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Ludivine Quédinet : « Devenir présidente, c’est naturel »

jeudi 4 mai 2023 - 18:30 - Richard LOYANT
Ludivine Quédinet et Gino Bonnueil

Élue à 38 ans le 29 avril dernier à la tête de celle de Saint-Pierre-et-Miquelon, Ludivine Quédinet retrace le parcours qui l’a conduit à devenir la première femme à présider une ligue de football.

Comment êtes-vous arrivée au football ?
« J’ai commencé très jeune, mon père jouait au football et était membre du comité directeur de l’ASIA Foot, dont mon grand-oncle Louis était le président (également président de la Ligue de Saint-Pierre-et-Miquelon dans les années 1980-1990). J’habitais à tout juste cent mètres du stade et ma priorité, quand j’étais petite, était d’aller avec mon père aux entraînements. Et si je pouvais participer une trentaine de minutes à la fin, j’étais super-contente. Dès que j’en ai eu l’âge, je me suis inscrite et j’ai depuis toujours joué dans ce club. Adolescente, j’ai commencé à épauler les entraîneurs bénévolement pendant les séances et cela m’a aussi beaucoup plu. Avant de partir aux études, j’ai trouvé un petit job d’été chaque saison à l’ASIA et j’ai appris ainsi tous les rouages de la gestion d’un club. 

À droite, enfant sous le maillot de l’ASIA Foot pour un tournoi en mixité au Canada (photo DR).

Comment êtes-vous passée de joueuse à dirigeante ?
Dans la continuation de ces jobs d’été, je suis entrée au Comité directeur à la suite de mes six années d’études en Master 2 de gestion du sport. Mais je n’en ai pas du tout fait mon métier : j’ai passé des concours dans l’administration pour devenir fonctionnaire avec, en parallèle, la volonté de poursuivre dans ma passion du football. Mon grand-oncle m’a épaulée et montré les différentes facettes. Il est tombé malade et j’ai progressivement commencé à prendre le relais sur divers sujets, en collaboration avec l’équipe de l’époque. L’ASIA est un gros club à l’échelle de l’archipel, avec maintenant trois-cents adhérents sur les quelque huit-cents que compte la ligue et jusqu’à sept employés. On est aussi propriétaires de nos infrastructures et j’ai donc pris l’habitude de monter des dossiers pour les différents travaux à réaliser. Tout s’est enchaîné petit à petit, jusqu’à devenir présidente en 2011.

C’était une envie profonde ?
Ce n’était pas dans mes objectifs, c’est arrivé à la suite du décès, hélas, de mon prédécesseur. Je me suis lancée car il avait donné toute sa vie pour faire progresser le club et je voulais absolument que son travail perdure. Je me suis investie à fond dans la rénovation des infrastructures, la progression du football notamment chez les jeunes et les féminines, une politique historique du club. En tant que présidente de l’ASIA, je suis automatiquement entrée au Comité directeur de la ligue, avant d’en être élue vice-présidente. Quand le président Gino Bonnieul (photo principale, avec elle le jour de l'éection) a annoncé il y a quelques mois qu’il souhaitait démissionner, il n'y avait pas de candidat pour lui succéder. En tant que première vice-présidente, ses tâches allaient m’incomber et cela m’a poussé à me présenter, afin de les assumer en ayant la légitimité de l’élection. Elles vont être lourdes, avec aussi le club à continuer à faire tourner. La saison en extérieur démarre en mai avant d’enchaîner sur celle en salle en octobre, les occupations ne vont donc pas manquer.

En 2018 à Clairefontaine avec Antoine Griezmann (photo DR). 

Comment conciliez-vous vies de famille, professionnelle, de présidente et de sportive ? 
J’ai toujours joué au football en parallèle jusqu’à ma blessure aux croisés au tout début de la Covid, avec complications. Je suis donc malheureusement davantage éloignée des terrains depuis maintenant trois ans et cela a libéré une partie de mon temps. Je me suis mise à la course à pied et au vélo, que l’on essaie de pratiquer en famille quand on le peut, pour passer du temps ensemble et continuer à avoir une activité sportive. Le reste est une question d’organisation entre les parties associative et professionnelle, avec la chance d’avoir un métier le permettant au niveau des horaires, par exemple en venant plus tôt le matin pour finir plus tôt le soir. Ce n’est pas forcément évident mais on arrive à concilier l’ensemble. 

Être la première présidente d’une ligue régionale de football est une fierté particulière ou finalement très normal ?
On me parle effectivement beaucoup du fait que je sois une femme mais pour moi, c’est un peu anecdotique. C’est naturel car je n’ai jamais vraiment senti à Saint-Pierre, que ce soit dans la direction du club ou dans la pratique, une différence entre les hommes et les femmes. On a tous notre place et on est tous complémentaires. Je fais aussi partie du Club des cent femmes dirigeantes mis en place par la Fédération, où j’ai appris beaucoup de choses. Ces retours et partages d’expérience sont très enrichissants, m’ont aussi permis d’apprendre et de pouvoir occuper ce poste aujourd’hui. Mais en côtoyant les collègues de métropole, je sais que ce n’est pas le cas partout. Alors oui, je suis une femme présidente et j’espère qu’il y en aura bientôt d’autres. Si mon exemple peut en aider à se faire une place... »

Aux côtés de Mélise Rodot, de la Ligue Bourgogne Franche-Comté, toutes deux membres du Club des cent femmes dirigeantes de la FFF (photo DR).

Ludivine Quédinet en bref

  • Née le : 8 décembre 1984 à Saint-Pierre (Saint-Pierre-et-Miquelon).
  • Profession : fonctionnaire préfectorale.
  • Parcours de dirigeante : présidente de l’ASIA Foot (depuis 2011), première vice-présidente (2017-2023) puis présidente (depuis le 29 avril 2023) de la Ligue de Saint-Pierre-et-Miquelon.
  • Palmarès sportif individuel : championne d’Europe et du monde de judo vétéran 2018, vice-championne du monde 2019.
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