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22 mai 1983, des juniors en or

vendredi 22 mai 2020 - 09:00 - Claire Gaillard-Philippe Mayen
Sélections nationales

Trente-quatre ans après leur premier titre, en 1949, les juniors français sont sacrés champions d'Europe lors de l'Euro 1983, en Angleterre.

Toutes les victoires sont belles, mais certaines revêtent une saveur particulière. Parce qu'elles ont été longtemps attendues. Ou parce qu'elles récompensent de nombreuses années de travail. Souvent les deux. La victoire de l'équipe de France Juniors (moins de 18 ans) au championnat d'Europe de sa catégorie en Angleterre, le 22 mai 1983, est de celle-là.

Elle survient ainsi trente-quatre ans après la première, obtenue au printemps 1949, précédemment évoquée dans cette "rétro" du football français. Elle met un terme à une longue traversée du désert et efface une série d'échecs, en particulier deux finales perdues en 1950 (défaite 2-3 contre l'Autriche) et 1968 (défaite 1-2 contre la Tchécoslovaquie, à Cannes). Mais aussi sept éliminations en demi-finales (1957, 1958, 1967, 1970, 1976, 1979, 1981), avec pour maigre consolation deux troisièmes places (1958, 1981).

Ce titre apparaît également comme le fruit des efforts accomplis depuis l'orée des années 1970 en faveur de la détection et de la formation des jeunes, déployés par la FFF et sa Direction technique nationale (DTN) imaginée par Georges Boulogne, Jacky Braun et autres Gaby Robert. "S'il est une couronne qui va à la perfection au football français, c'est bien celle qu'il vient de ramener d'outre-Manche", écrit à ce propos Philippe Tournon, chef de presse de la FFF, dans les colonnes de France Football officiel.

Cette couronne semble aussi aller à la perfection à cette équipe de France Juniors construite au fil des mois par Jacky Braun et son adjoint Christian Fétis. Elle est alors décrite comme "ardente et vaillante, conquérante et généreuse, solidaire et inlassable". Son parcours (voir ci-dessous) en témoigne, depuis son premier match éliminatoire en février jusqu'à la finale du 22 mai : cinq succès, un nul, une défaite, 11 buts marqués, 5 encaissés.

Stéphane Paille, le Sochalien, grand artisan de ce titre européen, auteur de sept buts en sept matches (ici contre le Portugal).

Après s'être difficilement défait du Portugal (1-2, 1-0) pour s'ouvrir les portes du 36e championnat d'Europe (seize engagés), Laurent Fournier, le capitaine, et ses coéquipiers en franchissent le premier tour, dominant la Finlande (3-1), la Belgique (3-1) et la République d'Irlande (1-1) dans leur groupe. Ils écartent ensuite en demi-finale (1-0) une équipe d'Italie où pointe un jeune attaquant nommé Roberto Mancini. Ils enlèvent enfin la finale, disputée sur la pelouse des Spurs de Tottenham, à Londres, en s'imposant contre la Tchécoslovaquie (1-0) grâce à un but marqué par Bertrand Reuzeau, le défenseur du Stade Lavallois, dès la 7e minute de jeu.

Dans les tribunes de White Hart Lane, Fernand Sastre, le président de la FFF, et Michel Hidalgo, le sélectionneur national, savourent pleinement le moment. "À l’heure actuelle, l’Équipe de France A est respectée dans le monde entier, et cela me fait particulièrement plaisir de savoir que derrière, la relève est prête", confie Michel Hidalgo.

Le Sochalien Stéphane Paille (disparu le 27 juin 2017) symbolise notamment cette génération en or pour laquelle le patron des Bleus envisage un bel avenir. Avec sept buts à son actif, dont cinq en phase finale, le jeune attaquant de 17 ans a tenu un rôle essentiel dans la conquête de ce titre européen. Il deviendra international A trois ans plus tard et sera un élément important du trophée européen des Espoirs en 1988 (avec Bertrand Reuzeau).

Ces dix-sept champions d'Europe connaîtront tous un destin de joueur professionnel (le Bordelais Laurent Fourrier succombera à un cancer à l'âge de 22 ans) sur leur lancée de cette belle victoire du 22 mai 1983. Depuis, les U18 ou U19 tricolores ont remporté à six autres reprises cet Euro (1996, 1997, 2000, 2005, 2010, 2016) ...

Le parcours des Juniors

- Match de qualification (aller/retour) :
26-01-1983 (Faro) : Portugal-France 2-1 (Semedo, 22e, Chico Faria, 45e s.p. ; Paille, 10e).
23-02-1983 (Martigues) : France-Portugal 1-0 (Paille, 53e s.p.).

- Euro (1er tour, groupe D) :
13-05-1983 (Huddersfield/Leeds Road) : France-Finlande 3-1 (Guion 3e, 65e, Paille 27e ; Lins, 52e).
15-05-1983 (Nottingham/City Ground) : France-Belgique 3-1 (Paille 27e, 46e, Prissette 57e ; Bosman, 72e).
17-05-1983 (Leeds/Elland Road) : France-République d'Irlande 1-1 (Paille, 14e ; Mooney 49e).

- Euro (demi-finale) :
20-05-1983 (Chelsea, Stamford Bridge) : France-Italie 1-0 (Paille, 42e).

- Euro (finale) :
22-05-1983 (Tottenham, White Hart Lane) : France-Tchécoslovaquie 1-0 (Reuzeau, 7e).

Les dix-sept champions d'Europe

La finale 

Le dimanche 22 mai 1983 à Londres (White Hart Lane)

France-Tchécoslovaquie : 1-0 (1-0)

Spectateurs : 4 593
Arbitre : M. Petrovic (Yougoslavie)
But : Reuzeau (7e)

France : Sabonnadière - Reuzeau, Prissette, Degrave, Hély - Ribar, Fournier (cap.), Fréchet puis Fernier (61e), Thomas - Paille, Guion puis Fourrier (68e). Entraîneur : Gaby Robert.
Tchécoslovaquie : Pribyl - Stas, Grussmann, Organik, Hornyak (cap.) - Kukleta puis Kollar (69e), Soucha, Balaz, Vrto puis Kabyl (41e) - Horvath, Skuhravy. Entraîneur : M. Kvacek.

Légende photo principale :
- 1er rang (de gauche à droite) : Hély, Degrave, Prissette, Paille, Reuzeau, Sabonnadière, Fournier.
- Accroupis : Fréchet, Ribar, Guion, Thomas.

22 MAI 2015, LES U17 DE NOUVEAU SUR LE TOIT DE L’EUROPE

Onze ans après son premier titre de championne d’Europe, l’Équipe de France U17, entraînée par Jean-Claude Giuntini, remet ça le 22 mai 2015, en Bulgarie. Au bout d’un parcours qui les aura vus battre l’Écosse, la Russie et la Grèce en phase de groupes, puis éliminer l’Italie en quarts (3-0) et la Belgique en demies à l’issue d’une séance de tirs au but irrespirable (1-1, 2-1 aux t.a.b.), les Français affrontent l’Allemagne. Jusqu’ici les Allemands n’ont encaissé aucun but mais leur invincibilité va voler en éclats. Déjà auteur de cinq réalisations en quatre matches et du tir au but qui a envoyé la France en finale, l’attaquant Odsonne Édouard réalise un triplé (40e, 47e, 70e). Le but contre son camp concédé par Gül sera anecdotique (80e + 3). Les Luca Zidane, Alec Georgen, Dayot Upamecano, Jeff Reine-Adelaïde, Jonathan Ikoné & Co sont sacrés champions d’Europe. Édouard, lui, termine meilleur buteur du tournoi dont il est aussi désigné meilleur joueur. "Ce titre témoigne une nouvelle fois de la qualité et de la richesse de la formation française", s’était réjoui le président de la FFF Noël Le Graët, présent à Burgas.

Leur parcours

GROUPE C
Écosse-France : 0-5 (N. Ikoné 18e et 20e, Edouard 25e, Boutobba 35e, M. Doucouré 47e)
Russie-France : 0-1 (Edouard 50e)
France-Grèce : 1-0 (Rambaud 80e+4)
Classement : 1. France, 9 pts (+ 7) ; 2. Russie, 4 pts (+ 1) ; 3. Grèce, 4 pts (0) ; 4. Écosse, 0 pt (- 8).
Quarts de finale : France-Italie : 3-0 (Édouard 5e et 72e, N. Ikoné 53e)
Demi-finales : Belgique-France : 1-1, 1-2 aux t.a.b. (Édouard 23e ; tirs au buts français réussis par Pélican et Édouard)
Finale : France-Allemagne : 4-1 (Édouard 40e, 47e, 70e ; Gül c.s.c. 80e+3)

Les champions d’Europe
Gardiens : Luca Zidane, Numan Bostan, Nicolas Kocik.
Défenseurs : Alec Georgen, Christ-Emmanuel Faitout Maouassa, Dayot Upamecano, Mamadou Doucouré, Issa Samba, Jean Ruiz, Bradley Danger.
Milieux : Timothé Cognat, Nicolas Janvier, Jean-Victor Makengo, Jeff Reine-Adelaïde, Lorenzo Callegari, Bilal Boutobba.
Attaquants : Odsonne Edouard, Jonathan Ikoné, Maxime Pélican, Jordan Rambaud.

 

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