Un jour / une photo : "Mado", la pionnière
Madeleine Bracquemond fut la première capitaine de l’histoire d’une sélection française féminine. Athlète hors normes, cette femme atypique et précurseure a contribué à la reconnaissance du football féminin et des droits des femmes durant les Années folles.
En 1921, quatre ans après le premier match de l’histoire du football féminin, une sélection française féminine se déplace en Grande-Bretagne pour une tournée face aux Anglaises, alors supérieures. Résultat ? 3-1 pour le Onze français. Alors que les femmes luttent pour leurs droits, notamment celui de pratiquer le sport, cette équipe tricolore, sous l’égide de la Fédération des sociétés sportives féminines de France (FSFSF), fait sensation. Et Madeleine Bracquemond en particulier.
Née le 14 janvier 1898 au sein d’une famille modeste du 14e arrondissement de Paris, celle que l’on surnomme "Mado" a porté le brassard de capitaine de cette sélection de 1920 à 1923 (photo principale, en haut à gauche). Rapide, adroite balle au pied, son jeu de tête fait la différence.
"Mado", qui traversait Paris à motocyclette dans les années 1920, fut également championne du monde de saut en hauteur en 1922, à l’occasion des Jeux mondiaux de Monte-Carlo. Elle pratiquait encore à haut niveau le sprint, le relais, la longueur, le pentathlon mais aussi la natation, le basket-ball...
Le 10 avril 1927 au stade Élisabeth de Paris (photo Agence Rol / BNF Gallica).
Parmi ses nombreux talents, l’attaquante surdouée du club parisien du Femina Sport, créé en 1912, maniait aussi la plume. "Trois victoires sur quatre matches, c’est un résultat appréciable et qui était bien fait pour entretenir notre gaîté", écrivait-elle elle-même dans le Miroir des Sports du 2 juin 1921, après la tournée de « son » team de France féminin en Angleterre.
Disparue le 5 décembre 1981 à l’âge de 83 ans à Antony (Hauts-de-Seine), cette athlète hors normes et à personnalité forte, en avance sur son temps, a bousculé les codes de l’entre-deux-guerres et contribué, à son niveau, à l’émancipation des femmes par la pratique du sport et du football en particulier.
