Hervé Renard : « Une question de challenge »
Présenté aux médias, le nouveau sélectionneur des Bleues a tenu vendredi midi sa première conférence de presse et dévoilé sa première liste au siège de la FFF. Ce qu’il faut en retenir.
Au lendemain d’une première journée de travail conclue par la signature de son contrat jusqu’en août 2024 et l’annonce de sa nomination au poste de sélectionneur de l’Équipe de France féminine, Hervé Renard avait rendez-vous avec la presse ce vendredi. À l’heure du déjeuner, celui qui a dirigé l’Arabie Saoudite lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar s’est installé à la tribune de l’auditorium au siège de la Fédération à Paris. Hervé Renard était accompagné de Philippe Diallo, président par intérim de la FFF, de Jean-Michel Aulas et d’Aline Riera, délégués du Comité exécutif auprès de l’Équipe de France féminine. Objectifs ? Revenir sur les dernières semaines écoulées, la méthodologie mise en œuvre, le choix Hervé Renard et les ambitions autour des Bleues qui disputeront dans moins de trois mois le Mondial 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande (du 20 juillet au 20 août). Ainsi que dévoiler sa première liste dans ses nouvelles fonctions, les Tricolores disputant deux matches amicaux contre la Colombie, vendredi 7 avril à Clermont-Ferrand, puis le Canada, quatre jours plus tard, au Mans.
LE CHOIX HERVÉ RENARD
Diallo : « Un sélectionneur à succès qui possède ce leadership »
Philippe Diallo (président par intérim de la FFF) : « C’est un jour important pour la Fédération et la sélection nationale. On a mis en place une méthode assez originale pour arriver à ce résultat. Cette méthode m’a conduit à demander à Jean-Michel Aulas, Marc Keller, Laura Georges et Aline Riera (membres du Comité exécutif) de définir le profil idéal pour diriger notre Équipe de France féminine et lui donner les atouts pour réussir. Ils ont réalisé un travail remarquable, ont vu beaucoup de profils et ont proposé un nom. Il devait répondre à un certain nombre de critères : expérience du haut niveau, compétence et charisme pour incarner cette équipe nationale. Le nom d’Hervé Renard s’est imposé. C’est un sélectionneur à succès qui a remporté des trophées avec plusieurs sélections. Il possède ce leadership dont notre équipe a besoin afin de lui faire gravir une marche supplémentaire dans une période marquée par deux compétitions mondiales : la Coupe du monde féminine (du 20 juillet au 20 août 2023) et les Jeux Olympiques de Paris (du 25 juillet au 10 août 2024). Il y a eu des moments de doute sur sa capacité à nous rejoindre compte tenu de son parcours mais Hervé est là parce qu’il a un grand attachement à la France. Cet amour du maillot bleu a fait basculer sa décision. »
Philippe Diallo (photo Antonio MESA / FFF).
LA PHASE DE NÉGOCIATIONS
Aulas : « Pas seulement un rêve, une réalité »
Jean-Michel Aulas (délégué du Comité exécutif auprès de l'Équipe de France féminine) : « La méthodologie qui nous a emmenés à enclencher cette solution a été rendue possible grâce à l’ouverture de Philippe (Diallo) qui a souhaité que l'on travaille collégialement. Chacun a pris du temps et a mené la réflexion afin d’avoir tous les éléments pour savoir où on voulait aller. Je connais Hervé (Renard) depuis très longtemps. On a échangé sur l’ambition du football féminin. J’étais content qu’il s’y intéresse réellement. Dès que j’ai su qu’il envisageait de venir pour nous aider à gagner, cela a été un élément déterminant. Il a fait ce qu’il fallait avec les gens qui l’entourent pour permettre qu’il soit là aujourd’hui ce qui montre le degré de sa motivation. La FFF a un plan pour porter le football féminin vers le haut niveau à travers ses championnats et les Bleues. Pour avoir une très bonne Équipe de France féminine, il faut avoir de très bons clubs. Hervé avait le profil type, quand on a su que ce n’était pas seulement un rêve mais aussi une réalité, on a fait en sorte de le convaincre. »
L’AMBITION AUTOUR DES BLEUES
Diallo : « Franchir une marche supplémentaire »
Philippe Diallo (président par intérim de la FFF) : « Notre ambition dépasse le changement de sélectionneur. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de faire franchir à l’Équipe de France féminine et au football féminin dans son ensemble une marche supplémentaire. Cette exigence du haut niveau se retrouvera dans le staff élargi, renforcé (*), qui va accompagner Hervé. Cela correspond aux standards des meilleurs clubs européens et on devait le retrouver au niveau de la sélection nationale. Nous avons aussi souhaité transformer l’organisation autour de l’équipe. Des élus du Comité exécutif seront auprès d’elle pour faire en sorte que toutes les conditions du succès soient réunies. Jean-Michel (Aulas) et Aline (Riera) aideront Hervé, son staff, et feront le lien avec la Fédération afin d’atteindre nos objectifs. »
Le nouveau staff de l'Équipe de France féminine
LA GOURVERNANCE
Riera : « Apporter mon expertise et mon soutien »
Aline Riera (déléguée du Comité exécutif auprès de l’Équipe de France féminine et trésorière de la FFF) : « C’est une grande reconnaissance et une fierté. J’ai eu le plaisir de porter le maillot bleu à 60 reprises. Je suis là pour apporter mon expertise et mon soutien à cette Équipe de France féminine. Mon rôle de déléguée auprès du Comex consistera à ne plus rencontrer les mêmes problèmes afin que tout se règle dans le vestiaire, qu’on ait une oreille attentive et de renouer le lien entre les joueuses, le staff, la FFF et ce Comex, dans le but d’atteindre cet objectif de titre. Je vais avoir un rôle de l’ombre qui me sied bien. On va travailler activement afin qu’il n’y ait plus de problèmes de gouvernance. »
L’ÉQUIPE DE FRANCE FÉMININE
Renard : « Je l’avais dans un coin de la tête »
Hervé Renard (sélectionneur de l’Équipe de France féminine) : « J'ai un regard sur le football féminin depuis 2014 à travers les grandes compétitions, les équipes françaises, comme l’Olympique Lyonnais, qui ont régné pendant longtemps en Coupe d’Europe et les matches de l’Équipe de France. J’avais dans un coin de la tête l’idée de participer à une grande compétition avec les Bleues. J’en avais parlé à quelques proches, ça avait pu les surprendre mais pour moi, c’est une question de challenge. Dans mon métier, il n’y a rien de meilleur que de vivre des compétitions plutôt que de longues phases de qualification. On est servi car la Coupe du monde arrive vite (du 20 juillet au 20 août 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande) et dans un an, se profilent les Jeux Olympiques de Paris. Il y a un groupe de qualité et tous ensemble on est capable de faire de belles choses. »
Hervé Renard avec Laurent Bonadéi (à gauche) et David Ducci (photo Antonio MESA / FFF).
L’ATTITUDE DES JOUEUSES
« L’important, c’est d’aller de l’avant »
Hervé Renard : « J’ai suivi l’actualité. La FFF m’a remis une liste de joueuses présélectionnées, une liste très vaste où figuraient toutes les joueuses. J’ai donc estimé que la Fédération me donnait le feu vert pour sélectionner qui je voulais. Je n’étais pas là avant, j’étais encore en fonction il y a une semaine. Ce qu’il s’est passé avant, je ne le regarde pas, je me focalise sur le présent et le futur. Les avis sont partagés mais l’important, c’est d’aller vers l’avant. On peut rendre hommage à Corinne Diacre qui a obtenu de très bons résultats avec cette Équipe de France féminine. C’est une page qui se tourne. Vous êtes nombreux aujourd’hui, j’espère que vous le resterez, cela passera par nos résultats et la dynamique de la FFF notamment concernant le projet de structuration et de développement du football féminin de haut niveau. »
UNE LISTE ÉLARGIE
« Voir, discuter et connaître le ressenti »
Hervé Renard : « La première démarche de mon travail a surtout été d'appeler les blessées, parce qu'il me paraît important de leur faire savoir que je les considère et que j'ai hâte qu'elles reviennent au plus vite. Celles qui seront dans la première liste n'auront pas besoin de message, elles sauront que je leur fais confiance. La liste pour la Coupe du monde sera composée de vingt-trois joueuses, c’est donc important d’avoir établi une liste un peu plus large en tenant compte des forfaits de dernière minute, notamment celui de Kadidiatou Diani, hier soir (blessure à l'épaule droite lors du match de Ligue des champions du Paris SG contre le Chelsea FC), malheureusement. Ceci afin de voir les joueuses, pas seulement à travers des images ou les matches de championnat, de discuter et connaître le ressenti. Ensuite, il y aura des places à gagner. C’est une liste équilibrée. Ce n’est pas une liste fermée, il pourra y avoir d’autres joueuses. Il y a du talent, de la jeunesse et de l’expérience, un mix qui peut permettre à ce groupe de réaliser de belles choses. »
La première liste d'Hervé Renard
LE CAPITANAT
« Si on a un état d’esprit remarquable… »
Hervé Renard : « J’ai toujours pour habitude de prévenir les intéressées avant d’en parler à la presse. J’aurai une discussion avec Wendie Renard, je vais prendre le pouls de ce groupe car ce sera une découverte. J’ai hâte. Il y a énormément de qualités, de dynamisme pour faire de très belles choses. Le staff et moi sommes très motivés. On peut réussir de grandes choses en football si on est unis, si on a un état d’esprit remarquable, donc c’est ce sur quoi je vais m’attacher. »
Eugénie Le Sommer, ici lors du Mondial 2019, va retrouver l'Équipe de France et Wendie Renard (photo Baptiste FERNANDEZ / ICON SPORT).
LE RETOUR DE LE SOMMER
« On a besoin de son expérience »
Hervé Renard : « Mon message est très clair : Eugénie a une expérience incomparable. Quand on gagne huit fois la Ligue des champions avec son club, on a performé au haut niveau. Il y a beaucoup de joueuses étrangères à Lyon, la concurrence est rude, avec notamment la meilleure avant-centre du football européen ou mondial. Elle est capable d’évoluer dans différents registres et de se substituer comme un joker de luxe. On a besoin de son expérience et de son intelligence de jeu car je la trouve intelligente dans ses déplacements sur le terrain. J’ai été ravie de discuter avec elle et j’ai hâte de la retrouver à Clairefontaine. Comme on dit : Welcome back ! Léa Le Garrec ? Pour Léa, c’est un peu différent. J’ai été impressionné par son activité. Il y a des choses à redire, il faut se contrôler un peu plus par moments. Elle évolue dans cette équipe de Fleury comme un leader, l’Équipe de France, c’est autre chose. Elle a les qualités, il y a de la concurrence, il faut qu’elle nous montre ce qu’elle sait faire. Elle a une carte à jouer. »
LA SITUATION D’HENRY
« Susceptible d’être présélectionnée »
Hervé Renard : « J’ai aussi appelé Amandine pour voir comment elle allait et connaître son état d’esprit même si, actuellement, elle est blessée. J’ai été rassurée sur ce point : elle est en phase de reprise et devrait participer à la fin du championnat de D1 Arkema. Elle fait partie des joueuses susceptibles d’être présélectionnées pour cette Coupe du monde. Il faudra, avec du travail, prouver qu’elles ont leur place dans un groupe de vingt-trois joueuses. »
LA CONVALESCENCE DE KATOTO
« Je compte sur elle »
Hervé Renard : « Marie-Antoinette est une joueuse importante de cette Équipe de France, mon souhait le plus cher est qu’elle soit présente avec nous lors de cette Coupe du monde. On est six mois après son opération. Malheureusement, avec l’élimination des clubs français en Ligue des champions, il y aura du repos pour chacune à l’issue de la saison qui s’achèvera le 27 mai. Je vais la rencontrer dans les prochains jours. Je lui passerai le message que je compte énormément sur elle comme tout ce groupe. »
L'attaquante Marie-Antoinette Katoto avant sa blessure lors de l'Euro 2021 (photo Jonathan MOSCROP / SPORTIMAGE / ICON SPORT).
SON PROJET DE JEU
« La vitesse est une caractéristique importante »
Hervé Renard : « La vitesse est une caractéristique importante dans le football moderne, un milieu de terrain avec de jeunes joueuses pour apporter du dynamisme et être conquérantes à l’image de ce qu’ont pu faire les équipes françaises hier soir avec un pressing assez haut… Il faudra aussi être efficaces. Aujourd’hui, nous avons deux avant-centres manquantes, cela va nous permettre de voir autre chose en espérant qu’elles reviennent le plus rapidement possible. »
LE MANAGEMENT
« J’ai quatre filles et un peu d’expérience ! »
Hervé Renard : « On ne se comporte certainement pas de la même façon avec un groupe féminin qu’avec un groupe masculin. J’ai quatre filles à la maison, la plus âgée a 34 ans, j’ai donc un peu d’expérience (il sourit) ! Je pense qu’il faut un peu plus de communication, d’explications, de tolérance parfois mais aussi de dureté dans d’autres moments. On va devoir créer un groupe uni, on est ensemble, pas divisé. On doit y aller par petites touches afin de découvrir chacune d’entre elles. Dans mon métier, c’est ce que j’aime le plus. »
(*) Laurent Bonadéi, Éric Blahic, David Ducci comme entraîneurs adjoints, Gilles Fouache qui reste entraîneur des gardiennes et Thomas Pavillon en tant que nouveau préparateur physique épaulé d’une assistante dans l’identité sera communiquée prochainement.