NATIONAL

Chabert-Irles : interview croisée

vendredi 30 avril 2021 - 07:40 - Philippe MAYEN
National

Mathieu Chabert et Bruno Irles sont deux entraîneurs heureux. Ils viennent de conduire le SC Bastia et Quevilly Rouen vers la Ligue 2, qu'ils préparent déjà. Et l'un et l'autre visent un titre de champion du National pour ajouter à leur bonheur.

 Il reste trois journées en National et un suspense est d'ores et déjà tombé. Celui de la montée directe en Ligue 2. Le SC Bastia et Quevilly Rouen Métropole ont empoché les deux billets directs pour l'étage supérieur. Alors que leurs poursuivants vont s'expliquer pour la troisième marche du podium et que le doute plane encore dans le bas de tableau, les deux équipes de tête vont désormais se disputer le titre de champion. Premier acte ce week-end lors de la 32e journée. Le SC Bastia reçoit le FC Annecy ce vendredi soir (18h00 sur FFFTV) et QRM se rendra au Red Star FC lundi soir (19h00 sur Canal+ Sport). Avant cela, interview croisée avec les deux entraîneurs, Mathieu Chabert et Bruno Irles.

"Quels sont les ingrédients qui ont permis à votre club de décrocher cette accession à la Ligue 2 ? 

- Mathieu Chabert : Un bon recrutement avait déjà été réalisé en National 2. On l'a agrémenté cette saison de quelques retouches, avec cinq-six nouveaux éléments. La majorité des joueurs connaissaient donc le plan, la philosophie et le projet général de jeu. On était prêt rapidement pour aborder ce championnat que je commence à bien connaître, où les turn-over sont importants dans les effectifs. Le temps que les autres fassent leurs règlages, nous nous avons pris des points. On a démarré fort, on s'est installé en haut et on y est resté. On est dans le trio ou le duo de tête depuis la 4e journée et on est sûrs d'y être jusqu' la 34e ! Je crois que cette régularité fait que notre montée n'est pas iméritée... Mais, sans langue de bois, nous n'y pensions absolument pas au début. Il n'y avait aucune pression par rapport à ça. Nous voulions assurer le maintien et obtenir le meilleur classement possible. On partait un peu dans l'inconnu, sans avoir pu disputer de matches amicaux pour se jauger. Finalement, on s'est aperçu que nous n'étions pas trop mal par rapport au niveau du National. On a commencé à y croire en février, après une série de cinq victoires qui nous a donné un petit matelas de points d'avance. 

- Bruno lrles : Le travail a commencé bien en amont, dans la préparation de la saison, dans le recrutement, afin de constituer un effectif, renouvelé à 90 %, correspondant à l'analyse que j'avais faite des exigences du National, un championnat où il faut être efficace, une qualité que j'aime. On a travaillé autour de principes assez rapides à assimiler pour que cela "prenne" assez vite. On a été rapidement performants, les résultats ont été positifs, dans une bonne ambiance de travail, dans un club sain et avec une équipe dirigeante sereine, toujours présente derrière nous. Il n'y a jamais eu d'énervement après une défaite. Ce cercle vertueux a conduit à cette montée. La Ligue 2 n'était pas dans nos objectifs de départ. Le club voulait d'abord retrouver de l'ambition. Notre début de saison nous a permis de figurer dans le haut du tableau et a nourri la volonté d'y rester. À la mi-saison on s'est fixé, entre nous, l'objectif de monter. Nous avons obtenu seize victoires dans un championnat où aucun match n'est facile contre aucune équipe. Les joueurs ont su en être conscients et performer régulièrement ou se remobiliser après nos contre-performances.

On a fait quelque chose quand même ! On a réalisé un exploit !

Mathieu Chabert

 

Vous ajoutez une nouvelle montée à votre palmarès d'entraîneur. C'est une satisfaction personnelle ? 

- M.C. : Un petit peu, je pense, même si cela doit flatter mon égo (rire). Moi, je suis capitaine de navire, je dois rester vigilant à tout, ma saison et celle de mon staff a été faite de doutes. Mais les premiers que l'on doit féliciter, ce sont les joueurs. Je n'ai jamais senti l'équipe douter, jamais. Elle a continué à avancer, à prendre des points, elle a toujours su rebondir. C'est l'accession de la régularité. On a fait quelque chose quand même ! On a réalisé un exploit ! Moi, si on m'avait dit il y a quatre ans que j'allais vivre trois montées... Une fois avec Béziers (de National en Ligue 2 en 2018) deux fois avec Bastia (de N2 en National en 2020 et de National en L2 en 2021)... Le foot, c'est quelque chose d'extraordinaire. 

- B.I. : Ce championnat semble bien me réussir, en effet, depuis deux ans et demi que je le fréquente. Cela se passe plutôt bien. Mais j'espère que le dicton "jamais deux sans trois" ne se vérifiera pas (rire). Je pense pouvoir passer, cette fois, à l'échelon supérieur. Le fait d'être performant me permet d'aborder sereinement et dans de bonnes conditions la suite de ma carrière d'entraîneur. Ces conditions n'étaient pas réunies à Pau, et j'en suis parti alors que le club montait en Ligue 2. Ici, les discussions se passent bien. 

Le premier face-à-face de la saison entre le SC Bastia et Quevilly Rouen, lors de la 17e journée, a tourné à l'avantage (2-1) des insulaires au stade Armand-Césari de Furiani (photo Philippe LE BRECH/APL/FFF).

Les trois dernières journées vont décider du titre de champion du National. S'agit-il d'un objectif important ?

- M.C. : Le SC Bastia, c'est le club de la Corse. Et plus, c'est un club historique du football français, une institution. Il y a une grosse pression, une grossse exigence, on vous en demande toujours plus, et notre montée n'en est que plus belle. La montée validée, il faut être champion maintenant ! Et c'est normal. Quand on s'appelle le Sporting Club de Bastia, même si le plus important reste la montée en Ligue 2, on doit faire le maximum pour être champion, oui. Et on ira chercher le titre à Quevilly Rouen (les deux clubs ont rendez-vous le lundi 10 mai lors de la 33e journée). On est déjà dans une position idéale, avec un match de moins que QRM.

J'aimerais que cette saison soit historique pour le club

Bruno Irles

 

- B.I. : Oui, ça l'est depuis trois-quatre semaines, depuis que la montée en L2 nous est apparue de plus en plus certaine. On a envie de livrer ce duel au SC Bastia pour rendre notre fin de saison excitante. Ce titre n'est pas honorifique. J'ai deux titres de champion de France avec Monaco, en 1997 et 2000, en tant que joueur, et ils sont gravés dans mon esprit. Les deuxièmes places, je ne les retiens pas. Ce titre serait une première pour QRM et pour bon nombre de mes joueurs. Comme je leur ai dit ce matin : vous avez réalisé une grande saison, et j'aimerais bien qu'elle soit historique. Ils le souhaitent aussi et sont mobilisés pour cet objectif. Il n'y a pas besoin de le leur dire. 

Comment envisagez-vous la prochaine saison en Ligue 2. Est-il trop tôt pour l'évoquer ? 

- M.C. : On a bien sûr déjà commencé à travailler sur la Ligue 2. Un pool composé du président, du directeur général, du responsable du recrutement, de moi-même et de mes deux adjoints, s'est déjà réunis une à deux fois par semaine. On a réfléchi sur nos joueurs actuels, leurs contrats, sur les  prolongations de contrat, le recrutement. Le travail normal. Pour l'instant, je n'imagine pas ce que pourrait être notre prochaine saison. La priorité est d'abord de procéder à un bon recrutement. Qualitatif plutôt quantitatif. Si nous effectuons un bon recrutement, nous passerons une bonne saison en Ligue 2. Pour le reste, la préparation, je sais que je dispose d'un staff très fort et très performant. Je n'ai aucun souci là-dessus.

- B.I. : Non seulement cela n'est pas trop tôt mais voilà déjà un petit moment que je me projette sur la saison prochaine. Le métier d'entraîneur est un métier où il faut être dans l'anticipation. J'ai déjà travaillé sur ce qui serait nécessaire pour aller en Ligue 2, au niveau de l'effectif, de mon staff, des choses à améliorer en fonction des exigences du championnat à venir. Je disais tout à l'heure que la réussite de notre saison en National devait beaucoup à la préparation effectuée en amont. C'est la même chose. Les semaines et les deux mois qui viennent vont être primordiaux dans la réussite de la prochaine saison. Mais mieux je travaillerai aujourd'hui et meilleure sera la saison en Ligue 2. C'est peut-être le moment le plus important."

 LE PROGRAMME DE LA 32E JOURNÉE 

 LE CLASSEMENT 

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