D1 ARKEMA 

Laurent Mortel : « Un groupe qui a envie de se surpasser »

mercredi 24 avril 2024 - 08:23 - Claire GAILLARD
Laurent Mortel

L’entraîneur de Saint-Étienne évoque la remontada de son équipe, promue de D2, 6ème de D1 et invitée surprise de la course à la 4ème place avant la 21ème et avant-dernière journée mercredi (18h30, en multiplex sur Canal+ Foot).

« Vous comptabilisez 28 points alors que vous en comptiez 4 après les neuf premières journées. Imaginiez-vous un tel retournement de situation possible ? 
Très honnêtement, non ! On savait qu’on avait un calendrier très compliqué, un effectif qui sortait de la D2 et une transition à opérer. On a toujours dit que notre championnat allait se jouer à cinq avec Dijon, Guingamp, Lille et Bordeaux, soit huit matches. On était dans l’obligation de performer sur ces rencontres-là. Au fur et à mesure de la saison, on s’est mis à prendre des points. On en a 28 et j’espère que ce n’est pas fini ! Ce total doit permettre au club de regarder l’avenir, d’avoir un peu plus d’ambitions tout en se donnant les moyens.

Comment ce scénario s’est-il construit ? 
Il y avait des signes avant-coureurs de notre capacité à réaliser de bonnes choses. On a fait 1-1 contre Montpellier (le 30 septembre) avec un déroulement assez cruel puisque le but adverse n’aurait pas dû être accepté. Derrière, on perd 0-1 face au PSG à la maison (le 6 octobre). Il y a aussi cette défaite étriquée contre Fleury (1-2, le 4 novembre) à cause d’erreurs de notre part. Dans le contenu, ça laissait présager qu’on était capables de faire quelque chose. Cela a pris forme. On a tendance à dire que le mercato a joué son rôle, ce n’est pas faux mais pas uniquement car il n’y a eu que deux recrues qui sont titulaires ou jouent régulièrement : Morgane Belkhiter et Amandine Pierre-Louis. C’est un ensemble de choses qui a permis ce redressement entre les arrivées qui ont rééquilibré un côté droit défectueux, l’éclosion de jeunes joueuses comme Chloé Tapia ou Faustine Bataillard et l’affirmation d’autres par exemple Solène Champagnac, Cindy Caputo ou Maryne Gignoux-Soulier qui fait le job depuis le début de saison, même si on prend trop de buts. On en a pris beaucoup parce qu’on a accepté de jouer, ça a été notre ligne de conduite à savoir ne jamais évoluer à cinq derrière, ne jamais proposer un bloc bas. On a un projet de jeu basé sur une récupération bloc médian pour enchaîner sur une attaque rapide.

Il semble aussi y avoir eu un tournant avec les deux victoires d’affilée engrangées lors des 10ème et 11ème journées contre Guingamp (2-1) puis à Bordeaux (4-1)…
Je pense que la victoire à Lille (2-1, le 18 novembre) alors qu’on était menées nous a fait du bien et ensuite, l’un des virages, c’est Guingamp. Cela correspond au premier match où j’étais suspendu, cela a été vécu comme une injustice par le groupe et ça a décuplé sa motivation.


La célébration des Stéphanoises lors de leur succès sur la pelouse du Paris FC (photo Daniel DERAJINSKI / ICON SPORT).

Quelles sont les forces de votre groupe ? 
Quand on est monté de D2, on s’est posé la question de savoir ce qu’on allait faire avec les 10-12 joueuses qui ont été très utilisées et nous ont permis de décrocher cette accession. On a fait le choix de les conserver et d’aller en chercher d’autres pour parfaire l’effectif. Après 7 ou 8 journées, on s’est rendu compte qu’on avait été un peu trop optimiste et que notre niveau allait être trop juste. Lorsqu’on monte, il ne faut pas avoir peur de changer l’effectif et d’y ajouter des joueuses expérimentées en D1 ou à potentiel. L’inversion de vestiaire en décembre, c’est un peu ça, avec l’avènement de ‘So’ Champagnac devenue capitaine, sa complicité avec Amandine Pierre-Louis, de par sa jovialité, son sourire permanent, et Alex Lamontagne, les trois ex de Rodez qui se connaissaient très bien. Le groupe a montré beaucoup de caractère, une capacité à se dire les choses et à basculer en mode performance.

« J’ai demandé aux joueuses de s’appuyer sur l’exemple de (Selma) Bacha. Quand vous jouez contre elle et qu’il y a un duel, elle y va avec beaucoup d’agressivité mais dans le respect de la règle et elle enquille. Nous, on est gentilles. »

 

Avez-vous le sentiment d’avoir frappé fort vendredi dernier en l’emportant sur la pelouse du Paris FC (1-0), troisième ? 
Je pense que c’est un véritable exploit car le PFC est l’une des meilleures équipes de D1 Arkema. J’ai un profond respect pour le travail entrepris par Sandrine Soubeyrand dans la forme de jeu proposé. Ce ne sont pas des joueuses qui mesurent 1,90m, ce sont des athlètes avec un football à base de mobilité, qui posent de vrais problèmes. Peut-être qu’elles sont un tout petit peu moins bien ces derniers temps mais je pense que ce qu’elle a été capable d’opérer est une véritable leçon dans ce championnat. Notre saison était aboutie avec le maintien, et, sans présager de ce qui se passera contre Montpellier ou Lille, elle l’est d’autant plus avec cette dernière victoire au PFC. On ne nous l’enlèvera pas et cela doit donner de l’ambition au club. Si demain on veut exister, il faut faire le diagnostic de ce qu’il nous manque afin d’éviter de jouer la peur au ventre. Chaque saison, les promus sont en difficulté et le niveau du championnat ne cesse d’augmenter, ce qui donne un peu plus d’envergure à la performance réalisée. On a beaucoup travaillé avec mes adjoints, avec la préparation physique, avec les joueuses… C’est la récompense d’un projet collectif.

Avez-vous constaté ces progrès au quotidien ? 
Tous les jours à l’entraînement, depuis de nombreuses semaines, je vois l’évolution, les compensations, les équilibres, les couvertures, tout doucement la montée en duel. J’ai demandé aux joueuses de s’appuyer sur l’exemple de (Selma) Bacha. Quand vous jouez contre elle et qu’il y a un duel, elle y va avec beaucoup d’agressivité mais dans le respect de la règle et elle enquille. Nous, on est gentilles. Je leur ai dit qu’on pouvait apprendre de notre match face à Lyon, au Paris FC… J’ai un groupe réceptif, à l’écoute et qui a envie de surpasser. C’est aussi la raison pour laquelle on performe aujourd’hui.

« Montpellier a le devoir de réagir pour sa dernière sortie à la maison (…) Je m’attends à un adversaire un peu blessé et à une réaction »

 

À deux journées de la fin, dans quel état d’esprit abordez-vous ce dernier virage où vous vous retrouvez à 3 points de la 4ème place, qualificative pour les play-offs ? 
Tout le monde nous en parle mais on n’est pas maîtres de notre destin. ll faut déjà se satisfaire de ce qui a été réalisé. On est à 3 points. Cela signifie qu’on peut obtenir des résultats mais tant que nos adversaires ne font pas de faux pas, on restera sur la marche actuelle. On est 6e et peu importe ce qui se passera, la 7e place nous est acquise. Si on nous avait dit ça en début de saison, on aurait signé ! Maintenant si les autres ne veulent pas avancer, on ne va pas se poser de questions. Il reste deux matches qu’on va jouer avec beaucoup de générosité et de discipline. Un bel adversaire nous attend, Montpellier qu’on connaît bien, avec une ferveur particulière pour certains d’entre nous car nous sommes originaires de là-bas, puis il y aura la réception de Lille. On a un peu le rôle d’arbitre car Montpellier peut encore finir 4ème et Lille peut encore se maintenir mais nous, on va jouer pour prendre des points sans s’occuper des autres. On peut terminer 7e, 6e, 5e ou 4e, on essaiera de finir au mieux. Si c’est la 7e place, ça restera une très belle saison.


Laurent Mortel délivre ses consignes à Morgane Belkhiter (photo Romain BIARD / ICON SPORT).

Quelles seront les clés face à Montpellier (7e, 26 pts) ? 
Notre état de fraîcheur car on va enchaîner notre 3ème match en 11 jours. L’équipe que va nous proposer Montpellier avec les suspensions de Marion (Torrent) et d’Océane (Deslandes), deux joueuses clés, et leur système de jeu. Quelle va être l’approche du MHSC ? La nôtre sera dans la continuité de ce qu’on a montré au Paris FC : jouer sans retenue, exploiter les transitions autant que l’on peut. Montpellier a des joueuses qui peuvent nous faire mal dans notre dos avec leur rapidité comme Nérilla Mondésir, Faustine Robert, Sh'nia Gordon des joueuses athlétiques, et l’expérience derrière avec Maëlle Lakrar, Kethna Louis très puissante à gauche… Pour moi, c’est un effectif qui n’est pas à sa place, Montpellier a le devoir de réagir pour sa dernière sortie à la maison car son classement n’est pas en adéquation avec le projet initial et les moyens donnés par le club. Je m’attends à un adversaire un peu blessé et à une réaction. »  

La course à la quatrième place :

Stade de Reims (4e, 31 pts)

  • Va au Dijon FCO (J21)
  • Reçoit le Paris-SG (J22)

FC Fleury 91 (5e, 30 pts)

  • Va au Havre AC (J21)
  • Reçoit le Montpellier HSC (J22)

AS Saint-Étienne (6e, 28 pts)

  • Va au Montpellier HSC (J21)
  • Reçoit le LOSC Lille (J22)

Montpellier HSC (7e, 26 pts)

  • Reçoit l’AS Saint-Étienne (J21)
  • Va au FC Fleury 91 (J22)

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