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L’efficacité 2021-2022 des centres de formation

jeudi 7 juillet 2022 - 15:48 - Richard LOYANT
OL Academy

La FFF a publié le document évaluant l’efficacité des centres de formation pour la saison écoulée. Jean-François Vulliez, directeur de celui de l'Olympique Lyonnais, analyse la réussite de l’OL Academy et les spécificités de la formation à la française.

Arrivée à l’Olympique Lyonnais en 2011, Jean-François Vulliez a pris la tête de l’OL Academy six ans plus tard. La structure qu’il dirige s’est particulièrement distinguée parmi les trente-cinq centres de formation analysés lors de la saison 2021-2022 – selon le document annuel de la FFF évaluant leur efficacité, publié jeudi 7 juillet. Il en décrit ici les ressorts et la façon dont il s’inscrit dans le cadre global impulsé par la Fédération. 

LES TROIS CENTRES LES MIEUX NOTÉS

4,55
étoiles pour le centre de l’Olympique Lyonnais (L1)
4,10
étoiles pour le centre du Havre AC (L2)
3,85
étoiles pour le centre de l’AS Saint-Étienne (L1)

« PATRIMOINE, INNOVATION ET ÉVOLUTION »

Comment expliquez-vous vos bons résultats ?

« La capacité à former des joueurs de niveau Ligue 1 est une régularité du club. La stabilité de la structure et une stratégie cultivée au fil des ans permettent aujourd’hui d’avoir cette place et de rester au top en la matière. Nous devons toujours avoir une vision sur l’évolution du football et de la société pour adopter, avec notre Direction sportive, des stratégies efficaces. La stabilité est primordiale, le travail dans un climat de confiance, de cohérence et d’excellence sont essentiels. Cela fait plusieurs années que l’on œuvre avec les mêmes staffs. Cela permet d’avoir une expertise dans chaque catégorie, en cherchant à amener de la valeur ajoutée chaque saison dans les différents domaines de la performance pour continuer à progresser.

En quoi l’OL Academy se distingue-t-elle ?

Notre vocation est d’accueillir des jeunes et de les accompagner dans un projet ambitieux autant sur les plans éducatif que sportif. L’excellence est l’une de nos valeurs, nous attachons beaucoup d’importance à la partie éducative car nous estimons que le jeune doit progresser dans tous les domaines, notamment dans ses facultés à comprendre les consignes et à apprendre, sur le terrain comme à l’école. On souhaite former des jeunes capables de comprendre le monde, d’acquérir une culture et une capacité d’analyse leur permettant de mieux appréhender leurs vies d’adolescents puis d’hommes, de devenir des personnes responsables et autonomes. Le tout afin qu’ils puissent évoluer dans la société à travers, si possible, leur métier de footballeur professionnel et, si ce n’est pas le cas, s’épanouir dans une autre profession.

Existe-t-il une spécificité lyonnaise ?

Nous mettons souvent en avant trois mots-clés : capitaliser, évoluer et innover. Capitaliser, sur la culture de formation effectuée depuis des générations à l’Olympique Lyonnais, de jeu, d’entraînement et d’excellence. Des valeurs communes, un "patrimoine OL" qui se transmet à l’identique entre générations, des invariants importants du parcours de formation font partie de cette capitalisation.

Au Stade de France avant la finale de la Coupe Gambardella-Crédit Agricole 2022, remportée par les jeunes de l’OL face au SM Caen (photo Damien LG/OL).

En quoi consiste l’évolution ?

Il s’agit d’être capable de faire évoluer nos méthodes d’apprentissage et notre expertise, être curieux, s’intéresser aux sciences humaines et aux sciences plus technologiques. Cela se décline dans le développement de nouveaux outils d’accompagnement, technologiques (datas, vidéo), de développements mental et moteur, d’apprentissage pédagogique et sur les à-côtés du football. Avec un élément très important : la continuité dans le parcours de formation, un projet qui part de l’école de foot jusqu’à l’entrée en professionnel. 

Et l’innovation ? 

EIle consiste à mettre en place des projets de recherche, parfois sur quelques catégories de jeunes pour voir si ces nouveautés peuvent se déployer ensuite à l’ensemble. Pour que l’innovation devienne évolution, que l’on continue à avancer en cherchant toujours à installer les meilleurs parcours et contexte pour que les jeunes s’épanouissent, progressent et optimisent tout leur potentiel. Un club de foot doit proposer tous les outils possibles à ses jeunes joueurs. Certains vont en prendre un pour évoluer, d’autres auront besoin d’un autre. On travaille davantage maintenant sur le développement de l’individu au sein d'un collectif pour permettre à chacun d’utiliser l’outil lui permettant de progresser. Chacun est différent, il faut donc trouver un équilibre entre l’individualisation et le collectif. L’équipe doit servir au joueur à avancer et réciproquement.

Tout un système entre la Fédération et la force collective des clubs permet au football français de continuer à progresser, d’avoir des résultats en équipes de France et une qualité de formation reconnue.

 

Il n’y a donc pas de formatage…

On crée au contraire un système très adaptatif. Il y a un cadre et des valeurs communs mais les coaches ont une liberté au niveau des systèmes de jeu parce qu’ils doivent s’adapter aux caractéristiques des joueurs. Comme chaque joueur est différent, on doit laisser sa créativité et ses potentiels s’exprimer dans l’optique du très haut niveau. S’il l’atteint, il connaîtra sans doute plusieurs coaches, plusieurs systèmes, il ne jouera pas forcément au même poste… Il lui faudra donc des caractéristiques d’adaptation très fortes, une force mentale, une intelligence de jeu très développée, des qualités techniques fondamentales et des ressources athlétiques, à acquérir durant son parcours d’apprentissage. La combinaison de ces éléments développés dans un contexte de confiance et d’exigence sont des prérequis pour, éventuellement, réaliser une carrière de haut niveau.

Tous les centres travaillent-ils de la même façon ?

On a un cadre commun donné et accompagné par la Fédération, les clubs formateurs français travaillent ensuite très bien. Mais il existe des spécificités dues à la culture de chaque club, son histoire, la région et la ville dans lesquelles il est né et où il évolue. Et aussi par ses initiatives dans les différents domaines de la performance, qui permettent de le valoriser et peuvent devenir des outils que d’autres vont utiliser. Il faut également saluer le travail des clubs amateurs, où les jeunes effectuent leurs premiers pas de footballeurs, commencent à développer leurs qualités en étant accompagnés pour pouvoir ensuite, peut-être, prétendre à intégrer nos structures. Nous avons la chance d’avoir une agglomération lyonnaise et une région avec des clubs amateurs de qualité et d’excellentes relations. Tout un système entre la Fédération et la force collective des clubs permet au football français de continuer à progresser, d’avoir des résultats intéressants comme en ce moment en équipes de France de jeunes et une qualité de formation reconnue. 

La concurrence des formations étrangères s’accentue-t-elle ?

Cela fait plusieurs années que l’on a beaucoup de concurrence avec différentes nations. Cela doit pousser chaque club à continuer à progresser et, pour la Fédération et les ligues régionales, à poursuivre la mise en place des contextes les plus optimisés possibles. La mise en place du Centre de recherche et de développement à la Fédération va dans ce sens d’innovation pour déployer dans le futur de nouvelles évolutions et modèles aux service des clubs. On doit toujours être en mouvement et dans l’observation de ce qui se passe à l’étranger pour, quelquefois, adapter certains outils à nos pratiques et continuer à évoluer. Il faut cette ouverture car il n’y a pas une vérité immuable mais différentes méthodes. Le plus important est de prendre en compte l’individu, percevoir ses capacités, l’accompagner en confiance et le placer dans un contexte d’exigence dans tous les paramètres du haut niveau pour concourir à sa réussite. Tout en œuvrant au quotidien dans l’excellence et l’efficacité avec nos encadrants et nos jeunes, nous devons imaginer le futur pour continuer à créer des chemins.

Bilan 2021-2022 des centres de formation

Pour la deuxième saison consécutive, l’efficacité des centres de formation de trente-cinq clubs de Ligue 1, de Ligue 2 et du National a été évaluée par la FFF, selon cinq critères :

  • professionnalisation (U16 à U23 sous contrat professionnel dans les deux premières divisions des dix premiers pays au classement UEFA et le National) ;
  • temps de jeu en équipe première du club formateur ;
  • sélections nationales (rencontres internationales disputées par le joueur, sans distinction de nation) ;
  • scolarité (diplômes obtenus lors de la saison précédente) ;
  • représentation européenne (joueurs de clubs ayant des points au classement UEFA, avec convention de formation d’au moins un an).

Efficacité des centres de formation 2021-2022

L’ensemble du document à télécharger

À lire aussi : Les performances 2020-2021 des centres de formation

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