Peggy Provost : « Réussir le premier match » 

L'équipe de France U17 féminine fait son entrée dans l'Euro 2023, en Estonie, en affrontant la Suède, ce dimanche 14 mai (16h00). Ambitieuse pour son groupe, la sélectionneure nationale (deuxième à gauche sur notre photo) attend avec impatience ce premier rendez-vous.

« Dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques heures des premiers pas de votre équipe dans ce championnat d'Europe ?
Atteindre ce tour final était l’objectif de la sélection cette saison et celui de la FFF. Le groupe vit bien et s’est bien préparé. On a peaufiné les derniers détails à Clairefontaine avant de rejoindre l’Estonie. La dynamique est bonne. Trois matches nous attendent au sein d’un groupe qui me semble homogène. Nos trois adversaires (Angleterre, Pologne, Suède) sont autant de nations qui travaillent bien en termes de football féminin. On a pu observer leurs caractéristiques grâce à la vidéo. Il faudra finir à l’une des deux premières places pour accéder aux demi-finales. 

Quelle est votre ambition pour cette compétition ? 
On aborde évidemment cet Euro pour le gagner, c’est notre ambition. Mais la priorité, c’est de réussir le premier match. On est d’abord focus sur la Suède. Cela va conditionner la suite, on espère pouvoir enchaîner, développer notre projet de jeu. J’ai vingt joueuses à ma disposition, qui vont découvrir une phase finale à fort enjeu. L’idée est de pouvoir toutes les utiliser, en fonction de leurs qualités et celles de nos adversaires, dans un objectif aussi et surtout, ne l’oublions pas, de formation. Le mental et la gestion des émotions seront des éléments clés.  

Le mental et la gestion des émotions seront des éléments clés. 

 

La Suède est donc votre premier adversaire, dimanche (16h00, UEFAtv). Qu'en savez-vous ?
Cette équipe est très forte sur le plan athlétique, elle est capable de faire un pressing haut pour tenter d’étouffer l’autre mais aussi de fermer le jeu avec un jeu bas. Les Suédoises sont très rigoureuses sur le plan tactique et le respect des consignes, très engagées physiquement mais aussi très techniques et solides mentalement. Bref, elles disposent d’un peu toutes les armes pour exploiter vos faiblesses et contrer vos forces. On a donc travaillé nos repères défensifs et offensifs pour aborder ce premier match avec le projet de jeu qui correspond.

Vous affronterez ensuite la Pologne, mercredi prochain (12h00, UEFAtv). Votre avis sur cette équipe ? 
La Pologne semble disposer d’une bonne génération, notamment composée de beaucoup de joueuses qui ont déjà disputé l’Euro la saison dernière. Elle bénéficie donc de cette expérience, associée aux qualités des nouvelles. C’est un jeu assez proche du modèle et du style allemand, je dirais, athlétiquement engagé, tactiquement rigoureux. On s'en méfie. 

L'Angleterre, en clôture de votre groupe, samedi 20 mai (12h00, UEFAtv), semble s'annoncer comme un concurrent redoutable.
Avec l’Angleterre on est d’abord sur un bloc très fort défensivement, une équipe qui ne concède que très peu de buts. Elle n’en a encaissé que deux en six matches de qualification.  Elle ensuite la capacité de jouer long, de manière directe et précise pour des attaquantes rapides, techniques, habiles devant le but (vingt-six buts marqués). En fait, on retrouve les caractéristiques de l’équipe A, avec aussi la possibilité de faire la différence sur des coups de pied arrêtés. 

Disposez-vous de toutes vos forces pour disputer cette phase finale ?
Par rapport au tour Élite, on a dû faire face aux forfaits de trois titulaires, Clara Bertrand et Anaïs Eybaiylin, deux milieux récupérateurs, et Valeryane Policnik, habituellement dans le couloir gauche. Mais il faut savoir s’adapter et nous avons un groupe suffisamment étoffé pour y remédier et pour conserver nos repères défensifs et offensifs, aussi bien individuellement que collectivement.

On peut marquer l’histoire mais c’est aussi leur propre histoire que les filles ont la possibilité de marquer.

 

Comment votre sélection a-t-elle évolué au fil de cette saison ? Comment la jugez-vous aujourd'hui ?
Le groupe a montré une belle progression dans tous les domaines. À chaque rassemblement, les filles ont montré qu’elles étaient capables d’être complémentaires et solidaires, d’être bien ensemble, de faire les efforts les unes pour les autres. Elles ont adhéré au projet de jeu et se sont fédérées autour, en montrant de la créativité. Le groupe est homogène, tout le monde peut jouer. Avec le staff, nous avons pu affiner et ajuster nos choix sportifs en fonction des profils, des points forts des unes et des autres, entre celles qui démarrent et celles qui vont sortir du banc au bon moment pour impacter l’équipe et être décisives. Cette force collective mise au service de la construction du groupe est un atout sur lequel nous pouvons nous appuyer.   

Ce titre européen U17 féminin manque encore au palmarès tricolore. Vous pouvez être les premières à le décrocher ! 
On peut marquer l’histoire, en effet, mais c’est aussi leur propre histoire que les filles ont la possibilité de marquer. Elles l’ont créée et faite vivre tout au long de l’année. On les accompagne et on les prépare à être performantes, à gagner des matches et des titres majeurs d’une manière générale, aujourd’hui en jeunes et demain en A. L’ambition de gagner cet Euro est forcément là, maintenant il faut la démontrer sur le terrain, étape par étape, en commençant par la Suède. C’est très plaisant et enthousiasmant d’être là, de pouvoir jouer des matches de haut niveau. Il y a huit bonnes nations en lice, alors que la meilleure gagne ! »