RC Lemasson, construire par l’éducation
Dans un quartier prioritaire de la ville de Montpellier, le Racing Club Lemasson œuvre pour le soutien scolaire et professionnel de ses licencié(e)s avec l’appui des parents et du réseau associatif local.
Les belles réussites du football amateur
Suite de la série où la Fédération met à l’honneur les initiatives et actions engagées par ses clubs partout en France. De quartier ou ruraux, avec plus ou moins de licencié(e)s mais avec toujours la même passion des pratiquant(e)s, éducateur(trice)s et dirigeant(e)s, de tous âges et générations.
Première étape : Les Enfants de la Goutte-d'Or (Ligue de Paris Île-de-France)
Deuxième étape : RC Lemasson Montpellier (Ligue d’Occitanie)
Depuis dix ans, le RC Lemasson accompagne des jeunes de 6 à 25 ans de son quartier de Montpellier (District de l'Hérault). Partie du soutien scolaire, son action s’est étendue à l’approfondissement des savoir-faire et savoir-être dans tous les domaines, et à un soutien à la recherche de stages en entreprise et à l’insertion professionnelle, en lien avec les parents et avec l’appui d’étudiants ingénieurs et d’une association de retraités. Cette démarche a été couronnée la saison dernière par le Grand prix des Trophées Philippe-Séguin (catégorie « Éducation et citoyenneté »). Sébastien Croce, son président, l'évoque.
LE COUP D’ENVOI
« Être en continuité éducative »
« L’idée de départ était de recevoir des publics en se positionnant en continuité éducative. Au-delà de l'apprentissage du football, on a trouvé intéressant de pouvoir poursuivre les apprentissages de l’école et d’être en relais avec les familles pour former des footballeurs mais aussi des citoyen(ne)s. L'idée a prospéré et a augmenté en ces périodes de Covid. »
SUR LE TERRAIN
« D’abord de la bienveillance »
« Notre action est différenciée sur deux types de public : les primaires d’un côté, les collégiens et lycéens d’un autre. Nous jouissons d’un foyer pour accueillir les enfants. Ils peuvent venir avant ou après l’entraînement, passer un moment et discuter de ce qu’ils ont fait à l’école dans la journée, discerner certaines situations difficiles et faire leurs devoirs, tout en trouvant des apprentissages transversaux avec le football par rapport à l’école. C’est important pour eux car cela les met en confiance. Ils se sentent reconnus car le fil directeur de notre action est d’abord la bienveillance. »
Le foyer du club créé en septembre 2020. Un « atelier numérique » a été ouvert trois mois plus tard (photo Fondaction du Football).
DES PARTENAIRES INDISPENSABLES
« Savoir pousser nos murs »
« La continuité éducative ne se fait pas en un claquement de doigts. Il faut des acteurs, des éducateurs et, surtout, des gens ancrés dans le quartier qui interviennent. Le club est un lieu de vie où il y a beaucoup d’inter-complémentarités. Pouvoir l’ouvrir à d’autres bénévoles qui ne font pas forcément du foot – comme des retraités ou des étudiants dans notre cas – permet de « se métisser » et de les mobiliser sur nos actions. Il faut savoir pousser nos murs, participer à la vie du quartier, s’allier avec d’autres associations. C’est comme cela que la mayonnaise prend et que l’on arrive à faire aboutir de bons projets. »
RETENUS PAR DIDIER DESCHAMPS
« Sourire des enfants, récompense des bénévoles »
« Être lauréat des Trophées Philippe-Séguin a d’abord été une immense fierté pour nos bénévoles, nos enfants, pratiquant(e)s, licencié(e)s… Entendre de la bouche de Didier Deschamps le nom de leur club de quartier, si petit, du fin fond d’un QPV de Montpellier, a été une joie incommensurable : voir le sourire des enfants, savourer cette récompense pour les bénévoles qui se disent alors qu’ils ne font pas les choses pour rien, que l’on a des résultats… Cela nous a aussi aidés financièrement, ce n’est pas négligeable. On a ainsi pu poursuivre nos projets sur le foyer, sur l’aide apportée en affûtant nos fournitures scolaires et sur le sportif. »
Des étudiants de l’EPF Montpellier participent au soutien scolaire, comme des retraités de l’association Comider (photo Fondaction du Football).
L’APRÈS-MATCH
« Valoriser nos actions »
« Le football est un excellent vecteur d’éducation et de citoyenneté mais il ne faut pas oublier que l’on fait avant tout du foot. On ne doit pas se positionner comme l’école après l’école. On n’est pas des sachants, seulement des gens bienveillants qui essaient de tirer un fil à travers ce sport. Le seul conseil à donner est : ''N’hésitez pas, n’ayez pas peur, ne soyez pas terrifiés par l’ampleur des dossiers à remplir.'' Enfin, il est important de faire savoir ce que l’on réalise et de valoriser auprès de nos publics et de nos bénévoles les actions menées. »
Patrick Pion : « Un lien éducatif et d’intégration »
Patrick Pion (directeur technique national-adjoint de la FFF) : « Le football porte des valeurs éducatives depuis toujours. Il est partout, accessible à toutes les générations et l’on peut s’appuyer sur lui pour ce lien éducatif afin de faciliter intégration et « vivre ensemble ». La continuité éducative entre club, école et famille est très importante. On voit parfois surgir l’image du football s’opposant à l’école, des parents disant : ''Si tu ne travailles pas bien, tu n’iras pas au foot !'' C’est tout le contraire ! On peut être en difficulté scolaire et meilleur en foot, et inversement. C’est là que peuvent être révélées les capacités du moment des enfants, ouvrant sur leurs potentiels. Chaque club peut démarrer humblement, organiser sur un petit créneau dans un petit local… Cette alchimie réussit et apporte un crédit supplémentaire vis-à-vis de la vie locale, des joueurs et des familles. »
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Patrick Braouezec : « Footballeurs citoyen(ne)s »
Patrick Braouezec (président du Fondaction du Football) : « On ne mesure pas assez que les clubs sont le troisième lieu d’éducation et d'apprentissage à la citoyenneté, après la famille et l’école. C’est aussi là que l’on va se socialiser, apprendre des règles et s’ouvrir aux autres. Les trophées mettent en exergue tout le travail des clubs amateurs afin que ces jeunes ne soient pas simplement des footballeurs à qui l’on aura appris à taper dans le ballon mais aussi à lire, écrire, compter et devenir des citoyen(ne)s à part entière. Dans toutes les dimensions : culturelles, de solidarité, de connaissances, d’apprentissage des risques du numérique… C’est d’ailleurs ce que le Fondaction et la FFF mettent en œuvre dans de nombreux clubs grâce au programme d’accompagnement scolaire Puissance Foot. »
