ESPOIRS

Ripoll décrypte sa méthode

samedi 26 décembre 2020 - 10:14 - Raphaël RAYMOND
Equipe de France Espoirs

L1, L2 mais aussi championnats étrangers… Le vivier des Espoirs est très large. Pour le sélectionneur, le suivi nécessite une organisation pointilleuse et une remise en cause permanente.

1. CERNER LES SÉLECTIONNABLES

"Sur les 60 à 70 joueurs que nous suivons, entre 20 et 25 évoluent à l’étranger. Ils partent de plus en plus tôt, de plus en plus vite. Avant chaque début de saison, nous dressons donc la liste, pays par pays, division par division, des joueurs qui peuvent, compte tenu de leur âge, être sélectionnés. C’est seulement ensuite que nous fixons des critères qualitatifs. Nous éliminons d’abord ceux qui ne jouent pas. Puis, ceux qui n’ont pas les qualités requises à nos yeux ou les caractéristiques de jeu que l’on recherche."

2. NE PAS FIGER LA HIÉRARCHIE

"Dans une catégorie comme les Espoirs, la liste des joueurs suivis est constamment ouverte. Certains peuvent en disparaître ; d’autres, au contraire, y apparaître. Avant de frapper à la porte des A, il faut être régulier au plus haut niveau. Chez les Espoirs, cela peut aller très vite. Pas besoin d’être un élément confirmé au plus haut niveau. Un exemple ? Romain Faivre. La saison passée, il évoluait en réserve à Monaco. Je l’ai vu en amical l’été dernier avec Brest. Son bon début de championnat m’a incité à l’appeler dès le mois d’octobre."

La liste est constamment ouverte

 

 

3. AVOIR UN ŒIL SUR LES TALENTS PRÉCOCES

"Quand on est dans le foot depuis longtemps, ce qui est notre cas, on a forcément entendu parler des meilleurs talents en devenir. Au même titre que j’échange avec Didier Deschamps sur les Espoirs susceptibles de passer en A, je m’entretiens régulièrement avec Bernard Diomède et Jean-Luc Vanucchi, qui s’occupent des sélections U19 et U20. La passerelle existe aussi dans ce sens-là. Prenez le dernier rassemblement. Y figuraient Truffert, Badiashile, nés en 2001, Kalimuendo et Lihadji, nés en 2002 comme Camavinga, qui était passé par les Espoirs avant de rejoindre les A [la catégorie espoirs regroupe actuellement les joueurs nés en 1998, 1999 et 2000]."

4. ANALYSER LES TEMPS DE JEU AVEC RECUL

"Dans ma réflexion, je tiens compte du club dans lequel évolue le joueur avant de trancher. Quand tu joues au Bayern Munich, comme Mickaël Cuisance la saison passée, il est plus difficile d’être titulaire que dans un club du milieu de tableau de Ligue 1 par exemple. Mais à un moment, il faut quand même que le joueur joue. C’est pour cela, par exemple, que Paul Bernardoni était sélectionné et titulaire alors qu’il évoluait à Clermont en L2. Il jouait plutôt que d’être doublure à l’étage au-dessus, et on avait la conviction que son potentiel lui permettrait de retrouver l’élite à court terme, ce qui a été le cas avec Nîmes puis Angers désormais. Abdou Diallo est une évidence pour tout le monde aujourd’hui. Quand il a commencé en Espoirs, il était prêté par Monaco à Zulte-Waregem, en Belgique. Ces derniers temps, nous nous rendons compte que beaucoup de jeunes partis à l’étranger jouent peu ou pas. Les exemples d’Upamenaco, Konaté ou Gendouzi peuvent être trompeurs."

Sylvain Ripoll et Laurent Chatrefoux, son adjoint (photo Germain Rezé/FFF).

5. ÉVALUER LEURS PROGRĖS, LEUR FORME

"La vidéo est notre meilleure alliée, surtout avec la crise sanitaire qui nous oblige à restreindre nos déplacements. Quand on aime le foot comme nous, on préfère toujours se rendre au stade voir des matches. On sent mieux l’atmosphère, on voit le match différemment aussi. Maintenant, durant un week-end, on peut voir plus de joueurs en restant devant la télé qu’en se déplaçant. Je me répartis la supervision des matches avec Laurent Chatrefoux, mon adjoint (photo ci-dessus). Tous les week-ends et chaque jour de la semaine ou presque, nous sommes devant notre écran. Un logiciel nous permet de gommer les temps morts. Le match de 90 minutes peut alors être visionné en une heure généralement. Quand deux joueurs ou plus sont concernés par le match que nous suivons, nous le regardons dans son ensemble. Quand il n’y en a qu’un, on peut se contenter d’un montage. Si l’on doit faire l’impasse, ce qui est extrêmement rare, c’est sur des garçons que l’on connaît bien."

6. LES VOIR PARTIR AU-DESSUS

"Quand un Espoir rejoint les A, je le vis bien. Vraiment. J’ai intégré cette donnée dès mon arrivée à la tête de l’équipe. Elle répond à une logique saine. Didier (Deschamps), Guy (Stéphan) et Franck (Raviot) ont une connaissance parfaite du réservoir joueurs. Quand ils ont la volonté de prendre un joueur passé par les Espoirs, Didier peut me contacter pour avoir des infos complémentaires. Après chaque rassemblement, j’ai pris l’habitude d’échanger avec lui pour lui signaler les joueurs qui, à mes yeux, étaient en train de passer des paliers. On échange fréquemment. Il sait ce qui se passe dans le groupe, collectivement et individuellement. Et il est très attentif aux Espoirs."

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