ÉQUIPE DE FRANCE

Guy Stéphan, le grand huit

jeudi 10 juin 2021 - 13:16 - Claire GAILLARD
Guy Stéphan avec Didier Deschamps

Adjoint du sélectionneur Didier Deschamps depuis 2012 après avoir été celui de Roger Lemerre, Guy Stéphan s’apprête à vivre la huitième phase finale de sa carrière. Il livre son expérience et des conseils avisés.

Face à la Bulgarie, mardi au Stade de France (3-0), il a vécu son 150e match sur le banc des Bleus. Un chiffre qui dit la longévité et le vécu de Guy Stéphan auprès de l’Équipe de France. Son tout premier, l’actuel adjoint du sélectionneur Didier Deschamps l’a connu le 29 mars 2000 à Glasgow lors d’une rencontre où « DD » était alors le capitaine tricolore. Entre son aventure auprès de Roger Lemerre (Euro 2000, Coupe des Confédérations 2001, Coupe du monde 2002), celle entamée avec Didier Deschamps en 2012 et son passage sur le banc du Sénégal (Coupe d’Afrique des Nations en 2004), Guy Stéphan aborde sa huitième phase finale. L’occasion d’échanger à quelques jours de l’entrée en lice des Bleus dans l’UEFA Euro 2020 (face à l’Allemagne, le 15 juin à Munich).

« Comment jugez-vous la préparation des Bleus ? 
Le stage se passe bien, on sent beaucoup d’ondes positives. Ceci dit, il faut être très vigilant car on doit sans cesse être exigeant. Ce n’est qu’à ce prix-là que vous pouvez bien figurer dans une grande compétition. Il ne faut aucun relâchement. Il n’y a pas de raison qu’il y en ait mais il faut garder cette bonne humeur, ce sourire et aussi la volonté de faire des efforts.


Guy Stéphan avec Karim Benzema à l'entraînement (photo Franck FIFE / AFP).

Ce championnat d’Europe sera votre 4e phase finale aux côtés de Didier Deschamps après celui disputé en 2016 et les Coupes du monde 2014 puis 2018. Mais à titre individuel, ce sera la 8e de votre carrière… 
C’est vrai ! La toute première, c’était en 2000. Cela représente beaucoup de temps, d’années passées, beaucoup d’expérience acquise, quelques succès, des aventures humaines exceptionnelles, quelques souvenirs impérissables… J’ai surtout l’envie de continuer et la même motivation. Je dirais même qu’elle est peut-être encore plus forte car je sais que je n’en ferai plus autant. Je vis cette période comme si c’était la dernière.

Un entraîneur doit avoir une ligne de conduite et utiliser les bons leviers mais il lui faut aussi surprendre par moment (...) L'usure est notre ennemi.

 

On demande souvent aux joueurs dans quels domaines ils progressent durant leur carrière. Et vous, comment vous êtes-vous amélioré d’une compétition à l’autre ? 
Un entraîneur doit avoir une ligne de conduite et utiliser les bons leviers mais il lui faut aussi surprendre par moment. Un joueur va attendre que vous fassiez tel entraînement, que vous ayez telle réaction par rapport à un évènement qui se déroule sur ou en dehors du terrain. Il faut être capable de le surprendre. On doit également faire preuve de créativité dans certains domaines, lors des exercices d’entraînement, dans le déroulé de la journée tout en conservant une ligne de conduite. C’est la difficulté pour un entraîneur ou un sélectionneur : éviter l’usure. C’est encore plus vrai en club car le coach voit les joueurs tous les jours et disputent des matches tous les trois ou quatre jours pour ceux engagés en Coupes d’Europe. En sélection, c’est différent mais l’usure est notre ennemi. Il faut combattre cela, être meilleur et gagner ce match contre l’usure.

Il faut aussi parfois savoir tout bousculer comme depuis un an où vous êtes en adaptation permanente avec la pandémie et ses conséquences sur le sport, la vie de groupe et les supporters.
Dans le monde, personne n’avait connu ça. Ce virus est inédit et nous ne savons pas aujourd’hui quelles seront ses conséquences dans le déroulement de l’Euro. On ne peut pas imaginer les répercussions pour les joueurs de ne pas voir leurs épouses, compagnes, enfants ou proches par exemple. Habituellement, on les voyait deux fois : il y avait un break durant la préparation et une pause famille après le troisième match de groupe. Là, ça va être impossible. Cela a des conséquences physiologiques et psychologiques qu’on ne peut pas mesurer. Il faudra être extrêmement vigilant et attentif au comportement des uns et des autres. Cela aura forcément une répercussion sur le terrain comme sur le groupe. On devra innover, s’adapter, c’est toujours le maître-mot. Et c’est ce que l’on fait depuis plus d’un an.


Guy Stéphan durant le hymnes aux côtés de Didier Deschamps et Franck Raviot (photo Simon MORCEL / FFF).

Dans ce contexte sanitaire, comment la supervision des joueurs s’est-elle organisée en amont de la compétition ? 
On n’a quasiment pas supervisé les joueurs. On les a suivis à distance grâce aux technologies, à la télé, sur tablette… On a toutes les chaînes et championnats possibles. Sur écran, c’est un peu différent et difficile car on n’a pas une vision périphérique. Mais on a des ralentis ou d’autres indicateurs tout de suite dont on ne dispose pas au stade en général. Cela compense un peu. C’est un état de fait. Il n’était pas possible de se déplacer en raison des confinements, des fermetures de frontières, des quarantaines à l’arrivée ou au retour, des risques de cas contacts… Il a fallu faire face. Même s’il a fallu choisir et donc éliminer, les joueurs qui sont là le méritent.

L’animation offensive française fait rêver de nombreux observateurs. Vous qui avez vécu l’Euro 2000 avec notamment Zinédine Zidane, Thierry Henry et David Trezeguet, diriez-vous que celle de l’Euro 2020 est aussi prometteuse ? 
Dans la liste de Didier figurent 8 attaquants. Il y a évidemment des joueurs dont on parle davantage que d’autres. Ce qui sera très important, c’est la complicité qu’ils vont avoir, l’état d’esprit d’une manière générale, l’animation qu’on mettra en place quand on aura le ballon et lorsqu’on ne l’aura pas. Avant l’Euro 2000, il y avait eu le Mondial 1998 autrement dit deux compétitions de rang remportées. Nous, même si c’est déjà beaucoup, on n’en a gagné qu’une : la Coupe du monde 2018. On verra si en juillet, on est sur la même pente. Il y avait des joueurs de valeur en 2000, il y en a aussi dans ce groupe de 26 et c’est la compétition qui déterminera leur niveau. »

Tout savoir sur les Bleus à l'UEFA Euro 2020

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