ÉQUIPE DE FRANCE

Cyril Moine décrypte la prépa des Bleus

lundi 31 mai 2021 - 11:27 - Claire GAILLARD
Cyril Moine

Le préparateur physique de l’Équipe de France revient sur le début de rassemblement et l’état de forme du groupe. Il présente son approche et le programme mis en place en collaboration avec les staff technique et médical.

 L’ÉTAT PHYSIQUE DES JOUEURS 
« Un état de forme intéressant »

« Jeudi, nous avons effectué une séance où j’ai pu les tester sur les aspects physique, cardio et course. Je suis content des résultats mesurés sur le terrain. Je dispose d’une bonne cartographie de l’ensemble des joueurs. Il ne faut pas non plus oublier les séances avec ballon qui sont aussi très importantes et au cours desquelles, nous avons plutôt eu un bon retour notamment sur les courses à haute intensité ou la fraîcheur des joueurs. Le groupe arrive dans un état de forme intéressant. »

 LES DONNÉES OBSERVÉES 
« L’état des lieux se fait en direct »

« Il y a deux types de données. D’abord celles transmises par les GPS qui concernent les distances de course à haute intensité, le nombre de sprints, d’accélération ou de décélération. Grâce à elles, je peux faire une juxtaposition avec ce que les joueurs sont capables d’effectuer pendant un match. C’est ce qu’on appelle la charge externe. Je m’appuie aussi sur les données de fréquence cardiaque puisque j’enregistre tous les entraînements. À partir de là, je mesure la charge interne du joueur pour savoir comment il réagit physiologiquement par rapport à l’effort proposé. Il y a quelques années, on recevait ces données après l’entraînement, à présent, elles arrivent en simultané sur le terrain. L’état des lieux se fait en direct. »


Ousmane Dembélé, Kylian Mbappé et Kingsley Coman lors des tests physiques (photo Simon MORCEL / FFF).

 L’ANALYSE EFFECTUÉE 
« C’est une aide à la décision »

« Des petits curseurs me permettent de dire : attention, tel joueur est un peu dans le rouge ou, au contraire, tel autre est en facilité, on peut y aller et continuer. Ces moyens techniques nous offrent une grande réactivité. L’œil avisé du sélectionneur est beaucoup plus important que la technologie mais c’est une aide à la décision. En général, lorsque je vais voir le coach, il le sait déjà car il l’a vu. D’ailleurs, la préparation ne relève pas que du préparateur physique, c’est un travail en collaboration avec le staff médical, qui joue un rôle essentiel dans la préparation d’une équipe, et le staff technique. Notre travail à tous permettra d’avoir une équipe au top de sa forme dès nos premiers matches. »

 LE TRAVAIL DIFFÉRENCIÉ 
« On va individualiser les séances à dominante physique »

« On va surtout individualiser les séances à dominante physique et il y en aura pas mal. On va alors travailler en trois groupes déterminés à partir des tests réalisés. Cela peut être évolutif, on peut commencer dans le groupe 1 et aller dans le groupe 2 puis dans le 3. Rien n’est figé. Il y aura trois phases dans cette préparation avec autant d’approche : celle où on ne dispute pas de matches, la deuxième avec les amicaux (les 2 et 8 juin) puis la dernière lors de la phase de poules. Au début, on va aussi faire de la réoxygénation car ce n’est pas une préparation d’avant-saison. Les joueurs n’ont pas eu de vacances, ils sortent d’une longue saison. On va s’adapter. L’objectif, c’est d’être prêts dès le premier match contre l’Allemagne (le 15 juin), de même contre la Hongrie puis le Portugal. »

 L’USURE PSYCHOLOGIQUE 
« Retrouver de la fraîcheur mentale »

« Il n’y a pas que l’aspect physique à prendre en compte, l’approche psychologique est importante. Cela nécessite beaucoup d’échanges avec les joueurs. Si l’un d’entre eux ne se sent pas bien, plutôt que de faire une séance qu’il accomplira à moitié, mieux vaut le soulager. On peut effectuer un travail différent, de manière individuelle, de sorte à lui permettre de se ressourcer psychologiquement. Il faut être à l’écoute, échanger avec eux, les rassurer et trouver des entraînements qui vont permettre de retrouver de la fraîcheur mentale grâce à des séances un peu plus ludiques, un peu moins physiques ou tactiques. »

 L’INTÉGRATION DE POGBA, ZOUMA, KANTÉ ET GIROUD 
« Une forme de continuité »

« On ne va pas refaire les mêmes entraînements ni les tester à leur arrivée. La saison aura été longue pour eux. Ils sont dans une forme de continuité, sans avoir eu de coupure. On va donc rebondir sur ce qu’ils étaient en train de faire dans leur club, sur cette dynamique, pour pouvoir enchaîner. On va les inclure assez rapidement au sein du groupe (photo ci-dessous avec Paul Pogba). »


Paul Pogba, qui a rejoint le groupe samedi en fin de journée, a participé à son premier entraînement avec ballon dimanche après-midi (photo Simon MORCEL / FFF).

 L’EURO DANS ONZE PAYS 
« Des temps de récupération plus courts »

« C’est la problématique principale de cet Euro. Dans cette configuration d’organisation, on va être amenés à voyager avec des temps de récupération plus courts, cela va générer de la fatigue. Prendre l’avion n’est pas non plus anodin pour l’organisme car il y a une dépression. Cela peut provoquer des réactions par rapport à des blessures éventuelles. Tout cela s’ajoute dans la difficulté de récupération. On a un staff médical extrêmement compétent et on va gérer ça du mieux possible. Il faudra être à l’écoute des joueurs et de leur organisme. »  

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