette demi-finale ?
La première préparation est de bien observer notre adversaire, de bien analyser ses forces et ses faiblesses, en sachant que cette équipe a très peu de faiblesses et beaucoup de forces. Quand on arrive en demi-finales, il y a forcément de la qualité. Ensuite, bien récupérer, gérer le fait que l’on est repassé à dix-neuf joueurs, cela a une incidence. C'est une bonne chose d'être restés à Valparaiso, d'éviter un voyage, ça n'est pas neutre. Donc récupération, alimentation et soins. On a la chance d’avoir un staff médical qui travaille énormément, s’occupe bien des joueurs. Outre les rotations, le fait d’avoir beaucoup la possession dans nos rencontres nous permet d’avoir un jeu moins usant que de devoir défendre et contre-attaquer. Contre la Norvège, on s’est aperçu que des joueurs ont encore augmenté leurs données physiques à haute intensité. 

Bernard Diomède avec Mohamed Ouahbi, en octobre 2024 à Clairefontaine (photo Philippe LE BRECH / APL / FFF).

Vous évoquiez tout à l'heure la gestion humaine du groupe, c'est un aspect important ? 
Oui, il faut garder la dynamique de la victoire et aussi l’équilibre collectif, à travers des échanges individuels. On aura besoin de tout le monde. Certains qui ont eu très peu de temps de jeu auront leur importance sur cette rencontre. Jusqu’à présent, on a réussi à équilibrer les temps de jeu, à part les deux gardiens, tout le monde en a eu. C’est important. Tout ce travail de communication et d’échanges permet d’avoir un groupe prêt à relever les défis. Une Coupe du monde, cela n’arrive pas tous les jours, une demi-finale encore moins. Certains n’imaginaient pas être là il y a trois semaines. Psychologiquement, il y a du positif dans tout ça. S’ils sont capables d’enchaîner six matches ici, ils seront capables d’aller chercher la concurrence au retour dans leurs clubs.

Pas besoin d'insister sur la motivation avant cette demi-finale, on imagine ? 
On est à un match d’une finale, à deux d’un titre, la motivation vient d’elle-même, oui. Il ne faut pas penser au résultat, mais sur les éléments qui vous emmènent au résultat. Rigueur, concentration, exigence. Rester concentré si on marque ou si on prend un but, ne pas faire comme face aux États-Unis après leur premier but. Il faut insister sur le contenu, l’identité de jeu. Le match est à 22h00, heure française, les joueurs savent qu'ils seront davantage regardés. »