Grand chelem inédit des Bleu(ette)s

Toutes les sélections nationales féminines et masculines de jeunes sont qualifiées pour les phases finales de leur Euro ou de Mondial. Du jamais vu la même saison dans l’histoire de ces équipes de France, à la grande satisfaction du directeur technique national Hubert Fournier.

De mai à septembre 2022, six sélections tricolores de jeunes disputeront les phases finales de leur championnat d’Europe ou de leur Coupe du monde. Cette présence record est aussi inédite, jamais l’ensemble de ces équipes de France ne s’étant jusqu’ici qualifié une même saison pour le dernier round de leurs compétitions. 

Elle complète les participations des A à leur propres phases finales : le Mondial 2022 au Qatar en novembre-décembre prochains pour les Bleus et l’Euro 2022 en Angleterre en juillet pour les Bleues, également partantes pour le Mondial de juillet-août 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. Et en attendant celle des Espoirs, idéalement placés pour valider en juin prochain leur billet pour l’Euro 2023 en Géorgie et Roumanie.

U20 : LES FILLES EN QUÊTE MONDIALE

Archives FFF.

Qualifiée en remportant le championnat d'Europe U19 féminin 2019 de l’UEFA, la sélection emmenée par Sonia Haziraj a dû patienter deux ans avant de défendre ses chances à la Coupe du monde de la FIFA. Prévue en août-septembre 2020, elle a été reportée pour cause de pandémie Covid-19 pour se tenir finalement en août 2022 au Costa Rica. En quête d’une première couronne mondiale, les Bleuettes connaîtront leurs adversaires en poule à l’issue du tirage au sort fixé au 5 mai prochain à San José, capitale du pays hôte.

U19 : EN TROIS DIMENSIONS

La sélection U19 féminine en novembre 2021 contre la Belgique (Archives FFF).

Intraitables au premier (photo principale) comme au second tournois qualificatifs, les joueuses de Sandrine Ringler ont survolé les éliminatoires (six victoires, seize buts marqués, un encaissé) pour rallier la République tchèque, hôte du vingt-troisième Euro U19 féminin de l’UEFA en juin-juillet. Elles y défendront un titre conquis en 2019 et seront fixées sur leurs premières concurrentes le 18 mai, au terme du tirage au sort organisé à Ostrava.

Les U19 au tour Élite en mars 2022 (Philippe Le Brech/APL/FFF).

Les protégés de Landry Chauvin ont forcé leur destin dans les dix dernières minutes de leur dernier match du tour Élite, menés et virtuellement éliminés avant d’inscrire deux buts leur donnant la victoire sur la Bosnie-Herzégovine et l’accès à la phase finale de l’Euro U19 2022 de l’UEFA. Demi-finalistes des deux précédentes éditions, ils sauront le jeudi 28 avril quels seront leurs trois premiers opposants en Slovaquie. Avec pour ambition une nouvelle demi-finale, qui les enverrait en Indonésie disputer un an plus tard la Coupe du monde U20 de la FIFA 2023 (un barrage entre les troisièmes des deux poules déterminera le cinquième qualifié de la zone Europe).

La joie d'une première qualification en phase pour les U19 futsal (Archives FFF).

Absents de la première édition en 2019, les Bleuets de Clément Lerebours n’ont pas manqué le rendez-vous du deuxième Euro U19 futsal de l’UEFA de l’histoire, qu’ils joueront en Espagne en septembre. Pour s’accorder cette première chez le tenant du titre, ils sont sortis en tête et invaincus de leur tour principal (deux victoires, un nul, onze buts pour, deux contre). Ils attendent désormais la date du tirage au sort qui déterminera leurs rivaux en poule.

U17 : L’EUROPE EN TÊTE

Les U17 féminines lors du premier tour éliminatoire en octobre 2021 (Archives FFF).

La formation dirigée par Cécile Locatelli a réalisé un quasi-sans-faute lors de ses deux tours qualificatifs (cinq victoires, un nul, vingt-deux buts marqués, quatre encaissés) pour s’ouvrir les portes du treizième Euro U17 féminin de l’UEFA, une compétition que la France n’a jamais remportée. La Norvège, la Suède et une troisième équipe à déterminer seront sur leur route au premier tour en mai en Bosnie-Herzégovine. Les deux finalistes de l’épreuve et le vainqueur d’un barrage opposant les équipes battues en demi-finale iront disputer la Coupe du monde U17 féminine de la FIFA 2022, en octobre en Inde. 

Les U17 qualifiés après cinq rencontres en deux tours éliminatoires (Pauline Carré/APL/FFF).

Après un tour éliminatoire mitigé (un succès, un nul, une défaite), la sélection de José Alcocer n’a pas tremblé pour remporter ses deux matches du tour Élite, l’envoyant en Israël pour le trente-huitième Euro U17 de l’UEFA. Ils affronteront en phase de groupe les Pays-Bas (double tenant du titre), la Bulgarie et une troisième sélection à déterminer.

HUBERT FOURNIER

« Un marqueur de la bonne santé de notre formation »

Comment expliquez-vous ce tir groupé inédit des sélections de jeunes ?
« C’est un marqueur de la bonne santé du football français au niveau de la formation masculine, féminine, sans oublier le futsal en progression constante. La FFF investit dans le futsal. Ouvert à Lyon en 2018, le Pôle France futsal alimente déjà nos sélections de jeunes futsal et déjà un peu l’Équipe de France A futsal. Ma satisfaction de voir toutes nos sélections de jeunes qualifiées est aussi l’occasion de mettre en avant le travail de Lionel Rouxel et Sabrina Viguier, les deux coordinateurs des sélections. »

Cette performance d’ensemble des sélections, c’est le signe que le modèle de formation et de préformation en France fonctionne bien avec notamment les vingt-cinq pôles Espoirs FFF ?
« Oui, notre système de formation fonctionne bien même s’il faut toujours songer à s’améliorer. On a souhaité amener des évolutions à notre organisation pour être encore meilleur demain. »

Hubert Fournier, directeur technique national de la FFF (Pierre Bougeois/FFF).

Avec dix-huit sélections nationales, masculines et féminines, la FFF envisage-t-elle d’améliorer encore son dispositif ?
« On va mettre en place un groupe de développement U15, masculin et féminin. Ce n’est pas tout à fait une sélection mais deux groupes dans lesquels on va, durant une saison, rassembler les meilleurs et les meilleures U15 du territoire pour des oppositions qui nous permettront de mieux identifier les talents appelés à composer les futurs U16. J’ai souhaité, en accord avec le président Noël Le Graët, que le futur référent de ces U15 soit un entraîneur national. Il va également coordonner le travail dans nos pôles Espoirs et nos sections sportives Élite. C’est notre filière de préformation, sur laquelle on s’appuie beaucoup. Autre évolution, la mise en place de centres de perfectionnement U11-U12-U13 dans chaque district métropolitain afin de réunir là encore les meilleurs éléments ensemble, deux à trois fois par mois. Cela permettra de mieux orienter ces jeunes talents vers nos pôles Espoirs ».

L’Institut national du football (INF) va-t-il également évoluer ?
« Oui, il va changer de dimension. Il va devenir mixte pour la première fois. Clin d’œil de l’histoire, puisque l’on est dans l’année du cinquantième anniversaire de la création de l’INF. C’est l’INF de demain qui traduit la volonté de la Fédération de s’impliquer à la fois sur le développement masculin mais aussi féminin. Ce sera le premier pôle de préformation féminin en France. On pense également à développer le football féminin de futsal. C’est la discipline collective la plus pratiquée dans les écoles (UNSS). C’est un vrai vivier. »

"L'objectif pour ces sélections est le dernier carré... et plus si affinités".
Hubert Fournier

L’objectif pour toutes les sélections de jeunes qualifiées est-il le dernier carré ?
« Comme on a l’habitude de le dire avec le président, c’est le dernier carré et plus si affinités… [sourire]. On est ambitieux et on a toutes les raisons de l’être. On l’a constaté sur les tours Élite, même si cela a été difficile pour certains, on a sans doute des générations qui peuvent prétendre à finir parmi les tout meilleurs. »

Chez les jeunes, où se situe la France dans la hiérarchie mondiale ?
« Sur l’émergence des talents dans les championnats professionnels, nous sommes, avec le Brésil, les deux nations qui fournissons le plus de jeunes dans les gros championnats européens. La présence française est presque numéro 1. C’est le fruit d’un travail collectif entre la Fédération et les clubs. C’est une satisfaction, évidemment, parce que c’est une reconnaissance. Il y a néanmoins un bémol : beaucoup de nos jeunes sont appelés à quitter trop tôt les championnats français. C’est regrettable. »

Vous revenez tout juste d’un déplacement en Angleterre. Dans quel cadre ? Et où se situe la formation française par rapport à nos voisins ?
« Dans le cadre de la formation continue de nos directeurs de centres de formation, nous visitons régulièrement nos voisins européens, l’Espagne il y a quatre ans, l’Allemagne il y a deux ans, pour échanger sur nos modes de fonctionnement. En Angleterre, nous avons visité quelques clubs comme Crystal Palace, entraîné par Patrick Vieira, un club de Championship (D2 anglaise), Nottingham Forest, où un autre de nos champions du monde 1998, Christian Karembeu, est le bras droit du président. On a été reçu également à Saint Georges Park, le « Clairefontaine anglais » pour échanger avec le DTN anglais. C’est toujours enrichissant et on voit que l’on n’a pas de complexe à avoir. »

La formation, c’est aussi l’accompagnement scolaire qui est mis en place dans ces sélections nationales…
« On est en plein dans le double projet. On arrive en fin d’année. Certains ont des échéances, avec le baccalauréat notamment. Des professeurs accompagnent l’ensemble des sélections durant ces phases finales. Ils sont concentrés sur la compétition mais ils doivent également le rester sur leur scolarité. C’est l’une des exigences dans le fonctionnement de nos sélections. Nous avons cette responsabilité. Malheureusement, pour certains de nos joueurs, l’avenir de footballeur professionnel n’est pas garanti : une blessure, un passage à vide, la concurrence…, il faut donc les accompagner scolairement. Échec sportif ne veut pas dire échec de sa vie future. »