ÉQUIPE DE FRANCE FUTSAL

Abdessamad Mohammed : « On franchit encore un palier »

dimanche 14 avril 2024 - 15:09 - RÉDACTION
Abdessamad Mohammed

Le capitaine et meilleur buteur de l'histoire des Bleus revient sur la performance historique face au Brésil et se projette sur le rendez-vous contre la Lituanie, lundi (18h30).

Après son succès historique face à la meilleure nation mondiale le Brésil (3-2), l’Équipe de France affronte la Lituanie (80e) ce lundi à Jonava (18h30 en direct sur Sport en France) avant de défier l’Ukraine mardi. Avec un nouvel objectif inédit : enchaîner une neuvième victoire d'affilée et une envie de continuer de repousser ses limites avec ambition et humilité à l’image de son capitaine et recordman de buts inscrits en bleu Abdessamad Mohammed (97 sélections, 72 buts).

« Avec un peu de recul, que retenez-vous de cette victoire historique contre le Brésil ?
On s’est endormi avec encore de l’adrénaline samedi soir. On a eu un peu de mal à trouver le sommeil bien que ce ne soit qu’un match de préparation à la Coupe du monde (du 14 septembre au 6 octobre en Ouzbékistan). On ressent un sentiment de fierté aujourd’hui mais aussi un espoir un peu accentué quant à notre préparation. C’est un bonheur de battre une nation avec un tel palmarès. On a surtout la sensation de franchir encore une étape. Je ne veux pas non plus qu’on s’enflamme mais le fait de passer un cap face une nation majeure du Top 10 n’est pas anodin. On avait déjà battu certaines équipes (Italie, Ukraine) mais le Brésil, c’est le Brésil. On peut toujours dire qu’il leur manquait certains joueurs mais nous on y est pour rien, on a pris le match par le bon bout. On ne va pas minimiser notre performance.

Comment avez-vous construit ce succès ?
Si on parle déjà de l’état d’esprit du groupe et de la préparation du match, je trouve que l’on a bien fait les choses, qu’on a été préparés parfaitement par le staff, avec les différents outils qui nous ont été donné. Tout ce que chacun a mis dans le match nous a permis d’être au niveau pour pouvoir espérer faire un résultat. On a battu le Brésil grâce à notre collectif. On sait que les Brésiliens sont les meilleurs joueurs du monde intrinsèquement mais face à un collectif très, très fort comme le nôtre, ils se sont un peu cassé les dents. Nous, on a réussi à faire front tous ensemble. On n'a jamais douté. On était venu là pour chercher des points d’amélioration. Le but qu’ils ont marqué en première période ne nous a pas fait douter. On est bien entré dans le match. On a eu des occasions avant l’ouverture du score. On savait qu’on était dangereux.

Brésil-France dans l'objectif

Jouer le Brésil, c’est toujours un événement, battre le Brésil, c’est un événement. À quel point la dimension historique est-elle importante ?
Elle l’est. France - Brésil, dans n’importe quel sport ça évoque des choses. Ce n’est pas une rivalité mais ça reste un classique, un classique du football et on avait à cœur de transposer un peu ça au Futsal. Le Brésil, c’est l’Équipe avec un grand E. Une énorme équipe, historique, qui a gagné cinq Coupes du monde. Il y a des Brésiliens dans tous les championnats du monde, c’est le principal pourvoyeur de joueurs sur la planète Futsal. Toute ma vie, j’ai joué avec des Brésiliens. Forcément ils nous disaient qu’on avait nos chances. Ils avaient vu juste. France - Brésil, c’est une affiche qui fait rêver tout le monde. Moi, j’ai grandi avec 1998, la finale de la Coupe du monde. Le France - Brésil de 2006 reste gravé également, et c’était d’ailleurs un peu le même style, un match serré et par nos qualités de joueurs français, on a réussi à gagner. Depuis samedi soir, j’ai reçu plein d’appels de personnes qui ne sont pas de grands suiveurs du Futsal mais le fait de voir France - Brésil, ça attire. On espère avoir fait notre travail d’attirer le maximum de monde derrière notre équipe car elle mérite tout le soutien possible.


Face au Brésil, Abdessamad Mohammed a signé un doublé (photo Charles LÉGER / FFF). 

Ce premier succès face au Brésil constitue-t-il le meilleur souvenir de vos 97 sélections jusqu’à présent en Équipe de France ?
Forcément ce match gardera une place très, très haute. Personnellement, il y a quelques années je voulais jouer contre le Brésil au moins une fois avant la fin de ma carrière. J’ai commencé en Équipe de France il y a plus de dix ans et la seule confrontation avec le Brésil, j’avais 9 ans. Donc je voulais jouer contre le Brésil au moins une fois dans ma vie avant d’arrêter. On a perdu contre eux il y a 2 ans à Toulon (2-3). J’avais vraiment très envie de les rejouer en ayant appris de nos erreurs. Après, cela reste un match de préparation, donc je placerai quand même les matches de barrages pour l’Euro 2018, la qualification pour la Coupe du monde en décembre dernier. Mais oui symboliquement et pour le palier supplémentaire que ce match nous fait franchir, il gardera une place très importante.

Depuis ce match à Toulon perdu 2-3, sur quels aspects l’Équipe de France a progressé pour en arriver au résultat de samedi ?
On l’était déjà à l’époque mais je trouve qu’on est devenu vraiment redoutables sur nos actions de transition. C’est l'un des axes fort de notre projet de jeu. On a senti que chaque action non terminée par les Brésiliens, ils se prenaient des vagues derrière. Au début, ils assuraient bien les replis défensifs mais à l’usure on a réussi à les fatiguer. Ensuite, notre équipe a progressé dans sa confiance. On a confiance en nos qualités, on n’a peur de personne. C’est un sentiment qui n’a cessé de croître depuis deux ans, au gré de nos résultats (match nul en Serbie et au Maroc, victoire en Croatie…). On a aussi des joueurs qui, depuis deux ans, se sont étoffés athlétiquement, qui se sont pris en charge au niveau de l’entraînement invisible. Ces aspects-là ont une incidence directe sur nos performances. On a des joueurs qui évoluent à l’étranger. Mamadou (Touré) par exemple joue désormais régulièrement avec le Barça et nous apporte de plus en plus. C’est un joueur qui a pris deux ans d’âge, pour ne parler que de lui, avec la maturité que cela induit. On a une grosse concurrence au niveau des pivots avec Arthur (Tchaptchet) qui joue en Croatie. Les trois autres pivots étaient présents sur les demi-finales de la Coupe Nationale Futsal. On est une douzaine à jouer les premiers rôles dans le championnat de France, ce qui n’était pas le cas il y a deux ans. Le coach (Raphaël Reynaud) aussi continue de grandir avec nous. Il ajuste le projet de jeu avec le staff. Au final, c’est un cercle vertueux depuis deux ans et on commence à en récolter les fruits. 

« On a très envie de gagner tous les matches qui se présentent à nous. Maintenant il faut respecter le Futsal, il faut respecter l’histoire de ce sport. Oui, on est ambitieux, oui, on n’a peur de personne mais on ne peut pas, pour notre première participation, dire qu’on sera favori même si on a battu le Brésil... »

 

Cette victoire change-t-elle vos ambitions pour la Coupe du monde qui sera, rappelons-le, votre première ?
Pour être très honnête, cela nous donne un surplus de confiance, un surplus d’ambition. De motivation aussi. On a beaucoup plus confiance en nous. Je trouve que notre équipe a toujours été au niveau contre les grosses nations. En revanche, on a pu voir que face à des équipes de notre niveau ou a priori moins fortes que nous, on a un peu plus de mal à manœuvrer même si on gagne les matches, ça c’est une chose, mais on manque encore un peu de maîtrise. Cette victoire contre le Brésil nous permet de nous dire que l’on peut gagner ce genre de matches. On en est capable et on le prouve. Maintenant, il va falloir progresser encore dans notre animation de jeu. On a encore beaucoup de choses à améliorer. C’est cet aspect qui me surprend le plus avec notre équipe : on a une marge de progression et quand on parvient à se qualifier pour la Coupe du monde, cela nous paraît presque ne pas être un événement parce que c’est mérité, préparé, assumé depuis le début. Et notre marge de progression est encore grande, c’est ça que j’aime le plus. On fait encore plein d’erreurs mais on arrive a gagner en compensant avec de l’énergie, avec notre état d’esprit, avec des principes tactiques, avec des choix, des partis pris qui sont clairs, qui sont les nôtres. Contre le Brésil, on a pu voir qu’on fait encore des erreurs, dans certaines phases de jeu mais on est dangereux quand même et on gagne. C’est ce qui me donne le plus d’espoirs pour la suite. On est très ambitieux. On a très envie de gagner tous les matches qui se présentent à nous. Maintenant il faut respecter le Futsal, il faut respecter l’histoire de ce sport. Oui, on est ambitieux, oui, on n’a peur de personne mais on ne peut pas, pour notre première participation, dire qu’on sera favori même si on a battu le Brésil parce que ce n’est pas vrai et qu’on est très bien dans notre rôle d’outsider.


La joie des Bleus samedi après leur succès face au Brésil (photo Charles LÉGER / FFF).

Comment on aborde un match contre la Lituanie (80ème) quarante-huit heures après avoir battu les numéros 1 mondiaux ?
Dans le prolongement de ce que je viens de dire, j’espère que l’on va prendre ce match contre la Lituanie par le bon bout. On ne va pas avoir la tête qui va tripler de volume parce qu’on a battu le Brésil. Autant sur certains rassemblements, c’est difficile de dire dans quel état d’esprit va se trouver le groupe autant depuis le début de ce stage, avec l’approche de la liste également, personne n’aura la mauvaise idée de prendre ce match à la légère et de se dire que l’on va gagner facilement. Je trouve qu’on est dans le bon état d’esprit depuis le début.

En cas de victoire, l’Équipe de France enchaînerait un neuvième succès pour la première fois de son histoire…
Nous on s’est trouvés un nouveau crédo, c’est le fait d’être imbattables. On est en plein dedans. Après si ca arrive ça arrive…  Comme disait André Vanderleï (son ancien entraîneur à l’Étoile Lavalloise) : ''On travaille pour rendre la défaite impossible.'' Nous on fera tout pour gagner, pour donner le meilleur de nous-mêmes. Si tout le monde est concentré généralement, et on l’a encore prouvé face au Brésil, on finit par gagner. »

La liste des joueurs retenus

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