1934, la Wunderteam en prolongation
C’est la Coupe du monde la plus courte pour l’Équipe de France, qui ne dispute qu’un match face à la grande équipe autrichienne. Il faut jouer une prolongation, la première de l’histoire. Les Tricolores s’inclinent avec panache.
Changement de formule pour le deuxième tournoi mondial : le premier tour est remplacé par des huitièmes de finale, le perdant étant directement éliminé. Tombés sur la Wunderteam, la grande équipe d’Autriche de Matthias Sindelar, les Français créent la surprise et poussent leur adversaire à une prolongation à Turin. Bien conseillés par l’entraîneur anglais George Kimpton, les Tricolores passent tout près d’un premier exploit en Coupe du monde. Mais ils finissent par perdre, le deuxième but autrichien inscrit par Toni Schall semblant entaché d’une position de hors-jeu. Le penalty tardif de Georges Verriest ne suffira pas (2-3).
LE TOURNOI
Quarante-huit ans avant Séville, l’Équipe de France avait joué un match de Coupe du monde en prolongation : c’était à Turin, contre l’Autriche, le 27 mai 1934. Les Autrichiens, entraînés par Hugo Meisl et emmenés par leur vedette Matthias Sindelar, étaient surnommés la Wunderteam, l’équipe merveilleuse. Ils n’avaient perdu que deux fois lors de leurs 28 derniers matches et partaient grands favoris. Pourtant, les Français ouvraient le score par Jean Nicolas, lequel était blessé à la tête juste après et devait jouer 70 minutes très diminué. Après l’égalisation autrichienne signé Sindelar, les deux équipes faisaient jeu égal et devaient disputer la première prolongation de l’histoire de la Coupe du monde. L’Autriche marquait deux fois (par Schall et Bican) avant que Georges Verriest ne réduise la marque à cinq minutes de la fin (2-3). L’Autriche atteindra les demi-finales, battue par le futur champion du monde italien.
LE MATCH
Huitième de finale
- Dimanche 27 mai : France-Autriche, 2-3 a.p.
LES STATISTIQUES
►Deuxième participation à une phase finale
►Classement final : 9ème (sur 16 participants)
► 1 défaite
► 2 buts marqués, 3 buts encaissés
► 11 joueurs utilisés sur 15
► Jacques Mairesse ne jouera plus en sélection après la Coupe du monde.
► Sur la liste initiale des 22 joueurs présélectionnés, Alexis Thépot, Étienne Mattler, Célestin Delmer, Edmond Delfour, Lucien Laurent et Émile Veinante étaient déjà présents en 1930 en Uruguay.
► Sept joueurs ne feront pas le déplacement à Turin : Robert Défossé, Georges Beaucourt, Jules Vandooren, Célestin Delmer, Pierre Korb, Lucien Laurent et Roger Rio.
La liste des joueurs retenus (*)
- Robert Défossé (Lille)
- René Llense (Sète)
- Alexis Thépot (Red Star)
- Georges Beaucourt (Lille)
- Joseph Gonzales (Fives)
- Jacques Mairesse (Red Star)
- Étienne Mattler (Sochaux)
- Jules Vandooren (Lille)
- Edmond Delfour (RC Paris)
- Célestin Delmer (Excelsior Roubaix)
- Louis Gabrillargues (Sète)
- Noël Liétaer (Excelsior Roubaix)
- Georges Verriest (RC Roubaix)
- Joseph Alcazar (Marseille)
- Alfred Aston (Red Star)
- Roger Courtois (Sochaux)
- Fritz Keller (Strasbourg)
- Pierre Korb (Mulhouse)
- Lucien Laurent (Sochaux)
- Jean Nicolas (Rouen)
- Roger Rio (Rouen)
- Émile Veinante (RC Paris)
(*) Entre parenthèses, le club où ils évoluent.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le but de Georges Verriest, inscrit à la 115e minute, est le plus tardif en Coupe du monde pour l’équipe de France, devant celui de Laurent Blanc en 1998 face au Paraguay (114e). Seuls deux joueurs ont marqué plus tard dans un match depuis 1904 : Zinédine Zidane en 2000 contre le Portugal (117e) et Michel Platini en 1984, toujours face au Portugal (119e).
Le penalty marqué par Georges Verriest est le premier de l’Équipe de France en Coupe du monde. Les Bleus en ont obtenu 13 autres jusqu’en 2018. Un seul n’a pas été transformé, celui de Karim Benzema contre la Suisse en 2014.
Le but de l’Autrichien Josef Bican est le plus tardif encaissé par la France en Coupe du monde (109e minute), juste devant celui de l’Allemand Klaus Fischer en 1982 (108e). Depuis 1904, un autre but adverse a été marqué aussi tard, celui du Portugais Eder en 2016. Le plus tardif est l’œuvre du Yougoslave Zlejko Cajkovski en 1949 (114e).
Le milieu français Louis Gabrillargues n’avait pas encore vingt ans lors de France-Autriche, où il était remplaçant. Le Sétois avait 19 ans, 11 mois et 11 jours.
L’Autriche avait remporté ses trois premiers matches face à la France en inscrivant à chaque fois 4 buts : 4-0 en 1925 et 1933 à Paris et 4-1 en 1926 à Vienne.
1934, C’EST AUSSI…
1er janvier : sortie en Grande-Bretagne du roman d’Agatha Christie, Le crime de l’Orient-Express. En France, elle est publiée par la Librairie des Champs Elysées, dans sa collection Le Masque.
15 janvier : découverte par Irène et Frédéric Joliot-Curie de la radioactivité artificielle, qui leur vaudra le Prix Nobel de Chimie en 1935.
3 mai : naissance à Alexandrie, en Egypte, de Giuseppe Mustacchi, qui deviendra célèbre sous le nom de Georges Moustaki.
9 octobre : à Marseille, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie est assassiné en pleine rue avec le ministre français des affaires étrangères Louis Barthou.
16 octobre : sortie en France du film de Cecil B. DeMille, Cléopâtre, avec Claudette Colbert. Il fit scandale à l’époque en raison de scènes jugées choquantes.
Le témoin :
Alfred Aston : « La Marseillaise, ça vous fout le trac »
