6 avril 1996, les Bleues cap sur l'Euro

Le 6 avril 1996, l'Équipe de France féminine signe aux Pays-Bas un succès (2-1) essentiel en vue de la qualification à l'Euro 1997. La première de son histoire.

"L'espoir renaît", peut-on lire au mois d'avril 1996 dans les colonnes du journal "Foot", l'ancien hebdomadaire offiiciel de la FFF, dans la rubrique consacrée aux sélections nationales. L'espoir ?

À ce moment-là, le football français vit surtout dans l'espoir d'une belle performance de l'Équipe de France d'Aimé Jacquet lors de l'Euro 1996, en Angleterre, qui se profile (elle ira jusqu'en demi-finales). Il suit aussi avec attention le parcours européen du Paris Saint-Germain, sur le point de se hisser en finale de la Coupe des coupes, qu'il remportera le 8 mai suivant contre l'équipe autrichienne du Rapid de Vienne (1-0, but de Bruno N'Gotty), à Bruxelles.

L'Euro, enfin ?
Mais l'espoir dont il est question ici se rapporte à l'Équipe de France Féminine, alors engagée dans les éliminatoires du championnat d'Europe 1997, un objectif qui lui tient particulièrement à cœur. Et pour cause. Les Bleues n'ont encore jamais réussi à participer à une phase finale internationale. Elles ont échoué à six reprises aux portes de l'Euro (1984, 1987, 1989, 1991, 1993, 1995) et deux fois à celles de la Coupe du monde (1991, 1995).

Les affaires tricolores sont cependant mal engagées dans cette nouvelle campagne. Les joueuses d' Aimé Mignot n'ont pu faire mieux que trois résultats nuls, en Islande (3-3) et en Russie (0-0), et contre les Pays-Bas (1-1) à domicile, malgré une Marinette Pichon déjà redoutable d'efficacité (3 buts en autant de matches). Il leur faut à tout prix forcer la cadence à l'heure où se présente, le 6 avril 1996, un déplacement crucial aux Pays-Bas.

Coaching gagnant
Conduites par leur capitaine et gardienne Sandrine Roux, les Bleues abordent donc résolues cette rencontre, et le prouvent en ouvrant le score dès la 2e minute de jeu par Jocelyne Gout, la Lyonnaise, d'une frappe puissante du pied gauche. Mais leur joie est de courte durée. Les Néerlandaises, encouragées par le millier de supporters venus au stade de Sassenheim, égalisent rapidement par Van Eyk (1-1, 6e). "À ce moment-là, j'ai senti la peur et l'appréhension s'installer dans le groupe", raconte Élisabeth Loisel, entraîneur-adjoint.

Les Françaises s'accrochent et ne cèdent plus rien. À dix minutes de la fin (80e), Aimé Mignot effectue un un double changement, que l'on qualifierait aujourd''hui de "coaching gagnant", avec les entrées de Sandrine Fusier et Brigitte Olive (future Brigitte Henriques, photo ci-dessus). Cinq minutes plus tard, la première déborde et centre pour sa coéquipière du FCF Juvisy, dont la reprise offre la victoire à l'Équipe de France (1-2, 85e). "Elles ont bien joué, elles ont su résister à la pression et reprendre confiance", commente Élisabeth Loisel.

Non seulement ce succès fait renaître l'espoir dans le camp tricolore mais il va s'avérer déterminant pour la suite des éliminatoires. Battues par la Russie (0-1) puis vainqueurs de l'Islande (3-0), les Bleues arrachent finalement la deuxième place de leur groupe, synonyme de barrage. La double confrontation avec la Finlande, en septembre, tourne nettement à leur avantage (2-0, 3-0, photo ci-dessus) et les envoie sur le grand "huit" de l'Euro 1997 organisé en Norvège et en Suède (29 juin au 12 juillet).

Depuis cette "première", l'Équipe de France Féminine n'a plus jamais raté le rendez-vous du championnat d'Europe, enchaînant six qualifications (1997, 2001, 2005, 2009, 2013 et 2017)...