ÉQUIPE DE FRANCE

Hugo Lloris : « C’est encore plus incroyable en sélection »

mardi 28 décembre 2021 - 09:56 - R. R.
Hugo Lloris victoire Ligue des Nations 2021

Avec plus de cent capitanats, le gardien des Bleus a placé la barre très haut. Au point que ce record paraisse presque inaccessible. Il se confie sur son rôle, ce que ce brassard recouvre dans le fonctionnement, symbolise dans l’histoire du football français… 

C’est un record qui ne manque pas… d’Eire. Ce 26 juin 2016, l’Équipe de France affronte l’Irlande à Lyon en huitièmes de finale de l’Euro. Hugo Lloris est le premier tricolore à pénétrer sur la pelouse du Groupama Stadium. Brassard autour du bras gauche pour la 55e fois de sa carrière internationale, le gardien de but né et formé à Nice, alors âgé de 29 ans, dépasse son sélectionneur Didier Deschamps, capitaine des Bleus à 54 reprises entre 1994 et 2000. « Forcément, c’est plaisant mais loin de moi l’idée de me comparer à mon sélectionneur, qui reste une référence », dit-il après le succès français, 2-1.

 PREMIÈRE À WEMBLEY 

Cinq années ont défilé. Le compteur aussi. Le 2 juin dernier, à l’Allianz Riviera, Lloris a honoré son centième capitanat face au Pays de Galles (3-0). On peut avancer, en étant à peu près certain de ne pas se tromper, que ce record n’est pas près d’être battu. L’intéressé n’a pourtant jamais vraiment couru après.

« JE ME SOUVIENS DE L’ÉCHANGE DES FANIONS AVEC LE CAPITAINE ANGLAIS, RIO FERDINAND. MON PÈRE ÉTAIT VENU À LONDRES. ON GAGNE. »

 

« Ça s’est fait naturellement, explique-t- il. Je n’ai jamais revendiqué le capitanat. » Son premier avec les Bleus reste son « souvenir le plus marquant, le plus fort ». C’était à Wembley, le 17 novembre 2010, contre l’Angleterre, avec une victoire 2-1, à la clé : « Le brassard tournait à ce moment-là en équipe de France. Je me souviens de l’échange des fanions avec le capitaine anglais, Rio Ferdinand. Mon père était venu à Londres. On gagne. » Quelques mois plus tard, Laurent Blanc, alors sélectionneur, se déplacera à Lyon pour dévoiler son verdict à Lloris en tête-à-tête : il serait son capitaine à l’Euro 2012. « Au début, par précaution, je me mettais une carapace, je ne savais pas trop où j’allais. À l’époque, le brassard, il était lourd à porter. Quand tu gagnes, c’est plus simple », juge-t-il.


Hugo Lloris avec son premier brassard de capitaine lors d'Angleterre-France, le 17 novembre 2010 à Wembley (photo David WINTER / ICON SPORT).

 CAPITAINE À NICE, LYON, TOTTENHAM… 

La fonction n’était pas complètement nouvelle pour Lloris. En moins de 15 ans nationaux à Nice, il l’assumait à tour de rôle avec deux de ses coéquipiers. A Lyon, Claude Puel lui avait ponctuellement confié cette charge.

« LE POIDS EST LÀ, CELUI D’UNE TRÈS GRANDE NATION DU FOOTBALL. »

 

En 2015, trois ans après son arrivée à Tottenham, il s’est également imposé comme une évidence dans ce rôle. Mais le poids du bout de tissu, en Équipe de France, n’est pas le même. « Capitaine en club, c’est fantastique mais en équipe de France, c’est encore plus incroyable, estime-t-il. Tu représentes tellement de choses, une telle histoire… Je le ressens à chaque match. Et puis, il y a un tel engouement autour de l’équipe. Le poids est là, celui d’une très grande nation du football. »

 PLUSIEURS FAÇONS D’ÊTRE LEADER 


Après la victoire lors de la Coupe du monde 2018 (photo E-Press / ICON SPORT).

De l’honneur à l’horreur, il ne peut y avoir qu’un pas. Il s’agit d’être solide. « Le plus dur, dit Lloris, c’est de trouver le bon dosage. Il ne faut pas surjouer, rester soi-même. L’expérience aide à avoir la bonne attitude. Le capitaine doit être fidèle à ses principes. Il ne doit pas s’inventer une personnalité. Ça doit être un leader. Il y a plusieurs façons d’être un leader. Certains sont leaders par leur exemplarité, d’autres par le travail, la performance, d’autres sont avant tout des rassembleurs. La vérité se situe un peu partout. Il n’y a pas un profil idéal. Il ne suffit pas d’être une grande gueule. De toute façon, je suis persuadé que le capitanat se partage. Un joueur porte le brassard mais les responsabilités sont partagées entre les cadres, les leaders de l’équipe. »

 LE CAPITAINE ET SES RELAIS 

C’est d’autant plus vrai que depuis sa surface de réparation, Hugo Lloris ne peut pas faire entendre sa voix à l’autre bout du terrain quand la situation pourrait l’exiger. « Ça peut être frustrant. Un gardien a de l’impact sur sa défense et les milieux défensifs. Il peut utiliser la voix pour guider ou transmettre des informations.

« EN CAS DE FAUTE, TRAVERSER LE TERRAIN POUR ALLER PARLER AVEC L’ARBITRE, CE N’EST PAS MON TRUC. MAIS J’AI DES RELAIS ET J’AIME VRAIMENT LE PARTAGE. J’AI BESOIN D’EUX. »

 

Après, c’est plus compliqué, surtout quand le stade est plein. En cas de faute, traverser le terrain pour aller parler avec l’arbitre, ce n’est pas mon truc. Mais j’ai des relais et j’aime vraiment le partage. J’ai besoin d’eux. Un entraîneur a besoin de ses leaders et un capitaine a besoin des cadres. C’est important. En général, il faut un relai par ligne », explique-t-il.


Aux côtés de Paul Pogba, Didier Deschamps et Karim Benzema (photo David Niviere ABACAPRESS.COM / ICON SPORT).

 INSPIRER LE RESPECT 

Son influence, un capitaine ne l’exerce pas uniquement entre le coup d’envoi et le coup de sifflet du match. Lloris en a bien conscience : « Dans la vie de groupe, quand le capitaine intervient, c’est qu’il y a un problème en général.

« JE RETROUVE CHEZ DIDIER (DESCHAMPS) L’ÂME DU LEADER. JE PEUX IMAGINER EN LE VOYANT COMME SÉLECTIONNEUR COMMENT IL POUVAIT ÊTRE EN TANT QUE JOUEUR »

 

Disons qu’il y a un cadre défini par le coach et le capitaine doit faire en sorte que tout le monde reste dans ce cadre. Après, le football a pris une telle dimension dans la société que le capitaine doit montrer l’exemple. Ça ne veut pas dire qu’on fait les choses pour les autres. On les fait d’abord pour soi. Mais il y a des valeurs à respecter. »

 ET DES MODÈLES DONT ON PEUT S’INSPIRER ? 

« Je n’ai jamais cherché à être capitaine donc je ne focalisais pas sur les capitaines, répond Lloris. Je regardais davantage les gardiens. Un gardien a très vite le sens des responsabilités, de par son poste. Je me souviens, très jeune, on me disait que le gardien devait être le patron dans sa surface, que je devais commander ma défense. Le gardien se doit d’être leader. Il doit dégager quelque chose par sa présence, sa voix, à ses coéquipiers. C’est une forme de leadership. Maintenant, je retrouve chez Didier (Deschamps) l’âme du leader. Je peux imaginer en le voyant comme sélectionneur comment il pouvait être en tant que joueur. On sent que chez lui, c’est naturel. Il est né comme ça. Il inspire le respect. C’est important. »

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