LONG FORMAT

Un mercredi avec l’école de foot de Saint-Leu

mardi 26 janvier 2021 - 08:00 - Claire GAILLARD
FC Saint-Leu 95 enfants football amateur COVID

Mise en place des gestes barrière et de distanciation physique, absence de contacts, port du masque, désinfection du matériel, référent Covid… Face aux difficultés, les responsables de clubs amateurs ont dû s’adapter. Leurs efforts sont récompensés. Le plaisir du jeu et de se retrouver reprend le dessus. Immersion d’une journée au FC Saint-Leu 95.

Jeudi 14 janvier, en pleine séance avec les U9, c’est sur leur téléphone portable qu’ils ont suivi l'annonce des nouvelles mesures prises par le gouvernement avec l’avancement du couvre-feu à 18 heures partout en France. Mohamed Rahmani, manager général du FC Saint-Leu 95, et Benjamin Darmon, responsable de l’école de foot, s’y attendaient. Depuis le début de la crise sanitaire, la concertation avec la municipalité est quotidienne. Ils avaient commencé à aménager le planning des entraînements – enfants, féminines, foot à 11 – qui n’étaient plus possibles après les journées d’école pour privilégier le mercredi et les week-ends. Après l’officialisation, il fallait donc tout finaliser, vérifier les disponibilités des éducateurs, pallier l’absence de certains qui étudient, travaillent ou doublent les séances en s’appuyant sur les services civiques. « On était dessus jusqu’à minuit, reconnaissent-ils. L’important était d’être réactifs, de continuer à proposer la pratique et d’informer rapidement les parents. » À 7h le lendemain matin, quelque 250 mails et 400 SMS leur sont adressés avant que les éducateurs prennent le relais via les groupes WhatsApp créés par catégorie d’âge et le nouveau planning publié sur les réseaux sociaux du club. Mise en place à partir du mercredi 20 janvier. Nous y étions. 

9H05
Check, café, masque et tenue : le plaisir de se retrouver

Le parking du stade municipal du FC Saint-Leu 95, club d’une commune de 16 000 habitants située dans le Val d’Oise, se remplit. Dirigeants et éducateurs se saluent avec un check du poing ou du coude. Dans leur dos ? Le club house. Traditionnel lieu de vie, il souffre en ces temps de pandémie où les rassemblements en intérieur doivent être limités malgré le port du masque et l’utilisation de gel hydroalcoolique afin de ne pas favoriser la circulation du virus. Un café, un coup de téléphone des parents, les trousseaux de clés que l’on cherche, ça, au moins, n’a pas changé. Sur les terrains depuis 9h15, les éducateurs s’affairent pour installer les ateliers et disposer le matériel. Aujourd’hui, les 270 enfants de l’école de foot (U5 à U12), auxquels s’ajoutent les féminines, sont attendus sur la structure. Les premiers arrivent : les « babies » (U5) ainsi que les U6/U7. Maillot, short, chaussettes, parka, sac à dos et crampons, ils sont déjà en tenue. Avec la fermeture des vestiaires, pas le choix. « On leur donne rendez-vous un quart d’heure avant la séance à l’entrée du terrain, détaille Benjamin Darmon. Les parents accompagnent les enfants puis les récupèrent mais ils ne peuvent plus pénétrer sur la zone de terrain. » Exit la main courante, ceux qui restent observent la séance derrière les grillages. Où le port du masque est obligatoire, comme indiqué sur la signalétique apposée par le club. 


En pleine séance, les U6 et U7 sont répartis en différents ateliers (photo Claire GAILLARD / FFF).

10H15
Port du masque, gel et listes COVID

« Madame, s’il vous plaît, votre masque, interpelle avec le sourire Claude Macina. Le secrétaire général et référent COVID du club commente aussitôt : Ce n’est pas un plaisir mais on est contraint de le faire et le message passe plutôt bien. » À l’entrée de chaque terrain, du gel est proposé, des masques et désinfectants sont fournis à l’ensemble des éducateurs. Sur le premier trimestre, la facture s’élève à 2 300€, un effort financier mais indispensable. « On n’a pas regardé à la dépense, on mesure les enjeux. Notre rôle, c’est de garantir la santé de nos licencié(e)s, glisse Jean-Charles Biancardini, le vice-président. Il a fallu responsabiliser l’encadrement sportif ainsi que les parents mais quand le message est clair, tout le monde le met en application. Notre première action a été de nommer un référent COVID afin de se conformer au protocole sanitaire. Il a mis en place des listes COVID remplies par les éducateurs. On a un traçage des gens présents : joueurs, encadrants, dirigeants et parents. »  Jusqu’ici un cas positif a été recensé chez les seniors. « Dès qu’on l’a su, on a mis tout le monde à l’arrêt pendant 15 jours avec test PCR obligatoire, raconte Benjamin Darmon, éducateur seniors en parallèle de son rôle auprès des jeunes. On n’a voulu prendre aucun risque. » 


De gauche à droite : Benjamin Darmon, responsable de l'école de foot, Jean-Charles Biancardini, vice-président du FC Saint-Leu 95, et Claude Macina, secrétaire général et référent COVID (photo Claire GAILLARD / FFF).

11h30
Un éducateur : « Écartez-vous, ne vous serrez pas ! » 

Vers 11h30, la séance des U6/U7 touche à sa fin. Les U8, eux, ont encore un peu de temps. Répartis en plusieurs ateliers sur le grand terrain synthétique avec des rotations par quart d’heure, ils sont une quarantaine. La reprogrammation de leur entraînement le mercredi matin a des conséquences. Parents qui travaillent, autres activités déjà planifiées, certains licenciés sont absents. « Notre objectif, c’est de maintenir l’activité pour les enfants, reprend Benjamin Darmon. Ces modifications sont contraignantes et on comprend la difficulté pour les parents. S’ils ne peuvent pas venir le matin, ils viennent l’après-midi avec les U9, on est flexibles. » Des séances sans contact autant que possible qui s’articulent autour d’exercices techniques, de motricité, de vivacité, de jeu de passes... « Normalement la finalité du football, c’est l’opposition, reprend le responsable, mais les enfants s’adaptent bien. » Ils ont, en revanche, plus de mal avec la distanciation physique. « Écartez-vous, leur lance un éducateur. Ne vous serrez pas ! » Pour les aider, des repères au sol ont été installés via des coupelles qui matérialisent l’écart d’un mètre recommandé. 


Sur le terrain, les enfants doivent respecter autant que possible une distanciation physique entre eux (photo Claire GAILLARD / FFF). 

12h29
Désinfection du matériel

Après le départ des enfants, les éducateurs rassemblent le matériel. Ballons, coupelles, cerceaux, poteaux, mini-buts, tout est minutieusement déposé au sol devant le local de stockage. Opération désinfection pour Lamine. Masque sur le nez, il pompe et asperge largement la zone avec le spray, ballon par ballon, coupelle par coupelle. Puis essuie l’ensemble des équipements et le range dans l’espace destiné aux U8. Au total, une trentaine de minutes qui s’ajoutent avant et après chaque séance pour ces éducateurs, bénévoles pour la plupart. « Le COVID a changé beaucoup de choses, reconnaît Hugo (22 ans), éducateur U9 et U12 au club depuis 2016. On est plus contraints en termes de matériel car certaines séances s’enchaînent et sont rapprochées. On doit se mettre en relation avec nos collègues pour savoir qui utilise quoi à quel moment afin de s’assurer que ce soit disponible et désinfecté si on souhaite aussi s’en servir. »


Lamine, éducteur U8, effectue une désinfection minutieuse du matériel (photo Claire GAILLARD / FFF).

13h15 
La galette de rois, plus forte que le virus

Les contraintes n’ont pas entamé la motivation des enfants qui arrivent en courant à l’entraînement. Si le club a enregistré une baisse de ses licencié(e)s en début de saison, il n’y a pas eu de répercussion après le deuxième confinement. Tous sont revenus fin novembre 2020. « On a un groupe d’une quarantaine d’enfants en U9, on est souvent à 36 joueurs présents, il n’y a donc pas eu une déperdition des pratiquants. On a senti beaucoup d’envie et de plaisir à leur retour, reprend Hugo qui pointe cependant une conséquence directe à ces arrêts. On a constaté une régression. En tant qu’éducateurs, on est un peu plus exigeants vu qu’ils ont perdu du temps. Les enfants viennent pour s’amuser, jouer mais aussi progresser. » Au club, d’ordinaire, ils partagent également des moments de convivialité lors des petits-déjeuners, goûters ou évènements festifs. Face à la situation sanitaire, ces rendez-vous du club ne peuvent plus se tenir mais la traditionnelle galette des rois a survécu à la COVID-19. « Le foot, c’est surtout du lien social, des rencontres, des échanges. On avait à cœur d’organiser ce moment, reconnaît Benjamin Darmon. Grâce à la boulangerie de la ville, des galettes chaudes nous ont été livrées, le 9 janvier. Avec l’aide de nos mamans dirigeantes, nous avions installé plusieurs tables dehors, les enfants prenaient leur part de galette et une brique de jus individuelle, ce n’est pas très RSE alors qu’on est vigilants d’habitude, mais c’était un bel instant de partage. » 


Samedi 9 janvier 2021, les enfants ont pu déguster une part de galette des rois (photo FC Saint-Leu 95). 

15h30
Pas de stage possible en février, avril espéré

Il n’y aura pas de stage lors des vacances de février, comme à Noël. Celui de la Toussaint avait pourtant réuni 70 enfants par semaine. Le planning d’activités et de gestion des espaces avait été minutieusement élaboré. « Nous avions organisé des activités PEF (*), des jeux, une initiation au foot en salle, des sorties à la ferme, à la serre aux papillons, au musée de l’air et de l’espace… C’était une grosse organisation avec pas plus de 10 enfants dans le club-house, d’autres sur les terrains ou sous des barnums prêtés par la ville. Les traiteurs ne voulaient pas nous livrer de repas, ce sont donc les parents qui les fournissaient. C’était super mais, avec la menace qui pèse et l’hiver, comment voulez-vous organiser un stage en février dans ces conditions ? À cette époque, les enfants ont besoin d’un repas chaud, de pouvoir s’abriter et se changer s’il y a des intempéries… C’est un casse-tête, regrette Benjamin Darmon. On espère pouvoir en organiser un lors des vacances de Pâques. » Enfants et parents aussi, même si tous redoutent de nouvelles restrictions.  

(*) Mis à la disposition des instances régionales, clubs et licenciés, le Programme Éducatif Fédéral est un outil pédagogique qui accompagne les jeunes U6 à U19 dans leur apprentissage des règles de jeu et de vie via des Fiches éducatives et actions terrain.


Les U9 attendent les consignes de leur éducateur, Hugo (Photo Claire GAILLARD / FFF).

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LE FC SAINT-LEU 95 EN BREF

  • Fondé en 1912 sous le nom de l’Étoile de Saint-Leu (club omnisports) et rebaptisé Football Club de Saint-Leu en 1974
  • Président : Emmanuel Lopes
  • 800 licencié(e)s dont :
    o 71 dirigeant(e)s (20% de femmes)
    o 40 éducateurs
    o 6 arbitres
  • École de foot : 270 licenciés
  • Féminines : 54 licenciées
  • 47 équipes
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