AS Ginglin Cesson, en terrain engagé

Le club breton de l'AS Ginglin Cesson multiplie les initiatives en faveur du « mieux vivre ensemble », un rôle éducatif revendiqué et présenté par son président Guy Le Coz.

 DES PLANCHES À LA CHARTE 
« Tous les éducateurs et catégories d’âge associés »

Le théâtre est entré à l’AS Ginglin Cesson par l’intermédiaire de Pierrick Le Noane, retraité de l’Éducation nationale et romancier mais aussi ancien joueur du club et, un temps, partenaire du président en foot loisir. À l’occasion des 75 ans de l’ASGC, sa compagnie artistique Le Huit a joué en juin 2022 sur la pelouse du stade de l’Europe sa création Douze sonneries dans le vide, narrant la déchéance d’un champion de boxe. « Ce collègue et ami a ensuite proposé cette activité théâtre avec, en bouquet final, sa présentation à l’assemblée générale où Pierrick a résumé l’ensemble et fait participer tout le club », raconte Guy Le Coz.

Deux mois plus tard, Pierrick Le Noane prenait une licence de dirigeant avec la tâche de superviser les actions sociales, éducatives et d’insertion du club et de mettre en place des ateliers pour les 13 à 18 ans, sous différentes formes élaborées avec les éducateurs (improvisation, danse, théâtre, écriture…). Dans ce cadre, « une charte du bien vivre ensemble a d'abord été rédigée par les gens du club, explique son président. Tous les éducateurs et toutes les catégories d’âge ont été associés et invités à travailler sur un paperboard sur ce qui est autorisé, obligatoire, toléré et interdit. Quand quelque chose ne tourne pas rond, on s’y réfère toujours aujourd’hui ». 

Un atelier de rédaction de la charte du club (photo AS Ginglin Cesson).

 DE LA LAÏCITÉ À L’ENVIRONNEMENT 
« Un tournoi avec des équipes mêlant policiers et jeunes »

Ces fondations posées, un véritable pôle consacré aux actions éducatives, sociales et culturelles s’est structuré. Avec des réalisations concrètes dans de multiples domaines : formation aux valeurs de la République, laïcité, lutte contre le harcèlement et les addictions, aide aux devoirs, accompagnement vers la formation ou l’emploi, protection de l’environnement… Les U9-U11 puis les U12-U13 ont ainsi été sensibilisés au harcèlement et à ses conséquences, tandis que les féminines de catégories d’âge supérieures l’ont été à la laïcité, avec des questionnements sur la loi de 1905 et les religions.

En janvier dernier, un brigadier-chef de la Police nationale est intervenu auprès des U14 à U16 sur la sécurité routière et les addictions, abordant notamment la législation sur l’utilisation des deux-roues, la conduite accompagnée et ses avantages, les drogues, l’alcool et les substances dopantes. « On va compléter cette intervention par un tournoi avec des équipes mélangeant les forces de police aux joueurs U16 à U18 de chez nous, annonce Guy Le Coz. Il y aura une rencontre de football sur le terrain avant un échange au foyer entre les policiers et les jeunes ».

Les joueuses et joueurs U11 ont aussi reçu cette saison une initiation aux aliments bons pour la santé à travers un goûter, inaugurant une nouvelle pratique baptisée « collation des champions ». Ils ont également participé quelques semaines plus tard à une découverte du tri, en collaboration avec le service déchets de Saint-Brieuc Agglomération. Au programme : diaporama pour la partie théorique, jeux sur le terrain mêlant exercices de football et tri des déchets, et visite du centre local de traitement des eaux.

Un exercice des U11 combinant football et sensibilisation au tri des déchets (photo AS Ginglin Cesson).

 CONVIVIALITÉ ET ACCUEIL 
« Un beau mélange crée un bel équilibre »

Cet éclectisme dans les thèmes abordés est défendu par le président. « On les a adaptés aux sensibilités de nos éducateurs et aux catégories d’âge qui nous paraissent les plus concernées, car il faut des relais pour porter les actions sur le terrain. Si l’éducateur ne dit pas aux joueurs de venir au foyer à telle heure, ils n’y seront pas. Il faut également adapter les thématiques aux problématiques rencontrées par le club, qui vont intéresser nos licenciés et nos partenaires, publics comme privés, parce que l’on ne peut rien faire tout seul. Il est très important d’identifier les gens qui vont vous aider en faisant vivre le bénévolat, par la convivialité, pour qu’ils se sentent bien et reconnus. Enfin, il faut être motivé : si on ne l’est pas, mieux vaut ne rien faire ».  

Dans ce club de quartier de 450 licenciés filles et garçons où vingt-six nationalités sont représentées, Guy Le Coz se réjouit que « cela cohabite bien, cela fait partie de mes satisfactions. Il y a des cultures différentes mais à partir du moment où chacun se sent respecté et bien chez nous, dans le respect de la laïcité mais aussi des religions et des cultures... Ce beau mélange avec toutes les personnes qui contribuent à bien accueillir crée un bel équilibre qui fonctionne bien. On n’a finalement pas beaucoup de problèmes dans ce domaine et dans bien d’autres, je pense notamment grâce à ces actions. Et puis, certains viennent aussi chez nous parce qu’ils savent qu’à Ginglin, ils seront bien accueillis ».

Un atelier de dessins des plus petits à la découverte des origines (photo AS Ginglin Cesson).

 ANCRÉ DANS SON QUARTIER 
« Tenter d’améliorer l’éducation de nos enfants »  

« On a une très bonne image, reconnaît Guy Le Coz. À la fois des pouvoirs publics et de nos partenaires, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils nous soutiennent. Les parents le savent et ceux que l’on voit le plus souvent au club, c’est-à-dire ceux qui suivent leurs gosses, mettent leur voiture à disposition, viennent au foyer après les matches, trouvent toutes ces actions très bien. Je suis revenu à la présidence parce que j’ai trouvé que le travail effectué et les problématiques abordées par ce club étaient plus intéressantes que dans d’autres. Des gens de la commune où j’habite et d’autres alentours me disent d’ailleurs : "Vous faites ce qu’il faut faire pour les jeunes, je vais mettre mon gosse à Ginglin la saison prochaine". Alors, on n’a pas que des succès mais on ne peut en tout cas pas être déconnecté du quartier dans lequel on est ».

Cet ancrage dans la ville et ces initiatives sont entièrement revendiqués par le dirigeant. « Notre société est comme cela aujourd’hui, il faut s’appuyer sur les structures de quartier pour essayer d’améliorer l’éducation de nos enfants et les remettre dans le droit chemin lorsqu’ils ont tendance à en dévier. Cela peut être un club de foot, une maison des jeunes ou toute autre association. Il y a par exemple chez nous le centre social Unv'sti avec lequel on s’entend bien et avec qui on a réalisé du foot de rue en juillet dernier. On a renouvelé cette saison ces petits tournois de quartier avec la deuxième édition de ce S3 Tour, en présence de champions du monde de la discipline. C’est notre rôle et je suis convaincu que l’on fait un bon boulot, même si ce n’est pas toujours facile. Il faut sans arrêt être vigilant ».

Des jeunes du club avec Pierrick Le Noane (photo AS Ginglin Cesson).