FOOTBALL AMATEUR

Enfants de la Goutte-d’Or, l'accessibilité au féminin

vendredi 31 décembre 2021 - 11:56 - Richard LOYANT
Féminines Enfants de la Goutte-d'Or

Le club parisien des Enfants de la Goutte-d’Or a favorisé l'accès des jeunes filles au football. Récit d’une aventure lancée il y a vingt ans.

Les belles réussites du football amateur

À travers une série lancée aujourd’hui, la Fédération met à l’honneur les initiatives et actions engagées par ses clubs partout en France. De quartier ou ruraux, avec plus ou moins de licencié(e)s mais avec toujours la même passion des pratiquants, éducateurs et dirigeants, de tous âges et générations.

Première étape : Les Enfants de la Goutte-d'Or (Ligue de Paris Île-de-France)

Les Enfants de la Goutte-d’Or, club du 18e arrondissement de Paris créé en 1978 et Grand Prix 2021 des Trophées Philippe-Séguin du Fondaction du Football (catégorie « Mixité et diversité »), œuvre depuis plus de deux décennies à une meilleure intégration par l’intermédiaire du football des femmes de ce quartier classé « prioritaire de la ville » (QPV). Nasser Hamici, son coordinateur sportif chargé de l’insertion par le sport, raconte les efforts déployés pour parvenir à leur donner les moyens de mieux s’insérer et d’être davantage visibles dans l’espace public pour, finalement, reprendre confiance en elles.

 Aux origines du projet 
« Fin 1990, deux filles jouaient dans notre association »

« Ces questions de mixité, de diversité et d’inclusion se sont posées depuis très longtemps au sein du club. À la fin des années 1990, deux filles seulement jouaient au foot dans notre association. Elles avaient commencé en école de foot, sont montées jusqu’en U14 puis, passés leurs 15 ans, ne pouvaient plus évoluer en mixte. On s’est alors demandé si on leur cherchait un autre club ou si l’on essayait de développer la pratique au sein de notre structure. La deuxième solution a été choisie. Mais là, on s’est retrouvé confronté aux problématiques que l’on peut rencontrer pour la pratique féminine dans un quartier prioritaire. »

 En quête de joueuses 
« Dépasser les stéréotypes »

« À partir du moment où l’on a décidé de monter une équipe féminine, on a voulu faire comme pour les garçons : aller les chercher dans le quartier. Et l’on s’est rendu compte qu’elles n’étaient pas aussi visibles, qu'on ne les trouvait pas aux squares ni dans les structures « jeunesse ». Cela fait plus de quarante ans que l’on effectue un travail de proximité avec les familles de ce quartier. On est donc allé directement dans leurs foyers pour essayer de leur expliquer que les filles avaient aussi le droit d’aller sur le terrain, autant que les garçons. Cela a été un travail de longue haleine parce qu’il fallait dépasser certains stéréotypes. Il y avait aussi une question de confiance parce que, autant cela peut paraître naturel pour certaines familles d’envoyer un garçon jouer au football, autant pour d’autres ce ne l’était pas, surtout pour leurs filles. »

17
équipes, dont quinze masculines (de l’école de football aux vétérans) et deux féminines (football loisir).
30
filles de 9 ans à 15 ans ayant entraînements et animations loisirs éducatifs les samedis matin, Five et sorties les mercredis après-midi.
280
licencié(e)s, le club ne souhaitant pas dépasser les 300 afin que chacun(e)s soient bien accompagné(e)s.

Photo EGDO

 Un modèle repensé 
« D'anciennes pratiquantes seniors ont encadré les plus petites »

« On s’est rendu compte que si l’on voulait pérenniser cette activité, il fallait réaliser plusieurs choses. Il fallait des modèles qui inspirent les jeunes filles et les poussent à s’inscrire. Et pas seulement des joueuses mais aussi des coaches. On s’est donc appuyé sur les filles seniors qui avaient pratiqué au club pour qu’elles viennent encadrer les plus petites. On s’est ensuite dit qu’au lieu de partir sur une équipe senior, on allait plutôt ouvrir aux plus jeunes et redémarrer par une école de foot. Donc, aller sur les 8-12 ans, commencer à travailler avec elles pour, au fur et à mesure, faire en sorte qu’elles grandissent au club et que l’on se structure pour que l’on puisse avoir d’autres équipes plus tard. Toute l’expérience accumulée durant ces années, et les échecs aussi, nous ont permis de tirer des enseignements et de repenser notre manière d’aborder et de faire. »

 Le renouveau par la base 
« Travailler avec les institutions, les écoles »

« L’important est de valoriser la pratique. Ceci passe par des actions à destination des filles, comme des tournois mixtes au cœur du quartier. Il s'agit aussi de faire jaillir des encadrantes, de les former et de permettre aux jeunes filles qui les voient de se dire : « C’est possible ! ». Tout en étant rassurées grâce à un encadrement féminin. Enfin, il faut travailler avec les institutions du territoire, à commencer par les écoles. C’est-à-dire approcher leurs directeurs, les rencontrer pour leur parler de notre projet et leur dire que cette pratique féminine existe dans notre club pour qu’ils puissent la relayer auprès des jeunes filles dans les classes. Nous avons aujourd’hui une trentaine de filles de 8 à 15 ans avec qui on fait autant de pratique sportive que de travail en ateliers et des sorties pour les amener sur d’autres domaines que le seul terrain du sport. »

Photo EGDO

Laura Georges : « Oui, les femmes comptent »

Laura Georges (secrétaire générale de la FFF) : « On pense aujourd’hui que tout est logique et facile, d’avoir sur un terrain de football des hommes et des femmes aux parcours et âges différents … Mais selon l’endroit où l’on vit et ce que l’on est, il est parfois compliqué de pratiquer le football. J’ai été joueuse et il a parfois été complexe de faire valoir que oui, les femmes comptent dans ce milieu du football ! Il est important d’avoir des femmes et des hommes de tous âges, origines, orientations sexuelles pour dire qu’ils et elles ont leur place sur le terrain. Chacun a le droit de s’exprimer et d’être soi-même sur un terrain. Avoir été joueuse est une chose, être aujourd’hui dirigeante en est une autre mais avec les mêmes points communs : rester soi, y compris en étant une femme dans un milieu très masculin, apporter son regard et sa bienveillance dans une société qui évolue perpétuellement ».

 Découvrez Les Enfants de la Goutte d'Or en vidéo : 

Revoir le webinaire sur la mixité et la diversité

fédération française de football - FFF
Crédit Agricole logo EDF logo Nike logo Orange logo Volkswagen logo