ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Djamel Haroun : « J’en frissonne encore »

mercredi 3 mars 2021 - 15:05 - Claire GAILLARD
Djamel Haroun mars 2021

Le gardien de l’Équipe de France Futsal (37 ans) devrait fêter sa 150e sélection face à la Russie. Pour tout savoir sur lui, nous vous proposons un entretien en deux volets.

LES PETITS SECRETS DE… DJAMEL HAROUN (1/2)

Dans cette première partie, il évoque ses débuts au foot, le chemin qui l’a conduit au futsal et son expérience en sélection.

 SES PREMIÈRES FOIS 
« La place du marché à Roubaix, cette image reste gravée » 

« Premier contact avec un ballon ? Roubaix, place de la nation, celle du marché du vendredi. J’avais 6 ans, un ballon corner bleu que mon papa avait acheté 5 francs au magasin du coin. Je lui ai demandé si je pouvais jouer avec mon copain Sofiane. On y est allés et on s’est fait des passes. Cette image reste gravée.

Première licence ? 1991-1992 à Roubaix Sports et Culture. J’avais 9 ans. Pour y aller, il fallait que je traverse un boulevard derrière lequel se trouvait le terrain à 7 en schiste rouge. J’ouvre la grille et je lance : ‘‘Est-ce que je peux jouer ?’’ On m’a dit : ‘‘pas de soucis, viens’’. Puis on a fait ma licence. Merci à Saïd Bensalem, c’est lui qui m’a accueilli. J’y ai joué jusqu’en 1999-2000 avant de rejoindre Lille puis j’y suis revenu en 2004.

Premier poste ? Joueur de champ. En 1994, notre gardien qui était portugais devait rentrer au pays. Le coach m’a désigné pour le remplacer. On n’avait pas gagné un match depuis le début de saison. On l’emporte 3-0 et j’arrête un penalty. Le mercredi suivant, mon coach Éric Delbeke est arrivé à l’entraînement avec la panoplie du gardien : pantalon, maillot, gants. Il me l’a tendue : ‘‘tiens, c’est pour toi !’’ Être décisif, servir à quelque chose, lire la gratitude dans le regard de mes coéquipiers, tout ça m’a plu.

En 2003, j’ai vu jouer Roubaix Futsal. Le gardien David Morant avait été très fort. J’ai quitté Lille pour revenir à Roubaix en DH. J’ai essayé le futsal. Et essayer, c’est adopter !

 

La bascule vers le Futsal ? En novembre 2003. En juin, j’avais vu jouer Roubaix qui avait gagné la Coupe de France. J’en garde un souvenir exceptionnel. Le gardien David Morant avait été très fort. J’évoluais encore à Lille. J’ai quitté le club en octobre pour revenir à Roubaix en DH et j’en ai profité pour m’essayer au futsal. Et essayer, c’est adopter (rires) !

Premier titre ? Avec Roubaix en avril 2005 contre Issy-Les-Moulineaux, le grand favori qui comptait plein d’internationaux comme Zoran Markovic ou Jean-Pierre Sabani. On est menés 3-1, on égalise à 3-3, on va aux penalties, mort subite, j’arrête le penalty. On gagne la Coupe de France.

Première convocation en Équipe de France ? Mai 2005 pour un stage de présélection à Clairefontaine. Nous étions 25 ou 30 joueurs dont 7 gardiens. Il fallait sortir son épingle du jeu. J’y suis parvenu puisque je reçois une convocation en octobre pour affronter le Japon du côté d’Échirolles, dans la région de Michel Muffat-Joly, un grand monsieur, paix à son âme (*). Je dispute une mi-temps. On fait 6-6, on a failli accrocher les Japonais qui étaient parmi les meilleurs mondiaux à l’époque. À la fin, le coach m’avait dit : ‘‘Bien joué mon grand, très bon match’’. Quinze ans plus tard, je suis encore là ! »

(*) Chef de délégation de l'Équipe de France Futsal et président du District de l'Isère, Michel Muffat-Joly est décédé le 14 décembre 2020 à l'âge de 72 ans.


Le gardien des Bleus se couche pour capter un ballon (photo Pauline CARRE / APL).

 SON REGARD SUR L’ÉQUIPE DE FRANCE 
« J’ai été le témoin d’une très grande évolution et ce n’est pas fini »

« La discipline a beaucoup évolué ces dernières années. Quel souvenir en gardez-vous ? Je me souviens de 2005 avec des maillots XL où on jouait dans des salles multilignes devant 200 personnes, des matches un peu forains ou de village. On appelait ça : le football en salle. Aujourd’hui, on évolue dans une enceinte magnifique (la Halle Carpentier à Paris) avec un parquet fait sur mesure pour nous et où on peut accueillir quasiment 5 000 personnes. Il y a de la reconnaissance. J’ai été le témoin d’une très grande évolution et ce n’est pas fini.

Le tourant pour l’Équipe de France ? En 2015. On a fait du ménage en interne, la sélection a été remodelée avec de nombreux jeunes et un nouvel élan. On s’est demandé comment avancer ? Pour espérer une évolution de la discipline, il fallait aller chercher un résultat, comme les féminines. On y est parvenu avec la qualification pour l’Euro 2018.

Votre plus belle émotion en bleu ? Cette victoire face à la Croatie, le 26 septembre 2017 (5-4), qui nous propulse à l’Euro et nous ouvre de nombreuses portes. Pour moi, c’est l’aboutissement de treize années de carrière avec les Bleus. Pour la sélection, cela a permis d’obtenir de meilleures conditions pour les joueurs, le staff, cela a donné de la visibilité à l’équipe et au futsal français.

Landry N’Gala, c’est notre DJ. On a l’impression qu’il est tout le temps amoureux. Il nous met des sons de lover, on va danser du zouk tous les jours (rires) !

 

Le meilleur souvenir à l’Euro ? L’émotion du groupe après le premier match face à l’Espagne (4-4, le 31 janvier 2018). Dans les regards, on a lu de la fierté. Je ne trouve pas les mots, c’est inqualifiable, j’en frissonne encore aujourd’hui. On a accompli quelque chose de grand contre le champion d’Europe en titre. Les regards étaient vidés par la fatigue mais brillants par la qualité de jeu proposée. On a montré à tous ceux qui ont regardé le match – il y a eu un pic de 550 000 personnes ! – que l’Équipe de France de futsal est présente et qu’il va falloir compter avec elle.

Le son qui passe dans le vestiaire de l’Équipe de France ? De tout. Landry N’Gala, c’est notre DJ. On a l’impression qu’il est tout le temps amoureux. Il nous met des sons de lover, on va danser du zouk tous les jours (rires) ! Je plaisante, il met du bon son. J’écoute ce qui passe mais moi, je suis plutôt radio type RMC et France Info. »


Djamel Haroun ici lors d'un match amical face à la Finlande, le 24 septembre 2019 (Archives FFF). 

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