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Corinne Diacre : « Ce n’est pas la même approche »

mercredi 6 juillet 2022 - 11:09 - RÉDACTION
Corinne Diacre

Après avoir disputé trois Euros, la sélectionneure des Bleues va vivre son premier dans ce rôle sur le banc. Alors que l'édition 2022 s'ouvre ce mercredi avec Angleterre-Autriche (21h) et que ses joueuses entreront en lice dimanche contre l'Italie, elle évoque ses ambitions et revient sur ses souvenirs.

Les Bleues sont arrivées mardi en Angleterre et ont rejoint leur camp de base pour achever leur préparation avant de faire leurs débuts dans l'UEFA Euro 2022, dimanche face à l'Italie (21 heures). Avant leur grand départ, Corinne Diacre s'était confiée à FFF.FR. Au menu, ses trois Championnats d'Europe disputés en tant que joueuse (1997, 2001, 2005) et son premier en tant que sélectionneure sur le banc. En 2013, alors qu'elle était l'une des adjointes de Bruno Bini, l'ancienne défenseure avait eu un aperçu mais dans quelques jours à Rotherham, c'est elle qui endossera ce rôle de numéro 1. 

« Après un mois de préparation, comment allez-vous et comment va le groupe ? 
Très bien ! Ces trois semaines et demie ont été intenses, rythmées par le travail mais ce travail paye car nous sommes là où nous voulions être aujourd’hui, en termes physique et tactique. Côté ambiance, tout se passe bien. Les joueuses sont concentrées sur l’objectif quand elles sont sur le terrain ou en séance vidéo mais cela n’empêche pas la bonne humeur dans les moments de vie.

Vous vous apprêtez à vivre votre 4ème Euro. Le premier en tant que sélectionneure. Comment l’abordez-vous ? 
C’est totalement différent. La coach a plus de poids sur les épaules. Il faut organiser à la fois l’Euro mais aussi toute la phase de préparation, essayer d’anticiper un maximum de scénarios possibles et porter son attention sur 23 joueuses, 23 personnalités et talents différents. Quand on dispute l’Euro en tant que joueuse, on est plus autocentrée, sur ses propres performances et sur la façon de les mettre au service du collectif. C’est logique mais ce n’est pas du tout la même approche même si mon passé de joueuse m’aide dans l’appréhension de ces moments. C’est beaucoup de travail mais aussi beaucoup de plaisir. Nous travaillons très bien avec mes deux adjoints et c’est ce type de grande compétition qui anime une équipe de football. C’est pour vivre ces moments que nous choisissons ce métier.

« Nous sommes l’Équipe de France, nous nous devons d’avoir de l’ambition. Mais ambition ne veut pas dire arrogance. Nous savons que le chemin est long et que les équipes que nous croiserons auront le même objectif que nous. . »

 

Vous affichez clairement l’ambition d’aller jusqu’en finale, à Wembley. 
Oui, nous sommes l’Équipe de France, nous nous devons d’avoir de l’ambition. Mais ambition ne veut pas dire arrogance. Nous savons que le chemin est long et que les équipes que nous croiserons auront le même objectif que nous. Ce n’est pas parce qu’on veut quelque chose qu’on l’obtient. Il faut passer par le travail, la concentration, l’abnégation. Et y croire également. Maintenant, comme je le disais, il y a des adversaires en face et des adversaires de grande qualité. L’Euro est une compétition resserrée avec de nombreux prétendants au titre qui se préparent, comme nous et qui ont des ambitions, comme nous. C’est un tournoi prestigieux. À nous et aux joueuses de faire la différence.


Corinne Diacre lors de l'Euro 2005 en... Angleterre (photo ICON SPORT).

Avant la finale, il y a évidemment la phase de groupes. Quel adversaire sera le plus à redouter ? 
Sans faire de langue de bois, les trois ! (Rires) Je l’ai déjà évoqué mais un Championnat d’Europe est une compétition très homogène en termes de niveau, certainement plus qu’une Coupe du Monde. Les équipes progressent toutes et aucun de ces trois adversaires ne devra être ni ne sera pris à la légère. Il faudra démarrer fort face à l’Italie qui est sur une pente ascendante depuis 2019, confirmer face à une Belgique forte de certaines individualités comme Janice Cayman et conclure contre l’Islande, au profil athlétique et qui a fait nul face aux vice-championnes olympiques suédoises lors des qualifications.

« C’est dur de ne retenir qu’un souvenir mais je dirais que l’Euro 1997, avec Aimé Mignot, fut le plus marquant. C’était le premier (…) Nous avons eu le sentiment de servir notre discipline. »

 

En tant que joueuse, quel est votre souvenir le plus fort d’un Euro ? 
C’est dur de ne retenir qu’un souvenir mais globalement je dirais que l’Euro 1997, avec Aimé Mignot, fut le plus marquant. C’était le premier, pour moi bien sûr, mais surtout pour l’Équipe de France féminine qui se qualifiait pour la première fois de son histoire à une phase finale de compétition internationale. Nous avons eu le sentiment, à ce moment-là, de servir notre discipline. C’était une forme d’accomplissement pour le foot féminin français. Le parcours a été assez frustrant avec cette élimination à la différence de buts mais nous avions quand même tenu tête à l’Espagne et battu la Russie. C’était un premier pas pour les Bleues et depuis l’Équipe de France n’a jamais raté un Euro !

Comme vous le soulignez, les Bleues sont dirigées à cette époque-là par Aimé Mignot… 
Oui, et nous lui devons toutes beaucoup, tout comme l’ensemble de la discipline. Aimé a cru en nous, nous a donné les clés et la confiance pour décrocher cette première qualification. À titre personnel, j’avais un rapport particulier avec lui. Il fut mon premier sélectionneur. Le premier à me convoquer en Équipe de France, à me donner une sélection puis une place de titulaire. C’est avec lui que ma carrière internationale a commencé et c’est quelque chose d’impossible à oublier.

Vous avez pris votre retraite internationale en août 2005, à la fin de votre troisième Euro en tant que joueuse. 
Oui et c’était d’ailleurs en Angleterre !  


Avec ses joueuses durant la préparation (photo Tim GUIGON / FFF).

Vous revenez en tant que sélectionneure en 2017. Comment jugez-vous l’évolution du football féminin entre ces deux moments ? 
C’est le même sport mais plus tout à fait le même monde. Tout a évolué. La professionnalisation des joueuses, leur médiatisation, les structures en club et en sélections nationales, la formation et maintenant la préformation. En France mais aussi à l’étranger. Il y a 15 ans les nations dominantes n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Le paysage évolue, les nations comme l’Angleterre, l’Espagne voire l’Italie ont avancé très vite et très fort. C’est positif pour toute la discipline, ça entraîne tout le monde vers le haut. Ça demande aussi des ajustements, de l’adaptation car tout s’enchaîne assez rapidement. Ce qui est vraiment positif c’est que la plupart des joueuses ont aujourd’hui la possibilité de se consacrer exclusivement au football. Cela créé des vraies professionnelles conscientes de tout leur environnement et des efforts à produire : en termes de nutrition, de sommeil, de pré-échauffement, d’hygiène de vie. »

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