FUTSAL U19

Clément Lerebours : « Le futsal français a de l’avenir »

mercredi 29 mars 2023 - 09:19 - Richard LOYANT
Clément Lerebours sélectionneur U19 futsal

À la tête depuis août 2021 des U19 futsal, le sélectionneur national explique l’importance de la deuxième qualification d'affilée de son équipe pour l'Euro, pour l’ensemble de la discipline en France.

« Vous avez réalisé un sans faute en qualifications, c’était l’objectif ?
C’était effectivement l’objectif fixé, sans prétention aucune mais avec ambition. On savait qu’avec notre goal-average, un nul nous serait favorable au dernier match mais on a joué pour le gagner. On connaissait bien la Bosnie-Herzégovine, que l’on avait battue cette saison assez largement (7-1 au Futsal Love Serbia, en décembre 2022) mais on savait que ce dernier match nous mettrait la pression. J’avais dit aux garçons qu’il fallait essayer de la retourner, d’être capable de réagir si on était menés, de ne pas se laisser embarquer dans un match où si l’on prend un deuxième but, cela deviendrait plus difficile. On a eu cette capacité, c’est vraiment positif, et quand on est passé devant, celle à maintenir l’écart en notre faveur. On est d’autant plus contents de ce trois sur trois que la qualification est venue au terme d’un dernier match fort en émotions. C’est bien que cela se soit passé comme ça.

39
Matches de Clément Lerebours sélectionneur
22
Victoires des U19 futsal, quatre nuls et onze défaites
134
Buts marqués par les Tricolores, 76 encaissés

Se qualifier pour un deuxième Euro consécutif était-il une obligation ?
La création du pôle France, le travail et l’accompagnement des clubs doivent aussi se traduire en résultats, notamment d’aller le plus souvent possible à cet Euro. C’est une pression supplémentaire que l’on essaie de rendre positive mais qui valide le travail effectué au niveau fédéral, du pôle France, des clubs et du futsal français en général. C’est important d’y être, avec tout ce que cela a représenté en termes de difficultés, et c’est top que cela soit dans la continuité du précédent.

Le groupe qualifié pour la phase finale de l’Euro 2023 (photo Archives FFF).

Quelles ont été les clés de cette réussite ?
Elles reposent sur l’idée impulsée depuis une saison et demie maintenant par Raphaël Reynaud (sélectionneur de l’Équipe de France futsal) d’avoir un plan de jeu commun aux sélections France, U19, U21, U23 et A. Il est plutôt ambitieux, notamment physiquement : aller presser, mettre de l’intensité pour aller chercher les ballons… Son essence est de ne pas subir le match, d’être acteur et impactant pour avoir la main sur le jeu et mettre des buts, tout en étant juste défensivement. Ce guide nous permet de travailler dans un cadre précis, que l’on partage entre staffs. Il doit permettre de gagner du temps sur la performance afin d’amener le plus possible de nos jeunes joueurs vers les A, en étant les plus préparés au très haut niveau avec des repères de jeu, dans les combinaisons, les touches, les corners… En fonction de la logique de résultats, on pourrait être tenté sur certains matches de mettre ce projet de jeu de côté. On essaie au contraire de s’y tenir, de faire comprendre qu’il a de la valeur mais qu’en fonction des scénarios des matches, c’est aussi aux joueurs et aux staffs de s’adapter. C’est toute la difficulté chez les jeunes, où la maîtrise des temps forts et faibles est plus difficile par manque de maturité et d’expérience. Être un peu plus patient et plus malin à certains moments de certains matches, savoir gérer et temporiser quand l’adversaire nous met en difficulté font partie de leur apprentissage.

Il faut souligner les efforts des clubs. La Fédération les accompagne dans leur développement et ils accompagnent la Fédération en étant pourvoyeurs de joueurs.

Clément Lerebours

Comment les clubs s’insèrent-ils dans ce projet ? 
Il faut d’abord souligner leurs efforts. On a une D1 futsal de plus en plus attractive et compétitive, des clubs qui travaillent sur leur structuration, notamment au niveau de l’encadrement de leurs différentes catégories d’âge. L’idée est de les accompagner dans cette évolution et de leur montrer que l’on a en France un vivier de jeunes joueurs de qualité, qui peuvent répondre aux exigences du haut niveau national et européen. On se doit de travailler en collaboration avec eux pour trouver un fonctionnement idéal. Il ne faut surtout pas qu’il y ait d’opposition entre les structures fédérales et celles des clubs, il faut marcher ensemble. Cela se passe très bien aujourd’hui, j’ai régulièrement les coaches au téléphone, les clubs comprennent très bien leur intérêt d’avoir des jeunes en sélections. Il n’y a qu’un futsal français et tout le monde doit travailler dans le même sens. La Fédération accompagne les clubs dans leur développement et les clubs accompagnent la Fédération en étant pourvoyeurs de joueurs. Enfin, le pôle France est un outil extraordinaire que les clubs apprécient également. Il permet d’avoir une ossature de joueurs que l’on connait dès leur première sélection U19, avec une culture du jeu déjà bien avancée.

Photo Philippe LE BRECH / APL / FFF.

Comment la première phase finale disputée l’an dernier peut-elle vous servir pour la deuxième, en septembre prochain ?
Elle n’a pas été une franche réussite (sourires). On était un peu dans l’euphorie d’une première qualification, on y est allé avec humilité mais aussi une ambition que l’on n’a pas su canaliser. On a été relativement performants dans le jeu sur certains matches, notamment contre le Portugal, mais on a manqué d’efficacité, avec des détails dans le jeu que l’on n’a peut-être pas assez travaillé. Comme pour toute première, des éléments ont sans doute été moins bien maîtrisés par tout le monde, le staff compris. On va préparer ce deuxième Euro en prenant en compte les éléments à améliorer que l’on a identifiés. On passe un cap quand on est en phase finale, on a appris sur la façon d’appréhender les matches d’une telle compétition. Par exemple, pour le premier match contre l’Italie, j’avais le sentiment que l’on était prêts dans le jeu. Mais il y avait certainement un travail d’accompagnement complémentaire à effectuer sur l’aspect mental. On a été au même niveau dans le jeu mais dans l’engagement et sur l’approche mentale de ce que représente un premier match de l’Euro, il y avait mieux à faire. Il faut que l’on se serve de cette première expérience, qui a été extraordinaire pour tous, pour y retourner avec plus d’ambition. La première étape sera de gagner un premier match de phase finale et si c’est le cas, on pourra rêver un peu plus. 

Les qualifiés pour l’Euro 2023

Huit équipes disputeront la phase finale du troisième championnat d'Europe futsal U19 de l'UEFA, du 3 au 10 septembre à Porec (Croatie). Elles seront réparties en deux groupes de quatre à l’issue du tirage au sort (date à déterminer). Les deux premiers de chaque poule joueront les demi-finales. Les qualifiés et leurs précédents parcours en phase finales de l'Euro.

  • Croatie : finaliste 2019, phase de groupes 2022.
  • Espagne : vainqueur 2019 et 2022.
  • Finlande : première participation.
  • France : phase de groupes 2022.
  • Italie : phase de groupes 2019.
  • Portugal : finaliste 2022, demi-finaliste 2019.
  • Slovénie : première participation.
  • Ukraine : demi-finaliste 2022, phase de groupes 2019.

L’Équipe de France futsal est le modèle à suivre ?
Absolument, surtout en ce moment. Raphaël (Reynaud), son staff et ses joueurs sont sur une dynamique extraordinaire. On s’en inspire et on est content de notre qualification parce qu’elle traduit une dynamique plus globale des sélections futsal françaises. C’est un modèle dans le jeu, dans ce projet commun encore plus abouti chez eux. On se sert notamment d’images de leurs matches pour appuyer nos propos auprès des jeunes. On a des garçons avec de grosses qualités de futsaleurs, pour qui se profilent de belles carrières. Ils doivent déjà être fiers d’être chez nous mais qu’ils ambitionnent très vite d’aller chez les A, parce que c’est clairement l’objectif. Amin Benslama y est déjà parvenu alors qu’il est encore très jeune (20 ans en mai prochain), notre capitaine Gora Diop a de l’avenir mais c’est encore prématuré pour lui et ses coéquipiers. Il ne faut pas griller les étapes, les sélections U21 et U23 existent pour mieux les préparer à cette bascule. À nous de bien les accompagner pour qu’ils puissent exploser car on a les profils pour construire un futsal français performant. La dynamique globale est très positive, alimentée par le travail des clubs, de la Fédération, des sélections et leurs résultats. Il faut continuer dans ce sens pour la pérenniser et que le futsal prenne une place encore plus importante. Le futsal français a vraiment de l’avenir, on y travaille en tout cas. »   

Photo Archives FFF.

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