FFF/FORMATION 

Hubert Fournier (volet 1) : « Une reconnaissance du savoir-faire français » 

mardi 21 décembre 2021 - 10:00 - Alexandre CHAMORET
DTN FFF

Hubert Fournier, le directeur technique national de la FFF, chapeaute avec son équipe la formation française. L’ancien joueur et entraîneur fait le point sur le vivier français, les structures de formation, les évolutions techniques, la protection des joueurs et joueuses et la crise sanitaire. Voici le premier volet de cet entretien. 

« Quelles sont les forces de la formation française ? 
Un engagement collectif du football français dans la formation qui permet la détection et l’émergence de jeunes talents. La qualité de notre football amateur, au travers de ses écoles de foot, est la fondation sur laquelle repose notre système de préformation et de formation. Notre système fédéral, grâce à nos 300 conseillers techniques, nous permet d’organiser un plan national de détections sur l’ensemble du territoire et d’orienter les meilleurs talents vers nos structures de formation (SES, Pôles Espoirs, Centres de formation). Il existe une grande collaboration entre la FFF et les clubs professionnels pour élaborer une architecture de formation performante et complémentaire. Le service Plan Performances du football (PPF) de la Direction Technique Nationale (DTN) pilote, coordonne et accompagne ce dispositif qui permet de former les jeunes talents masculins et féminins au plus haut niveau. 

Près de 1 000 joueurs français évoluent aujourd’hui à l’étranger. Avec le Brésil, la France est considérée comme l’un des premiers pays formateurs dans les grandes compétitions internationales et l’un des premiers pays exportateurs de joueurs...

C’est un indicateur prouvant la qualité de la formation française, une reconnaissance du savoir-faire français. Deux constats, le premier est que les clubs des grands championnats européens reconnaissent l’expertise de la formation française, ce qui est positif. Nos joueurs sont très présents en Coupes d’Europe ; ils acquièrent une expérience de très haut niveau, ce qui sert nos sélections nationales. C’est une manne pour les clubs professionnels et amateurs à travers les indemnités de formation. Le deuxième constat est plus ambivalent. Depuis de nombreuses années, la plupart de nos clubs français ont des difficultés à retenir leurs meilleurs talents en raison de la concurrence économique avec certains clubs étrangers. Les départs se font donc de plus en plus jeunes, ce qui est préoccupant. 

À l'exemple du défenseur internationale Jules Koundé, titulaire au FC Séville, de nombreux grands clubs européens s'appuient sur la qualité de la formation française (photo Pressinphoto/ICON SPORT).

Le président de la FFF le déplore parfois. C’est aussi votre avis ? 
Oui, je rejoins le président. Plus le départ de nos jeunes talents est précoce, plus le taux d’échec est important à l’arrivée. Il faut toujours avoir en tête que beaucoup de ces jeunes joueurs manquent encore de maturité pour s’exprimer dans un contexte très concurrentiel et dans un environnement très différent (linguistique, culturel, éloignement familial). De plus, le socle socio-éducatif assuré dans nos structures de formation dans l’optique de créer un avenir pour ceux qui échouent n’est pas toujours pris en compte lors de ces expatriations précoces. 

La qualité de notre football amateur, au travers de ses écoles de foot, est la fondation.

 

Quelles sont les solutions pour trouver un équilibre ? 
L’élargissement du premier contrat professionnel, par exemple. Nous travaillons avec l’ensemble des familles du football sur ce sujet. Il permettrait d’endiguer la pression des sollicitations sur nos meilleurs talents qui engendre beaucoup de perturbations dans leur processus de progression. Du côté des clubs, ce progrès permettrait de valoriser dans la durée les investissements de formation. 

La FFF assure l’essentiel de la formation des joueuses de haut niveau. Ce modèle doit-il évoluer ?
La FFF assume en effet une grande partie de la formation féminine via son Pôle France et ses sept Pôles féminins en régions. Ces structures de formation s’adressent à des jeunes filles U15 à U18, avec un accompagnement éducatif et social renforcé permettant la mise en place d’un double projet associant développement sportif et formation intellectuelle diplômante en vue d’une reconversion de qualité. Nous travaillons avec le syndicat des clubs de D1-D2 féminine pour les accompagner dans le développement des futurs centres de formation féminin. Demain, ce rééquilibrage entre l’engagement des clubs de l’élite féminine et la Fédération devrait permettre à la FFF de se concentrer sur le développement de la préformation féminine (U12-U15). 

La DTN fait du dévelooppement de la préformation féminine un objectif prioritaire (photo FFF).

Le Pôle France féminin est de retour au Centre National du Football à Clairefontaine. C’est une bonne chose ?

L’accueil et l’expertise étaient remarquables mais oui je suis ravi du retour de ce pôle d’excellence au sein de la maison du football français. Au même titre que l’INF, il était important que cette structure de formation féminine d’élite soit représentée au CNF. Être au contact de l’ensemble de nos sélections nationales sera une source de motivation supplémentaire. 

Comment la formation française gère-t-elle les difficultés de la crise sanitaire ? 
La détection a été rendue très difficile du fait de l’arrêt des compétitions. Le manque de match a rendu la tâche encore plus difficile pour les formateurs chargés d’évaluer le développement des jeunes talents. Nos Pôles Espoirs et les centres de formation des clubs professionnels ont néanmoins pu continuer à former dans le respect des protocoles sanitaires que nous avons mis en place. 

Les sélections de jeunes ont aussi retrouvé la compétition. Quels sont les objectifs ? 
Cette saison sans compétition internationale a été un crève-cœur pour nos sélectionneurs. La culture du très haut niveau se cultive pour beaucoup au travers des sélections nationales. L’objectif était de se qualifier pour les phases finales (U19, U19 F, U17 et U17 F), ce qui est le cas, et maintenant d’atteindre les derniers carrés. 

Les chiffres de la formation française

35 
Nombre de centres de formation 
25 
Nombre de pôles Espoirs (16 masculins, 8 féminins, 1 Futsal) 
500 
joueurs en Pôles Espoirs par saison 
200 
joueurs issus des centres de formation français évoluent dans les 2 premières divisions du Big 4 européen 
5 sur 700 
joueurs formés en centre de formation évolueront en Équipe de France A par génération
10 M€
L’investissement de la FFF pour la formation (structure PPF / Détection)
40
Nombre d’entraîneurs nationaux
150
Nombre d’entraîneurs français évoluant à l’étranger
350
Nombre de cadres

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