AS Bidache FC, le foot valeur refuge
Le club du Pays basque accueille depuis deux ans cinq réfugiés d’Afrique, en s’engageant avec eux bien au-delà des terrains.
Les belles réussites du football amateur
Suite de la série par laquelle la Fédération met à l’honneur les initiatives et actions engagées par ses clubs partout en France. De quartier ou ruraux, avec plus ou moins de licencié(e)s mais avec toujours la même passion des pratiquants, éducateurs et dirigeants, de tous âges et générations.
Première étape : Les Enfants de la Goutte-d'Or (Ligue de Paris Île-de-France)
Deuxième étape : RC Lemasson (Ligue d’Occitanie)
Troisième étape : GF Gesté-Tillières (Ligue des Pays de la Loire)
Quatrième étape : AS Bidache FC (Ligue Nouvelle-Aquitaine)
À la croisée du Béarn, des Landes et du Pays basque en terre « charnégoue* », le village rural de Bidache (1 400 habitants) s’est retrouvé au centre de la carte du football grâce à son club. Reflet d’un lieu de passage, d’accueil et de mixité, l’AS Bidache FC (District des Pyrénées-Atlantiques) œuvre depuis deux ans à l’intégration d’une demi-douzaine de réfugiés, une action qui lui a valu le Grand Prix 2021 des Trophées Philippe-Séguin du Fondaction du Football (catégorie « Solidarité et inclusion »). Mickaël Augustin, son président depuis deux ans et demi, raconte une démarche qu’il juge « naturelle ».
*En gascon (xarnegu en basque), désigne le mélange des cultures, lieux et habitants basques et gascons propre à cette région.
L’APPEL DU TERRAIN
« Tout a démarré très naturellement »
« Nous avons une activité footballistique tous les jours et on a vu débarquer un soir d’août 2020 deux "migrants" – même si je n’aime pas ce terme, trop péjoratif – de 16 et 26 ans. Ils venaient pour savoir si on accepterait de les prendre pour jouer au foot. Ils ont participé à un entraînement, puis deux, trois, quatre… On a discuté, sympathisé et, de fil en aiguille, on les a intégrés au club. Une association leur venait en aide pour leur trouver un logement qui s’est avéré finalement relativement grand. Trois autres les ont alors rejoints, avec des profils et des parcours de vies similaires et douloureux sans être originaires des mêmes pays d’Afrique, et les ont suivis au club. Tout a démarré ainsi, très naturellement. »
DU BALLON À L’EXTRA-SPORTIF
« Un élan de solidarité »
« Au départ, ils pouvaient bénéficier de repas normaux en semaine à leur internat. Mais quand le deuxième confinement est arrivé en octobre, ils se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. C’est devenu plus compliqué car ils n’avaient pas de véhicule ni forcément les moyens d’acheter à manger même si, comme étudiants, ils avaient un revenu social mais très faible. Un élan de solidarité s’est alors créé pour leur amener des denrées, des vêtements pour ne pas avoir froid car ils sont logés dans un ancien moulin, assez humide. Là encore, cela s’est fait naturellement, sur le volontariat, le club a participé aux courses régulièrement. Bidache est au Pays basque mais en pays "charnégou" et tout cela correspond parfaitement aux valeurs des gens qui y habitent. »
DE JOUEURS À ÉDUCATEURS
« Ils se sont pris au jeu »
« Ils respirent le football, c’est vraiment leur passion. Au fil du temps, on leur a demandé s’ils voulaient aussi venir pour encadrer les plus jeunes. On a monté un rassemblement en avril 2021, au sortir du confinement. Cela n’avait jamais été organisé au club, on nous a pris pour des fous ! On a mis en place toutes les mesures sanitaires préconisées à l’époque, on a réuni quarante-cinq gamins et cela s’est super bien passé. Cela leur a plu, ils se sont pris au jeu et ils ont poursuivi dans cette voie. C’était un peu compliqué cette année de les envoyer en formation mais il est prévu de le faire afin qu’ils puissent passer leur diplôme la saison prochaine. »
Entraînement des jeunes du club (photo AS Bidache FC).
LA SUITE DES PARCOURS
« Qu’ils volent de leurs propres ailes »
« Le plus âgé, qui n’était pas scolarisé, avait trouvé du travail dans des exploitations agricoles du coin. Il est aujourd’hui en Allemagne, parti rejoindre d’autres membres de sa famille. Les quatre autres suivent des études et la suite logique serait qu’ils deviennent autonomes. On n’a pas vocation à en faire davantage, si ce n’est éventuellement les aider par nos relations. On est là, présents à un moment donné de leur parcours pour qu’ils puissent voler de leurs propres ailes, ici ou ailleurs. On veut leur bonheur, on ne cherche à garder personne. On souhaite qu’ils réussissent leur vie là où ils penseront que cela sera le mieux pour eux. »
Mickaël Augustin entouré de deux des cinq réfugiés qui ont intégré le club (photo AS Bidache FC).
À L’HEURE DU BILAN
« Mettre en avant les valeurs humaines »
« Il n’y a pas de petites ou de grandes actions, toutes celles que les gens pensent être bonnes, ils doivent les réaliser sans arrière-pensée. Si l’on se retrouvait dans une situation compliquée, on aimerait bien avoir une main tendue. Le football doit aussi servir à cela. C’est un sport collectif qui doit mettre en avant les valeurs humaines. D’ailleurs, en compétition, le facteur humain fait souvent la différence. À notre niveau amateur, on se doit de proposer tout le temps du football pour tous, quels que soient sa religion, son origine, son physique… On se doit d’accueillir tout le monde, surtout dans des endroits comme le nôtre, une terre de rugby. Je ne pense pas que le futur Mbappé sortira de Bidache, même si Didier Deschamps vient bien de Bayonne [rires]. Mais à défaut de trouver de futures pépites, si on arrive à sortir des gamins et des hommes bien dans leurs crampons, l’objectif sera atteint. On n’est pas là pour autre chose que de se retrouver à passer un bon moment autour d’une valeur commune qui est le football, tout simplement. »
DÉCOUVREZ L’AS BIDACHE FC EN VIDÉO :
Revoir le webinaire sur la solidarité et l’inclusion
En savoir plus