Equipe de France

Giroud, une centième et un record

mercredi 7 octobre 2020 - 23:00 - Claire GAILLARD
Olivier Giroud dépasse Michel Platini France Ukraine 07/10/2020

Auteur d’un doublé face à l’Ukraine, Olivier Giroud est devenu le deuxième meilleur buteur de l’histoire des Bleus devant Michel Platini (42 buts). Alors qu’il chasse désormais le record de Thierry Henry (51), décryptage de ses buts, son profil d’attaquant et son parcours.

SA LONGÉVITÉ
Deschamps : "Il a maintenu sa compétitivité
durant toute sa carrière"

Face à l’Ukraine, Olivier Giroud a honoré sa 100e sélection, entrant dans le clan très fermé des huit joueurs centenaires en Équipe de France. Sa première remonte au 11 novembre 2011 lors de la réception des États-Unis (1-0). Une longévité rare à ce niveau. "À 34 ans, cela fait 9 ans qu’il est en Équipe de France, c’est exceptionnel", souligne Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps, autre centenaire (103 capes). "C’est un chiffre symbolique, estime l’actuel sélectionneur et ancien capitaine des Bleus, qui avait fêté sa 100e lors de la demi-finale de l’Euro 2000 face au Portugal (2-1). On avait fait en sorte que ce ne soit pas la dernière, il nous restait une finale à disputer derrière ! 100 sélections, cela matérialise la longévité au haut niveau et signifie que le joueur a maintenu son niveau de compétitivité durant toute sa carrière."

 

SON STYLE DE JEU
Stéphan : "Ce n’est pas un virtuose mais c’est un winner"

"C’est un véritable avant-centre avec des points forts comme son jeu de tête, son jeu dos au but adverse, sa puissance athlétique dans le sens résistance aux chocs et l’adresse qu’il ne faut pas oublier, détaille Guy Stéphan. On ne marque pas [42] buts en Équipe de France sans être adroit !" Le premier inscrit sous le maillot bleu, Olivier Giroud ne l’a pas oublié : "C’était ma première titularisation, mon troisième match avec les Bleus, et je marque, en Allemagne (2-1, le 29/02/2012), sur un service de mon ami Debuch’ (Mathieu Debuchy)." 41 autres buts ont suivi. Et s’il a connu des périodes moins fastes, l’attaquant a toujours surmonté les difficultés pour revenir. La preuve, il reste sur 10 buts lors de ses 14 derniers matches sous le maillot bleu. "Il a toujours été un peu décrié, probablement parce qu’il n’a pas le style d’un virtuose balle au pied mais dans une équipe, on a besoin de différents styles de joueurs, reprend Guy Stéphan. Il a un style d’avant-centre et une grande force mentale avec cette capacité perpétuelle à se remettre en question. Surtout, c’est un gagneur, un winner."

SES BUTS
Dans la surface, il peut surgir à tout moment

Son efficacité se manifeste à n’importe quel moment du match, avec une légère préférence pour la première période (62% de ses buts) : il démarre fort (8 buts sur 42 inscrits dans le premier quart d’heure de jeu) et termine encore plus fort avant la pause (10 sur 42). Comment marque-t-il ? Quasiment tous ses buts, dont 4 penalties, Olivier Giroud les a inscrits depuis l’intérieur de la surface adverse (41 sur 42). Mercredi face à l’Ukraine, il a marqué son premier but en dehors de la surface d’une magnifique frappe enroulée du gauche, qui lui a permis d’égaler Michel Platini. Gaucher, il a inscrit 67 % de ses buts avec son pied fort : 28 sur 42 contre 4 du pied droit. L’attaquant se sert aussi de sa taille (1,92 m) et sa puissance pour peser sur la défense adverse, soit en marquant de la tête (10 buts sur 42) soit en remisant pour ses coéquipiers.

 

 

SA CHASSE AU RECORD
Deschamps : "Platini, Henry et Giroud ont un point commun, leur efficacité"

Il l’avait dit avant la rencontre, il voulait égaler Michel Platini "le plus rapidement possible", y voyant "un privilège de rejoindre cette légende du football français". C’est chose faite. Olivier Giroud est désormais le deuxième meilleur buteur de l’histoire à [9] unités du record de Thierry Henry (51 buts). "Michel, c’était la créativité, le n°10 par excellence, il y a peu de joueurs de ce style-là aujourd’hui, juge Guy Stéphan. Thierry Henry, c’était l’explosivité et l’adresse. Olivier, c’est l’avant-centre capable d’aller à la bagarre contre une défense adverse et, avec ses pieds, sa tête, sa poitrine, de jouer et marquer mais c’est surtout un joueur qui a le sens du collectif. Il a toujours eu ce souci de travailler pour les autres et il dépense beaucoup d’énergie. Cela ne l’empêche pas d’être aujourd’hui le deuxième meilleur buteur de tous les temps en Équipe de France." "Platini, Henry, Giroud sont des joueurs totalement différents dans des registres distincts mais ils ont un point commun : leur efficacité, leur sens de la finition, souligne Didier Deschamps. Ce record de buts n’est pas anodin pour Olivier. Cela reflète tout ce qui a été réalisé. C’est son mérite mais aussi la réussite d’associations avec ses partenaires sur le terrain."

SON PARCOURS
Giroud : « Je n’y aurais pas cru »

Passé par le National (Istres) et la Ligue 2 (Grenoble, Tours), Olivier Giroud a découvert l’élite à 24 ans avec Montpellier où il a vécu une épopée dès sa deuxième saison. Champion de France devant le Paris SG et meilleur buteur de Ligue 1, il a ensuite pris la direction de l’Angleterre à Arsenal puis Chelsea. "Contrairement à un joueur qui passe par un centre de formation et débute dans son club d’origine à 17 ou 18 ans en équipe première, Olivier a eu un parcours atypique, reconnaît Guy Stéphan. À mon sens, il est d’autant plus méritoire. Cela lui a sûrement permis de se forger cette force mentale qui le caractérise." "Si vous m’aviez dit que j’allais devenir centenaire en Équipe de France à 34 ans quand j’évoluais à Tours ou à Grenoble, je n’y aurais pas cru, confie l’intéressé. C’est la force du football d’avoir cru en moi et rencontré les bons coachs au bon moment. Je suis un exemple pour les jeunes de 17 ou 18 ans qui ne passent pas par un centre de formation et aspirent à une carrière."

 

Giroud : "Une belle soirée"

"C’est une immense fierté, j’étais très ému, très honoré de porter ce brassard de capitaine. Le coach m’a fait un joli cadeau. Cette soirée s’est passée comme j’aurais pu le rêver. Elle a bien commencé, on a été efficaces, j’ai eu plusieurs opportunités. Je m’en voulais beaucoup de ne pas avoir mis la tête sur le but de Cama’ [Camavinga, 9e] mais je la prends trop bien et le gardien est dessus. Je suis resté très concentré, j’ai pris ma chance et c’est rentré. C’est une situation dans laquelle j’ai rarement l’occasion de me trouver à l’extérieur de la surface, j’étais content de marquer de façon inédite comme ça. Ce n’est pas mon style que de dire que je vais aller dépasser une autre légende du foot « Titi »[Thierry Henry]. Je vais y aller étape par étape via les sélections que j’aurais mois après mois. 10 buts lors des 14 dernières sélections, je suis optimiste pour me rapprocher le plus possible de lui. On parle de 9 buts à marquer encore. Quand j’ai marqué, j’ai ressenti beaucoup de fierté, j’ai pensé à Michel Platini. C’est l’évènement qui fait que c’est encore plus beau. Car vous le savez, quand j’étais adolescent, l’un de mes joueurs préférés était Andrei Chevtchenko. Tout était réuni pour que ce soit une belle soirée."

 

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