COUPE DE FRANCE FÉMININE

Joly, le « kif de marquer » !

vendredi 17 mars 2023 - 15:46 - Claire GAILLARD
Blandine Joly Thonon Evian GG

Première tireuse lors de la séance de tirs au but face à l’OM en quarts de finale, la gardienne Blandine Joly, qui a envoyé Thonon Évian GG (D2) dans le dernier carré, revient sur cette qualification historique. Et se projette sur la demi-finale contre le PSG, samedi (16 heures, beIN SPORTS). 

Dimanche 5 mars, après 90 minutes de jeu et quelques autres additionnelles, on l’a vue se diriger vers le point de penalty avec curiosité. Blandine Joly, d’ordinaire positionnée dans sa cage, a pris place devant elle et la gardienne de Thonon Évian Grand Genève s’est élancé pour tromper son homologue marseillaise et réussir la première tentative haut-savoyarde de la séance de tirs au but. Puis, alors que ses coéquipières ont réalisé le sans faute, elle a stoppé celle de Coumba Dembélé (0-0, 5 tab 4). Et voilà comment Thonon Évian, 4ème de Division 2 avec un match en moins, se retrouve en demi-finales de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Samedi (16 heures, en direct beIN SPORTS), les joueuses de Thierry Uvenard, arrivé sur le banc en 2021, affronteront le Paris-SG, tenant du titre. En jeu ? Une place en finale, le samedi 13 mai à Orléans, pour rejoindre le vainqueur du choc entre l’Olympique Lyonnais et le FC Fleury 91, prévu la veille au Groupama Stadium (17h30, en direct sur beIN SPORTS).

 

La Coupe de France féminine sur FFF.FR

1
Thonon Évian Grand Genève est le dernier pensionnaire de D2 en lice
6
Matches de Coupe de France pour les Haut-Savoyardes cette saison (voir parcours)
26
Points en championnat après 14 journées disputées, soit 1,9 pris par match en moyenne
+200
Ancien défenseur, Thierry Uvenard compte plus de 200 matches professionnels avec le Havre AC


La joie des Haut-Savoyardes après leur qualification face à l'Olympique de Marseille en quarts (photo Sulyvan MANFROI / APL / FFF).

« Quel regard portez-vous sur le parcours de votre club en Coupe de France ? 
Depuis deux ans, un nouveau projet a été mis en place et ce beau parcours est un peu la concrétisation du travail réalisé. L’équipe n’avait jamais dépassé les quarts de finale, atteindre les demies est donc une première dans l’histoire du club. Cela le met sur le devant de la scène et vient saluer les efforts fournis. On en profite pleinement.

Comment décririez-vous ce projet ? 
Des joueuses d’expérience sont arrivées il y a 3 ans et l’année suivante le coach, Thierry Uvenard, a rejoint le Thonon Évian Grand Genève. C’est un très grand professionnel, il a structuré le projet en apportant beaucoup de professionnalisme dans les entraînements. Au niveau des infrastructures, il s’est battu pour qu’on dispose des mêmes conditions que les garçons en National 2, ce qui n’était pas le cas à mon arrivée en 2020. Aujourd’hui, nos conditions de travail sont bonnes. Les entraînements sont programmés le midi, 80% des joueuses touchent de l'argent pour pouvoir être présentes en étant sous contrat. Le coach a aussi emmené avec lui un entraîneur des gardiennes dédié à 100% à l’équipe féminine ainsi qu’un adjoint arrivé du Havre et très investi au quotidien. Cela a engendré beaucoup de travail et apporté du sérieux, de la rigueur ainsi que de l’ambition. La saison dernière, on a fini 5èmes du championnat, ce qui était déjà historique. Aujourd’hui, le projet a grandi : on joue la 3ème place et on est encore en lice en Coupe de France. On a travaillé dans le silence et ça paie.


Le banc haut-savoyard avec Thierry Uvenard (assis) et son adjoint Malou Quignette (debout, photo Sulyvan MANFROI / APL / FFF).

À quoi ressemble votre organisation hebdomadaire ? 
On a 6 entraînements par semaine. On joue le dimanche, on est de repos le lundi et on s'entraîne une fois par jour. Le mercredi, il arrive qu'on double les séances avec de la musculation le soir. Les séances sont complètes. On arrive à midi au centre d'entraînement, on a 10 minutes dans le vestiaire pour se changer et discuter avant d’aller en pré-séance dans une salle de musculation tout équipée. À 12h30, on se retrouve sur le terrain et on s’entraîne jusqu'à 14h15. On termine à 15 heures par le sauna et les bains froids pour favoriser la récupération. On a vraiment de bonnes conditions.

Quelle est la situation contractuelle des joueuses ? 
On est toutes sous contrat. Il doit y avoir entre 3 et 5 joueuses sous contrat fédéral mais il y a aussi des défraiements pour celles qui travaillent, des contrats d’apprentissage et CAP métiers du football. L’année dernière, je ne faisais que du football sous contrat fédéral. Cette année, j’ai fait le choix de préparer mon après-carrière en suivant un cursus marketing sportif et commerce en apprentissage. J’effectue mon alternance au sein de Thonon Évian en tant que commerciale et chargée de marketing trois semaines par mois et la dernière, je suis dans un centre de formation professionnelle partenaire avec des cours en visio l’après-midi après les séances.


Les joueuses et leurs supporters (photo Sulyvan MANFROI / APL / FFF)

Comment avez-vous vécu le quart de finale face à Marseille, votre ancien club ? 
À Marseille, ça a changé depuis que je suis partie. Ce n’est plus le même coach, les mêmes joueuses ni les mêmes ambitions. Sur le papier, elles partaient favoris donc on s'est dit qu’on n’avait rien à perdre et qu’on allait se battre d’autant plus à domicile. Chez nous, il y a une vraie ferveur autour des féminines. On a réussi à faire venir du monde, à mettre en place un espace VIP pour rendre la journée festive et on s’est senti très soutenues. Ça a été un match très disputé, avec beaucoup de duels et un jeu très haché surtout en seconde période. C'était du costaud et, à la fin, on l’a emporté aux tirs au but. Une séance de penalties, c’est toujours la loterie et ça peut être cruel. L’année dernière, on s’est fait éliminer en seizièmes de finale par Yzeure, futur finaliste, et cette année, ça nous envoie en demies ! On avait beaucoup préparé l’exercice en le travaillant à l’entraînement pour être prêtes. Cela nous a aidées. Grâce à ça, on n’avait pas de pression, on savait où et comment tirer.

Cela a pu marquer certaines personnes que je tire mais si une gardienne se sent à l’aise pour le faire, je ne vois pas pourquoi cela choquerait.

 

Aviez-vous préparé le fait d’être la première tireuse ? 
Oui, enfin pas forcément d'être la première mais d’y aller ! Cela a pu marquer certaines personnes que je tire mais si une gardienne se sent à l’aise pour le faire, je ne vois pas pourquoi cela choquerait. Être la première tireuse a été un choix personnel, je me suis dit : ‘‘Au pire, si tu le loupes, tu as 5 autres penalties à arrêter pour te rattraper’’ (elle rit) ! Le coach nous laisse libre de choisir l’ordre. Je me suis donc préparée à les tirer avec toutes mes coéquipières durant la semaine mais j’avais aussi étudié leur dernière séance car les Marseillaises étaient passées aux tirs au but contre Guingamp en huitièmes. J’étais hyper concentrée dans ma cage. Je l’ai senti, j’y suis allée et ça tombe sur le bon côté (photo ci-dessous). C’était une explosion de joie. C’est incroyable d’arrêter un penalty devant son public !


Blandine Joly stoppe la tentative de Coumba Dembélé, troisième tireuse olympienne (photo Sulyvan MANFROI / APL / FFF).

Samedi, vous affrontez le Paris-SG en demi-finales. Si votre club résiste lors du temps règlementaire, imaginez-vous revivre une séance similaire ? 
Alors ça, je ne sais pas ! On a préparé ce match de la même façon que la réception de Marseille. Comme je vous le disais, lors de la séance de tirs au but, ça s'est décidé au feeling. Face au PSG, ce sera une autre histoire. S’il faut y retourner, j’irai. Si je le sens bien, avec plaisir. Pour une gardienne, c’est vraiment un kif de marquer des buts !  C'est une sensation qu'on ne connaît pas ou peu parce qu’on peut la vivre à l’entraînement pour rigoler mais jamais en match, d’autant plus des buts qui sont décisifs.

Que représente cette demi-finale ? 
Les semaines de Coupe de France sont toujours spéciales. C’est la volonté des coachs qui proposent des séances différentes avec un aspect plus ludique pour retrouver ce plaisir de franchir un tour supplémentaire. Au sein du groupe, certaines joueuses ont connu la D1 et ont déjà joué contre le PSG mais pour tout l’effectif, c’est la première demi-finale de Coupe de France. J’ai connu ça avec Montpellier (en 2018) mais je n’étais pas sur le terrain car 3ème gardienne. On le vit comme une expérience et, dans nos têtes, on se dit qu’on a envie d'emmener le club encore plus haut. Il n’y a que du plaisir à prendre et pourquoi pas réaliser un exploit !

Kadi (Diani), je la connais bien. Elle a énormément de qualités : la vitesse, la puissance, elle est rapide dans l'exécution. La principale différence entre la D1 et la D2, c’est la vitesse d'exécution donc on se prépare à tout faire plus vite...

 

À titre individuel, vous aurez un duel à livrer face à la meilleure buteuse de D1 Arkema Kadidiatou Diani… 
Kadi, je la connais bien. Elle a énormément de qualités : la vitesse, la puissance, elle est rapide dans l'exécution. La principale différence entre la D1 et la D2, c’est la vitesse d'exécution donc on se prépare à tout faire plus vite, à prendre l'information plus rapidement. En tant que gardienne, je m’attends à des frappes qui vont aller plus fort, à des enchaînements plus rapides, à des anticipations et des lectures de trajectoire à faire plus rapidement… Ce sera l’une des clés.

Quels sont les objectifs de la saison ?
D’abord finir dans les six premiers parce qu’avec la refonte des championnats, c’est important de pérenniser le club en Division 2. Le deuxième objectif a pris forme au cours de la saison en prenant conscience de nos capacités : aller chercher cette 3ème place. La Coupe, ce n'est que du plus.

Les demi-finales seront diffusées sur beIN SPORTS, une belle vitrine pour le club ?  
Je remercie beIN qui investit pour nous mettre en avant. Ça va être une belle affiche. Avec les antennes du groupe Canal+ qui diffusent la D1 Arkema, ce sont de grosses chaînes. Pour le club, cela représente énormément. Au service marketing, on travaille beaucoup sur l’image du club qui était avant l’Évian-Thonon-Gaillard et a été repris en 2018 par Ravy Truchot pour le faire remonter au niveau professionnel. C’est donc une belle mise en avant d’autant qu’on n’a pas trop l’habitude qu’on parle de nous. On va en profiter pleinement. »

Le parcours de Thonon Évian Grand Genève

  • Dimanche 20 novembre 2022 (1er tour) : FC Vendenheim (Régional 1) – Thonon Évian Grand Genève, 1-7
  • Dimanche 11 décembre 2022 (2ème tour) : Stade Auxerrois (Régional 1) - Thonon Évian Grand Genève, 0-4
  • Dimanche 8 janvier 2023 (16es de finale) : Grenoble Foot 38 (D2) - Thonon Évian Grand Genève, 2-3
  • Dimanche 29 janvier 2023 (8es de finale) : RC Lens (D2) - Thonon Évian Grand Genève, 0-5
  • Dimanche 5 mars 2023 (quarts de finale) : Thonon Évian Grand Genève – Olympique de Marseille (D2), 0-0, 5 tab 4

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