1954, un retour manqué
Seize ans après, l’Équipe de France retrouve la Coupe du monde, en Suisse. Placée dans le groupe du Brésil, qu’elle n’affronte pas, elle s’incline devant la Yougoslavie (0-1) et sa victoire contre le Mexique (3-2) ne suffit pas.
Facilement qualifiée face à l’Irlande et au Luxembourg, l’Équipe de France emmenée par Raymond Kopa arrive en Suisse sans grands repères, pour sa quatrième participation à une Coupe du monde. Elle ne doit jouer que deux matches au premier tour, les têtes de série de chaque groupe ne se rencontrant pas. Mais la défaite initiale contre la Yougoslavie suffit à éliminer les Tricolores, qui peinent à battre le Mexique (3-2) pour l’honneur. Les espoirs nés de bonnes prestations à la fin des années 1940 ne se sont pas concrétisés. Mais six des onze titulaires de 1958 sont déjà là (Kaelbel, Jonquet, Marcel, Penverne, Kopa et Vincent).
LE TOURNOI
Écartés de la Coupe du monde précédente par la Yougoslavie en décembre 1949, les Français se méfient de leur premier adversaire, avec lequel ils vont jouer la deuxième place du groupe, la première semblant promise au Brésil. Mais l’Équipe de France, dont la préparation à Divonne-les-Bains a été très critiquée, rate son match et le perd sur une erreur défensive exploitée par Milos Milutinovic au quart d’heure de jeu, René Dereuddre trouvant le poteau juste après (0-1). Dès lors, il faut battre le Mexique et espérer une victoire du Brésil face à la Yougoslavie pour espérer se qualifier pour les quarts de finale. Les Tricolores mènent 2-0, puis se font rejoindre au score avant de l’emporter de justesse grâce à un penalty de Kopa (3-2). Dans le même temps, Brésiliens et Yougoslaves font match nul (1-1) et se qualifient tous deux. C’est le seul tournoi mondial où l’Équipe de France ne joue que deux fois.
LES MATCHES
Premier tour
- Mercredi 16 juin : Yougoslavie-France, 1-0
- Samedi 19 juin : Mexique-France, 2-3
LES STATISTIQUES
► Quatrième participation à une phase finale
► Classement final : 11ème (sur 16 participants)
► 1 victoire, 1 défaite
► 3 buts marqués, 3 buts encaissés
► 14 joueurs utilisés sur 22
► Antoine Cuissard, Lazare Gianessi, André Strappe et César Ruminski ne joueront plus en sélection après la Coupe du monde. Jacques Grimonpon ne compte aucune sélection en Équipe de France.
La liste des joueurs retenus (*)
- 1. François Remetter (Metz)
- 2. César Ruminski (Lille)
- 3. Claude Abbes (Saint-Etienne)
- 4. Lazare Giannessi (Monaco)
- 5. Jacques Grimonpon (Bordeaux)
- 6. Raymond Kaelbel (Strasbourg)
- 7. Roger Marche (Reims)
- 8. Guillaume Bieganski (Lille)
- 9. Antoine Cuissard (Nice)
- 10. Robert Jonquet (Reims)
- 11. Xercès Louis (Lens)
- 12. Jean-Jacques Marcel (Sochaux)
- 13. Abderrahman Mahjoub (Nice)
- 14. Armand Penverne (Reims)
- 15. Abdelaziz Ben Tifour (Troyes)
- 16. René Dereuddre (Toulouse)
- 17. Léon Glowacki (Reims)
- 18. Raymond Kopa (Reims)
- 19. Michel Leblond (Reims)
- 20. Ernest Schultz (Lyon)
- 21. André Strappe (Lille)
- 22. Jean Vincent (Lille)
(*) Le numéro figurant est celui qu'ils portaient. Entre parenthèses, le club où ils évoluent.
LE SAVIEZ-VOUS ?
En cas de match nul au premier tour, des prolongations devaient être disputées. Deux matchs ont été concernés, sans qu’il n’y ait un vainqueur : Angleterre-Belgique (4-4) et Brésil-Yougoslavie (1-1), qui élimina la France.
Robert Jonquet a terminé le match contre la Yougoslavie avec le nez fracturé. Quatre ans plus tard, il jouera une heure face au Brésil avec une double fracture tibia-péroné. À chaque fois, la France a perdu.
Le deuxième but français contre le Mexique a été marqué par le milieu Raul Cardenas contre son camp. C’est le premier des six « CSC » au bénéfice des Bleus en Coupe du monde (dont deux en 2014 et deux autres en 2018).
Raymond Kopa a inscrit le premier de ses deux penalties en Coupe du monde face au Mexique (le suivant sera contre la RFA en 1958). Zidane fera aussi bien en 2006 (Portugal et Italie), avant que Griezmann n’en transforme trois en 2018 (Australie, Argentine et Croatie).
Le sélectionneur principal de l’Équipe de France, Gaston Barreau, est le plus âgé pour la France en Coupe du monde : il a 70 ans et 6 mois au moment du tournoi.
Pour la première fois en Coupe du monde, les Français portent un maillot numéroté. Les gardiens portent les numéros 1 à 3, puis viennent les défenseurs, les milieux et les attaquants. Kopa hérite du 18, Vincent du 22.
L'affiche officielle de la Coupe du monde 1954 (photo Agence FERGUSON / ICON SPORT).
1954, C’EST AUSSI…
20 mai : sortie aux États-Unis du single de Bill Haley et The Comets, Rock Around The Clock, titre fondateur dans l’histoire du rock.
27 mai : sortie du film de Nicholas Ray, Johnny Guitare, western féministe avec Joan Crawford et Sterling Hayden.
20 juillet : signature des accords de Genève entre la France et la République démocratique du Viêt Nam, mettant fin à la guerre d’Indochine qui a duré huit ans.
1er novembre : Toussaint rouge en Algérie, avec 70 attentats revendiqués par le Front de libération nationale (FLN), qui se donne pour objectif l’indépendance de l’Algérie.
14 novembre : naissance à Yffiniac, en Bretagne, de Bernard Hinault. Il deviendra le plus grand cycliste français en remportant cinq Tours de France entre 1978 et 1985.
Le témoin
Raymond Kopa : « En 1954, rien n’a marché »
