Just Fontaine, le buteur éternel
Meilleur buteur de l'histoire sur une phase finale de Coupe du monde avec treize réalisations en 1958, Just Fontaine s’est éteint dans la nuit du mardi 28 février au mercredi 1er mars à Toulouse, à 89 ans. Sa mémoire sera honorée par une minute d'hommage sur tous les terrains.
De nombreux hommages sont prévus pour honorer la disparition d’une légende du football mondial. À l’initiative de la FFF, sa mémoire sera saluée ce week-end par une minute d’hommage sur tous les terrains de France. Elle commencera dès aujourd’hui à Toulouse, Marseille et Nantes, avant le coup d’envoi des trois dernières rencontres des quarts de finale de la Coupe de France.
La réaction de Philippe Diallo
DU GRAND REIMS À GRAND BLEU
Né le 18 août 1933 à Marrakech (Maroc), le jeune Just Fontaine brille d’abord sous les couleurs de l’USM Casablanca, où il décroche ses premiers titres (championnat du Maroc et d’Afrique du Nord 1952). À 20 ans, il est recruté par l’OGC Nice où il exprime rapidement ses talents de buteur. Dès la première saison, il remporte la Coupe de France, en 1954. Il est sélectionné en Équipe de France Espoirs pour disputer un match qualificatif de… Coupe du monde contre le Luxembourg (8-0), lors duquel il inscrit trois buts. Ils ne seront comptabilisés dans son bilan international que des années plus tard, lorsque le match aura été intégré à la liste des rencontres officielles de l’Équipe de France.
Diaporama photos : Une classe légendaire
Champion de France en 1956 avec Nice, il est transféré au Stade de Reims la même année. Ses premiers matches avec les Bleus n’en font pas un titulaire, mais 1958 est sa grande année. Il réalise le doublé Coupe-championnat avec Reims, est le meilleur buteur du championnat (34 buts) et l'entraîneur des Bleus Albert Batteux le titularise au poste d’avant-centre en Coupe du monde. En six rencontres qui hissent les Tricolores à la troisième place, il inscrit treize buts. Il bat ainsi le record que détenait le Hongrois Sandor Kocsis (11 en 1954), un total qui tient toujours !
En match pour la troisième place du Mondial 1958 face à l’Allemagne, où il marquera trois buts (photo PictureAlliance / Icon Sport).
La fiche de Just Fontaine
Fontaine continue sur sa lancée du Mondial. En 1959, il est le meilleur buteur de la Coupe d’Europe (10), dont Reims atteint la finale face au Real Madrid. En 1960, il est de nouveau meilleur buteur de D1 (28 réalisations). Il l’est aussi des qualifications pour le premier championnat d’Europe des nations. Finalement, en vingt et une sélections, il aura marqué à trente reprises, restant recordman des buteurs tricolores jusqu’en juin 1984. Sa carrière de joueur est brutalement interrompue par une fracture de la jambe en 1960, pour se terminer deux ans plus tard, à seulement 29 ans.
DOCUMENT EXCEPTIONNEL :
L’INTERVIEW DE JUST FONTAINE EN 2013
LES RECORDS DE FONTAINE
SÉLECTIONNEUR ET ENTRAÎNEUR
Peu après son retrait des terrains, Just Fontaine va cofonder l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) avec le joueur de l’AS Saint-Étienne puis de l’Olympique Lyonnais Eugène N'Jo Léa et l’avocat Me Jacques Bertrand. Un syndicat des joueurs qu’il présidera de 1961 à 1964, avant de retrouver les Bleus.
En février 1967, il est nommé sélectionneur de l’Équipe de France, à 33 ans. Fruit d’un accord entre les dirigeants fédéraux et ceux du Groupement des clubs autorisés, l’ancêtre de la Ligue de football professionnel, ce choix correspond aux ambitions affichées par la FFF après l’échec cuisant des Bleus lors de la Coupe du monde 1966, terminant derniers de leur poule, et l’intérim assumé par le duo José Arribas-Jean Snella. La jeunesse, le prestige d’attaquant prolifique et la proximité de Fontaine avec de nombreux joueurs laissent supposer un souffle nouveau sur la sélection. Cette arrivée marque également des choix tactiques innovants, avec un jeu résolument tourné vers l’offensive et une défense en ligne pratiquant le hors-jeu.
Mais la greffe ne prendra pas et il part après deux défaites en amical à domicile contre la Roumanie (1-2) puis l’URSS (2-4), passant la main à Louis Dugauguez le 1er août 1967. Parti se ressourcer en amateur en prenant les rênes du Bagnères-de-Luchon SP, Just Fontaine rebondira au tout jeune Paris Saint-Germain (1973-1976), qu’il fera immédiatement monter en D1. Sa carrière d’entraîneur se poursuivra au Toulouse FC (1978-1979) pour s’achever à la tête de la sélection du Maroc (1979-1981), sa terre natale.
Sur le banc du Paris Saint-Germain en 1976 (photo Georges BEUTTER / ICON SPORT).
C'est avec la plus grande émotion que la Fédération Française de Football adresse ses condoléances à sa famille et à ses proches.
Philippe Diallo : « Une minute d'hommage sur tous les terrains »
Philippe Diallo (président par intérim de la Fédération Française de Football) : « Le décès de Just Fontaine plonge le football français dans une profonde émotion et une immense tristesse. Just Fontaine a marqué de son empreinte le football français et international. Il en était une figure emblématique, avec son incroyable record de 13 buts à la Coupe du monde de 1958. Il a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de l’Équipe de France. Au-delà de son immense carrière de joueur, Just Fontaine a joué un rôle majeur dans le rayonnement du football français. Sélectionneur, entraîneur, il est aussi à l’origine de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP) dont il a été le premier président. Les joueurs professionnels, toutes générations confondues, lui doivent beaucoup. Just Fontaine était quelqu’un de profondément humain, altruiste et chaleureux. Sa disparition attriste tous les amoureux du football, du sport. Aujourd’hui, le football français est en deuil. Il a perdu l’une de ses légendes. La Fédération Française de Football saluera sa mémoire ce week-end par une minute d’hommage sur tous les terrains de France. Au nom du football français et à titre personnel, je présente mes sincères condoléances à son épouse Arlette, à sa famille et à ses proches. »
